Le moratoire sur la pêche du saumon quinnat arrive trop tard, selon des Autochtones

Les stocks de saumons quinnats dans le fleuve Yukon inquiètent les observateurs depuis de nombreuses années. Ici, des saumons en fin de migration sont photographiés à la passe migratoire du barrage hydroélectrique de Whitehorse. (Radio-Canada/Claudiane Samson)

Lors de la dernière rencontre du Comité du fleuve Yukon (CFY), des participants ont émis des doutes sur le nouvel accord entre le Canada et l’État de l’Alaska. Il vise à augmenter la population du saumon quinnat en imposant un moratoire de sept ans.

Ce panel, composé de représentants américains et canadiens de divers domaines, en a discuté cette semaine à Anchorage avec des membres du public, notamment des communautés autochtones du Yukon et de l’Alaska.

Duane Aucoin, membre du conseil de la nation Teslin Tlingit au Yukon, a dit au panel qu’il regrettait qu’il ait fallu une chute spectaculaire de la population du saumon quinnat pour que les autorités prennent des mesures de conservation.

«Nous craignons qu’il soit un peu trop tard», a dit Duane Aucoin, ajoutant que «les politiques occidentales, la science occidentale nous ont aidés à nous enfoncer dans cette crise, dans ce gâchis. Les connaissances traditionnelles nous aideront à en sortir».

Une autre autochtone présente à la réunion a assuré, quant à elle, que le manque de saumon a des répercussions catastrophiques sur sa Première Nation et sur le Yukon.

«Nous devons les ramener dans leurs cours d’eau, où nos enfants pourront perpétuer nos traditions», dit Nika Silverfox-Young de la nation Little Salmon Camarcks au Yukon.

«Chaque poisson compte»

La clause de l’accord autorisant des récoltes à des fins de subsistance et cérémonielles, si le nombre de poissons augmente, a aussi suscité de nombreuses discussions durant la réunion.

Le coprésident canadien du CTY, Steve Gotch, a rappelé que l’accord permet des récoltes à ces fins sous réserve que plus de 71 000 saumons traversent la frontière.

«Est-ce que cela va répondre aux besoins des pratiques culturelles et traditionnelles [des Autochtones] de l’Alaska ou du Canada? Non, nous n’avons pas [assez] de poisson pour le moment. Mais nous voulons examiner et explorer les moyens [pour y arriver]», a ajouté de son côté le coprésident américain du comité, John Linderman.

Rhonda Pitka, l’une des membres du panel, doute de son côté que l’accord respecte les droits de pêche des Autochtones. «Je ne pense pas que cet accord protégera nos besoins», a dit la représentante de la nation Beaver en Alaska.

Pauline Frost, également membre du panel et cheffe de la nation Vuntut Gwitchin au Yukon, fait remarquer que cet accord n’atteindra ses objectifs que si toutes les communautés situées le long du fleuve y mettent de la bonne volonté.

«Nous devons gérer ces ressources de manière cohérente à partir de maintenant. Chaque poisson compte […], car dans sept ans, je ne veux pas me retrouver à cette table pour parler d’une espèce en danger.»

L’accord n’est pas encore mis en place. Les gouvernements du Canada et de l’Alaska affirment qu’au cours des prochains mois, ils travailleront, notamment avec les nations autochtones, pour préparer son entrée en vigueur.

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