Le Yukon a aussi l’obligation de protéger l’habitat du saumon quinnat, dit un expert

Le saumon quinnat quitte l’océan pour frayer dans la rivière. (NOAA/Enrique Patino)

Le nouvel accord entre le Canada et l’État de l’Alaska au sujet des saumons quinnats, dans le fleuve Yukon, affirme que les barrages hydroélectriques nuisent à l’espèce, une information qui devrait encourager le gouvernement territorial à être plus vigilant, croit un spécialiste.

«Ce sont des facteurs à prendre en compte, ici au Yukon», d’autant plus qu’il n’y a aucun barrage sur le fleuve du côté alaskien, souligne Tim Gerberding, président du Yukon Salmon, un sous-comité de l’organisation Yukon Fish and Wildlife Management Board, ajoutant que l’accord stipule notamment la restauration de l’habitat.

Selon lui, la protection de l’habitat dans le territoire laisse à désirer, particulièrement aux sites d’exploitation des placers.

Il remarque, également, que le gouvernement yukonnais tente de mettre la faute sur le fédéral, alors que la responsabilité de ce dernier ne s’applique que dans les zones riveraines. La responsabilité sur les terres du territoire, y compris celles en amont de l’endroit où les poissons se reproduisent, appartient au Yukon, rappelle le spécialiste.

«Nous n’allons pas restaurer l’habitat du saumon quinnat, ici, au Yukon, à moins que le gouvernement du Yukon n’accepte sa part de responsabilité dans le maintien de l’habitat du saumon», note-t-il.

La porte-parole du cabinet écrit dans un courriel que le gouvernement va explorer comment il peut appuyer la mise en place du nouvel accord.

«Nous sommes déterminés à travailler avec les Premières Nations du territoire et toutes les parties concernées afin d’encourager des actions durables en vue de sauvegarder le saumon», poursuit le courriel de la porte-parole Laura Seeley.

Accord bien reçu, mais des questions persistent

Nicole Tom, la cheffe de la nation Little Salmon Carmacks, croit que lorsque la nature souffre, les citoyens savent qu’il faut la laisser tranquille, raison pour laquelle elle considère l’accord comme convenable.

«Les connaissances et le droit traditionnels offrent toutes les solutions à ce qui se passe. On ne plaisante pas avec le poisson», dit la cheffe, ajoutant qu’elle a cependant des questions.

«Je pense que ce qui doit être clarifié est [qu’il] ne peut en [aucune façon] empiéter sur les droits de récolte [des citoyens de Little Salmon Carmacks] et sur les accords d’autonomie gouvernementale.»

Dans l’entente définitive de la Première Nation, le terme récolte inclut aussi la pêche.

Steve Gotch, directeur principal à Pêches et Océans Canada, rappelle que puisque l’accord international vise à favoriser le rétablissement du saumon quinnat dans le fleuve Yukon, il s’aligne avec les ententes définitives signées avec les Premières Nations du Yukon.

«Au cours des prochains mois, le gouvernement du Canada va rencontrer les Premières Nations du Yukon pour expliquer à quoi ressemblera la mise en œuvre de l’accord pour chacune d’entre elles», dit-il.

L’accord stipule qu’une pêche limitée du saumon quinnat à des fins cérémonielles pourrait avoir lieu, mais que cela dépendrait du volume de la montaison.

Selon M. Gotch, c’est la seule marge de manœuvre que l’accord offre, et même dans ce cas, elle n’est pas garantie, renforçant le sentiment que la situation est grave.

Il faudrait que la montaison des saumons quinnats, dans le fleuve Yukon, dépasse la nouvelle cible de 71 000 spécimens. Or, l’an dernier, environ 15 000 poissons ont traversé la frontière, bien en dessous de la cible de 45 000 qui avait été fixée.

«Il n’y a tout simplement pas assez de poissons pour répondre aux besoins, aux droits protégés par la Constitution.»

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