L’Office d’habitation du Nunavik compte rénover massivement des logements

Près du quart des logements sociaux où habitent des Inuit ont besoin de rénovations importantes. (Photo d’archives/Radio-Canada/Félix Lebel)

L’Office d’habitation du Nunavik (OHN) accélère le rythme des rénovations de son parc immobilier grâce à des investissements sans précédent, car près du quart des unités d’habitation de la région ont besoin de rénovations importantes, selon des données de Statistique Canada.

L’organisme public, qui gère les logements de près de 98 % des résidents du Nunavik, prévoit investir 105 millions de dollars pour des travaux majeurs en 2024.

En 2023, 44 millions de dollars ont été investis dans les rénovations majeures de logements, comparativement à 38,5 millions en 2022.

Les investissements de cette année permettront de commencer le processus de rénovation de plus de 140 unités d’habitation, un record.

Pour arriver à ce résultat, il faudra toutefois que l’ensemble des appels d’offres trouvent preneur à un prix jugé raisonnable.

Il faudra aussi être patient avant la réalisation des travaux, puisque les matériaux nécessaires devront arriver par navire au cours de l’été.

«On réussit à vraiment maximiser nos budgets. On a une équipe stable, où tous les postes sont comblés, ce qui est utile pour la gestion des projets. Québec a aussi développé son programme de rénovation des habitations à loyer modique. Tout ça nous permet d’accroître l’effort», explique le directeur général de l’OHN, Marco Audet.

Marco Audet souhaite maximiser la réalisation de projets avec les budgets qui lui sont alloués. (Radio-Canada/Félix Lebel)

Ces travaux sont, pour l’instant, prévus principalement dans les communautés de Kuujjuaq, de Salluit, de Puvirnituq, de Kuujjuarapik et de Kangiqsualujjuaq.

Au total, 11 communautés vont aussi être touchées par des travaux de rénovation, mais de moindre envergure, comme le remplacement de fenêtres et du revêtement extérieur.

Des besoins importants

Cet argent arrive à point nommé. Selon les données du recensement fédéral de 2021, 23,7 % des logements du Nunavik, où habitent des Inuit, ont besoin de rénovations importantes.

L’écart s’explique en partie par le manque de main-d’œuvre, la complexité de la chaîne d’approvisionnement et les conditions météorologiques difficiles, selon Marco Audet. (Photo d’archives/Radio-Canada/Félix Lebel)

Cette proportion atteint à peine 6 % dans le reste du Québec, pour les résidents non autochtones.

Selon Marco Audet, il faut toutefois être prudent devant des chiffres qui ne tiennent pas compte du contexte particulier du Nunavik.

Il explique cet écart par un ralentissement important des activités de rénovation à cause de la pandémie de COVID-19, durant laquelle l’envoi de main-d’œuvre dans le Nord avait été restreint. Le transport de matériaux par navire pour les chantiers avait aussi été perturbé, ce qui avait ralenti la capacité de rénover les logements.

«C’est toujours un petit peu hasardeux de comparer l’ensemble du Québec avec ces données-là, qui datent de 2021. On était en pleine crise […]. La machine a été lente à repartir, et l’effet sur nos chaînes d’approvisionnement a été important», poursuit-il.

Tous les matériaux doivent arriver par navire, ce qui ralentit les mises en chantier dans la région. (Photo d’archives/Radio-Canada/Félix Lebel)

Par ailleurs, il faut aussi tenir compte des conditions météorologiques extrêmes de la région, qui dégradent plus rapidement les logements.

Réduire la pression

Avec les investissements de cette année, plusieurs unités inhabitables vont pouvoir retourner sur le marché locatif et ainsi réduire le manque de logements dans la région.

D’autres solutions pour réduire la pénurie sont toutefois à l’étude par l’OHN.

Selon une enquête externe commandée par l’organisme régional, 28 % des logements du Nunavik auraient des chambres inutilisées.

L’OHN espère réorganiser l’attribution des maisons pour accueillir des familles qui ont besoin de plus d’espace.

«Les gens vont s’attacher à leurs unités d’habitation, ce qui fait que, même si la taille de la famille réduit, et que les enfants quittent, les parents veulent rester. Ils disent : « Oui, mais ça fait 20 ans que j’habite cette maison-là, je ne veux pas changer! »», dit Marco Audet.

Ce dernier étudie la possibilité d’offrir quelques avantages aux locataires qui décident de déménager dans un espace plus petit. Il assure toutefois qu’il est inconcevable de forcer des personnes à déménager.

Marco Audet, qui va prendre sa retraite ce mois-ci après plusieurs années à la tête de l’OHN, est catégorique. Pour réduire le manque de logements, il faudra accélérer le rythme de construction dans la région, donc augmenter les investissements publics en ce sens.

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Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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