Les ours polaires de la baie d’Hudson pourraient disparaître à partir de 2030
Si rien n’est fait pour limiter le réchauffement du climat à 2 °C par rapport à l’époque préindustrielle, les ours polaires de la baie d’Hudson disparaîtront entre 2030 et 2060, conclut une nouvelle étude parue jeudi dans la revue Nature Communications.
L’augmentation des périodes sans glace en mer est directement liée à ce pronostic sombre.
L’animal a besoin de ce couvert de glace pour chasser le phoque et s’alimenter correctement.
En l’absence de banquise, alors qu’il est sur la terre ferme, l’ours blanc perd en moyenne un kilogramme de masse corporelle par jour, ce qui nuit à ses capacités reproductives.
Les auteurs de cette nouvelle étude, issus d’universités et de centres de recherche, ont donc analysé une vingtaine de modèles climatiques.
Le but était de prédire le seuil de réchauffement qui serait fatal pour la survie de l’ours dans la baie d’Hudson.
On a décidé de se concentrer sur la longueur des périodes sans glace en fonction des températures globales.
– Julienne Stoeve, professeure de l’Université du Manitoba
«Je crois que c’est important pour nous de comprendre l’impact de nos cibles de réchauffement, à 1,5 °C et même 2 °C, sur une espèce aussi importante que l’ours», dit la professeure Julienne Stoeve, de l’Université du Manitoba, qui est l’une des autrices principales de l’étude.
Un jeûne mortel
Les chercheurs ont ainsi divisé la baie d’Hudson en deux régions d’études distinctes.
Dans le sud de la baie, ils prédisent que l’ours pourrait disparaître à partir d’un réchauffement moyen de 1,6 °C.
À ce seuil, il est probable que cette zone soit exempte de glace de 172 à 182 jours par an, ce qui serait dramatique pour les capacités reproductives de l’ours.
Populations d’ours polaires de la baie d’Hudson
Un peu plus au nord, dans l’ouest de la baie d’Hudson, le déclin pourrait se faire ressentir plus lentement, car les glaces se forment plus tôt dans l’année.
L’ouest de la baie d’Hudson serait inhospitalier pour l’ours à partir d’un réchauffement moyen de 2,2 °C. Dans un tel cas, le nombre de jours sans banquise dans l’année oscillerait entre 180 et 200, ce qui serait aussi dramatique pour l’animal.
Déclin rapide
Le climat actuel s’est déjà réchauffé d’environ 1,2 °C par rapport à l’époque préindustrielle, et il est fort probable qu’on atteigne 1,5 °C d’ici 2030-2035, selon le plus récent rapport du GIEC.
À ce rythme-là, les chercheurs croient que les ours polaires pourraient disparaître progressivement du sud de la baie d’Hudson à partir de 2030, jusqu’au milieu de ce siècle.
La perte de l’animal serait tout à fait tragique pour les communautés de la région, puisque l’ours polaire a une grande importance culturelle.
Les auteurs de l’étude soulignent donc à gros traits l’importance pour les gouvernements de mettre en œuvre des mesures concrètes et rapides pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
«Ce rapport est plus détaillé et alarmant que les études précédentes, renforçant le fait que les ours polaires de la baie d’Hudson ne sont pas sur une bonne trajectoire, à moins que des mesures significatives d’atténuation des émissions soient prises», souligne le coauteur de l’étude, Geoff York, directeur principal de la recherche et des politiques à Polar Bears International.
Des signes déjà visibles
Les conséquences des changements climatiques sur les ours polaires se font déjà ressentir dans la région.
En 2021, des chercheurs ont estimé la population actuelle d’ours dans l’ouest de la baie d’Hudson à 618. C’est plus d’un quart de moins qu’en 2016, date du dernier recensement, dont l’estimation était de 842 ours.
Étant un des sous-groupes d’ours polaire les plus au sud de la planète, il est parmi les premiers à subir les conséquences du réchauffement climatique.
D’autres études soulignent, quant à elles, que l’animal pourrait disparaître complètement de l’Arctique d’ici la fin du siècle si la tendance du réchauffement se maintient.
Il existe actuellement quelque 25 000 ours polaires, répartis en 19 sous-populations distinctes au Canada, en Alaska, en Sibérie, dans l’archipel du Svalbard et au Groenland.
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