La pêche au saumon en Alaska nuirait à la préservation de sa population du Grand Nord canadien

Un nouveau rapport qui étudie l’impact de la pêche au large de l’Alaska de saumons qui se dirigent vers les rivières de la Colombie-Britannique inquiète des Premières Nations et des groupes de conservation, mais un porte-parole du gouvernement de l’Alaska dit que le rapport est biaisé. (Jonathan Hayward/La Presse canadienne)
De nombreux saumons en route vers la Colombie-Britannique pour se reproduire se font pêcher en Alaska, ce qui nuit aux efforts de reconstitution de leur population au Canada, dénoncent des défenseurs de l’espèce.

En 1985, le Canada et les États-Unis ont ratifié le Traité sur le saumon du Pacifique pour gérer la pêche transfrontalière de l’espèce. Cet accord n’a toutefois pas été mis en place en prenant en compte les changements climatiques et les stocks de poissons en crise, soutient Greg Knox, directeur général de l’organisme de conservation Skeena Wild Conservation Trust, basé à Terrace, en Colombie-Britannique.

« On ne peut pas protéger les saumons et reconstruire leur population sans un coup de main de l’Alaska, il n’y a pas de moyen », dit-il.

Le traité stipule que chacun des deux pays doit gérer l’exploitation de l’espèce dans ses eaux pour prévenir la surpêche et s’assurer que les retombées économiques soient équivalentes à la production de saumon dans leurs eaux respectives.

Toutefois, les stocks de saumons en baisse rendent cet équilibre difficile à respecter, selon Greg Knox, qui est également membre de la Commission du saumon du Pacifique pour le panel régional du nord de la Colombie-Britannique.

L’Alaska a un véritable « véto » dans le processus du traité, car les prises de décisions nécessitent un consensus entre la Colombie-Britannique et les États de Washington, de l’Oregon et de l’Alaska, explique Greg Taylor, conseiller en pêcherie pour la société Watershed Watch Salmon Society, qui a son siège en Colombie-Britannique.

Les lois de l’Alaska demandent le respect de certains objectifs de gestions de la population de saumon, notamment des cibles sur le nombre de saumons qui reviennent frayer dans leurs eaux. Ce n’est toutefois pas le cas pour les saumons qui reviennent dans les rivières de la Colombie-Britannique, dit Greg Taylor, qui a déjà été président du panel régional du nord de la province à la Commission du saumon du Pacifique.

650 000 saumons sockeye attrapés en Alaska

D’après Pêche et Océans Canada, les stocks de saumons en Colombie-Britannique déclinent à des niveaux historiques, à cause des changements climatiques, de la dégradation de leur habitat et de la pression des pêches.

Environ 60 % des pêcheries commerciales de saumon de la province ont été fermées en juin dernier dans le cadre d’une stratégie du gouvernement fédéral pour le rétablissement de l’espèce.

À mesure que les stocks diminuent, l’impact proportionnel de la pêche à la senne dans le sud-est de l’Alaska augmente, dit Greg Knox. Les différentes espèces migrent ensemble et se retrouvent dans ce type de grand filet, explique-t-il.

Des bateaux de pêche à la senne amarrés en Alaska. (Benoît Ferradini/Radio-Canada)

Des échantillons génétiques ont montré qu’environ 650 000 saumons sockeye de la province ont été attrapés dans le sud-est de l’Alaska l’an dernier, une estimation basée sur des données du comité technique du panel du nord de la province, selon lui.

Rien qu’une pêcherie à la senne de l’Alaska, connue sous le nom de District 104, a attrapé plus de 400 000 de ces saumons sockeye, dit-il. Elle opère sur la côte extérieure de l’Alaska, au nord de Haida Gwaii et intercepte la route de reproduction de nombreux saumons britanno-colombiens.

« On n’a en ce moment aucune idée de la quantité de ces poissons pêchés en Alaska, ce qui est un fossé énorme et nuit à notre habileté à respecter les principes établis par le traité », déclare Greg Knox.

Le Canada a commencé à fermer ses pêcheries au filet qui interceptaient les stocks américains dans les années 1990, selon lui. L’Alaska, de son côté, ne tient pas de rapport de pêches sur de nombreuses espèces, notamment du saumon du Pacifique qui s’en va vers la Colombie-Britannique, ajoute-t-il.

Enquête indépendante sollicitée

L’Association Southeast Alaska Seiners n’a pas répondu aux demandes de commentaires sur la pêche de saumons qui sont en direction de la Colombie-Britannique.

Greg Knox dit qu’il devrait y avoir une révision indépendante du Traité pour le saumon du Pacifique pour s’assurer que ses propres principes sont respectés et pour étudier des façons de les réformer. Le traité a été négocié pour la dernière fois en 2018 avec une prochaine révision prévue en 2028.

« On ne peut pas attendre six ans de plus pour que le traité tente de régler le problème », soutient Greg Knox. Le Canada a le droit de demander une rencontre d’urgence pour traiter des prises de l’Alaska, ajoute-t-il.

Les autorités du Canada et des États-Unis se rencontrent régulièrement pour discuter de la gestion des pêcheries dans le cadre du traité, assure Claire Teichman, secrétaire des médias de la ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, Joyce Murray.

La province continuera à travailler de concert avec divers gouvernements pour encourager la réduction des pêches accessoires dans la pêche au saumon, au flétan et au chalut en Alaska, a indiqué dans une déclaration le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation.

Avec les informations de La Presse canadienne

Radio-Canada

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