Les troupes américaines seront plus présentes dans le Grand Nord
Les troupes américaines passeront plus de temps à s’entraîner dans le Grand Nord, a déclaré le nouveau commandant du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (connu sous le sigle NORAD), une stratégie qui va de pair avec les ambitions canadiennes de défense de l’Arctique.
Le général américain Gregory Guillot a pris le commandement du NORAD en février. Sa première mission : une évaluation des capacités du NORAD sur 90 jours, qui comprend des visites au Canada.
Lors d’une escale à Ottawa à la mi-avril, M. Guillot a présenté ses plans pour s’assurer que le NORAD soit plus mobile dans le Nord et mieux équipé pour affronter son climat rude.
Du côté américain, [il y a] beaucoup de forces compétentes qui n’ont jamais été là-bas. Mon objectif est donc de les y amener s’entraîner, a-t-il expliqué en entrevue.
M. Guillot a dit que sa discussion avec le vice-amiral Bob Auchterlonie, commandant du Commandement des opérations interarmées du Canada, a été très éclairante pour comprendre quelles parties du vaste Nord canadien sont accessibles par route, par l’eau ou par la voie des airs.
Le défi dans l’Arctique, de mon point de vue, est de garantir notre liberté de mouvement, a-t-il affirmé.
L’Arctique est une zone particulièrement préoccupante pour le NORAD, responsable de défendre l’espace aérien nord-américain.
Cela est devenu clair en janvier 2023, lorsqu’un ballon de surveillance à haute altitude en provenance de Chine a été détecté dans l’espace aérien de l’Alaska. Au cours des jours suivants, le NORAD a suivi le ballon alors qu’il survolait le Canada et les États-Unis jusqu’au large des côtes de la Caroline du Sud, où il a été abattu par des avions de combat américains.
Des radars en développement
La découverte de plusieurs autres objets non identifiés survolant l’Amérique du Nord au début de l’année 2023 a conduit le NORAD à reconfigurer ses systèmes de détection comme mesure provisoire pendant que de nouveaux radars sont en préparation.
Le Canada et les États-Unis se sont engagés à créer un réseau de radars transhorizon pour l’Arctique. Du côté canadien, le système devrait être opérationnel d’ici 2028 et maximisé d’ici 2032.
Cet engagement fait partie d’un programme de modernisation du NORAD de 38,6 milliards de dollars sur 20 ans annoncé par le gouvernement libéral en 2022. Les projets comprennent également la construction d’aérodromes et de pistes d’atterrissage pour une flotte d’avions de combat F-35.
M. Guillot a affirmé qu’il souhaitait devancer ces échéances autant que possible. Il a poursuivi en disant que le NORAD cherchait au-delà du continent pour détecter des menaces au-dessus de l’Arctique.
Nous nous tournons désormais vers l’OTAN et d’autres groupes pour voir si nous pouvons construire un réseau pour avoir cette prise de conscience plus rapidement, a-t-il lancé. L’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN rend cela plus facile, reconnaît-il.
Des conversations difficiles sur les dépenses
Gregory Guillot a fait la une des journaux au Canada en juillet dernier après un échange qu’il a eu avec un sénateur républicain lors de ses audiences de confirmation.
Dan Sullivan a soulevé la question des dépenses du Canada au sein de l’OTAN, affirmant que le pays n’est même pas près de faire sa part et a demandé à M. Guillot s’il s’engagerait à avoir ces conversations difficiles avec les responsables canadiens une fois qu’il aurait pris le commandement. M. Guillot a dit qu’il le ferait.
Mais lorsqu’interrogé sur ces conversations, M. Guillot n’a pas tardé à souligner qu’il ne faisait que répondre à la question de M. Sullivan.
J’ai dit « oui » parce que je pense qu’avec tous nos partenaires, nous allons devoir avoir des discussions difficiles sur les ressources, les capacités et les priorités. Je ne visais pas uniquement le Canada ou un autre pays, a-t-il précisé.
Il a salué l’augmentation prévue des dépenses du gouvernement fédéral en défense – qui s’élève à 8,1 milliards de dollars au cours des prochaines années et 73 milliards de dollars supplémentaires sur 20 ans – et s’est dit très encouragé par la récente mise à jour de la politique de défense du pays.
Priorité sur la souveraineté de l’Arctique
Ce document, intitulé « Notre Nord, fort et libre », indique clairement que la souveraineté dans l’Arctique est une priorité urgente pour les Forces armées canadiennes.
Parmi les améliorations promises, on retrouve :
- une nouvelle station satellite terrestre dans l’Arctique;
- des centres de soutien opérationnel qui permettront une présence militaire dans le Nord toute l’année;
- des avions de surveillance;
- des véhicules tout-terrain capables de rouler sur la glace et dans la toundra.
M. Guillot n’a aucun doute que le Canada fait preuve du sérieux nécessaire en matière de défense.
Il compte présenter aux autorités canadiennes et américaines les résultats de son évaluation le mois prochain.