L’allaitement des jeunes ours polaires affecté par le climat, selon une étude

Selon l’étude, après trois mois loin de la mer, la probabilité que la femelle allaite était de 53 % et descendait à 35 % lorsque les oursons étaient âgés de plus d’un an. (iStock)

Une étude établit un lien entre la fonte des glaces arctiques sur une période de plus en plus longue en raison des changements climatiques et l’allaitement des jeunes ours polaires, rendu difficile par une période de jeûne extrême. 

La fonte des glaces en Arctique est une saison qui force les ours polaires à retraiter sur la terre ferme, loin de la mer, leur principal terrain de chasse au phoque, et entraîne une période de jeûne allant parfois jusqu’à plusieurs mois. 

Selon les chercheurs, les ours polaires passent en moyenne trois mois sur la terre ferme pendant la saison chaude. Les occasions de chasses étant particulièrement rares, il s’agit pour les animaux de réduire leur activité au maximum afin de conserver leurs ressources en gras jusqu’au retour de la glace et de la chasse. 

Pour les femelles avec des oursons, le facteur de l’allaitement rend la gestion des ressources d’énergie encore plus importante. Plus le jeûne est long, plus la probabilité de devoir prendre une décision difficile devient grande. La femelle devra choisir entre cesser ou ralentir l’allaitement, aux dépens de la santé et de la croissance de ses oursons, ou continuer et risquer sa propre santé à mesure que ses ressources s’épuisent. 

«Si rien n’est fait pour ralentir et freiner le réchauffement climatique, la santé des oursons pourrait être en jeu à travers l’Arctique», soutient l’étude. (iStock)

Se baser sur le passé pour évaluer le futur

L’étude du Département des sciences biologiques de l’Université de Toronto s’est penchée sur des échantillons de lait maternel d’ours polaires de l’ouest de la baie d’Hudson datant des années 1980 et 1990. Cela leur a permis d’évaluer la quantité de nutriments contenus dans le lait à mesure que la saison chaude (et le jeûne) progressait. 

«Nous avons estimé depuis combien de temps la femelle jeûnait en nous basant sur les données annuelles de fonte des glaces et nous avons trouvé que le contenu en énergie du lait déclinait à mesure que le nombre de jours passés sur la terre ferme augmentait», écrit la coautrice de l’étude Louise Archer. 

Elle explique que l’énergie contenue dans le lait et la probabilité que la femelle continue l’allaitement était reliée négativement à la condition physique de l’animal. «Cela signifie que les ours en moins bonne santé ont dû prioriser leur propre bien-être», résume-t-elle. 

Les chercheurs ont aussi établi que les mamans ourses qui ont cessé ou réduit leur investissement énergétique dans l’allaitement en ont bénéficié physiquement et on put jeûner plus longtemps. Inversement, les oursons qui ont vu leur alimentation amputée se sont développés moins rapidement que les autres. 

La fonte des glaces en Arctique est une saison qui force les ours polaires à retraiter sur la terre ferme, loin de la mer, leur principal terrain de chasse au phoque. (iStock)

Changements climatiques

Selon les données des chercheurs, après trois mois loin de la mer, la probabilité que la femelle allaite était de 53 % et descendait à 35 % lorsque les oursons étaient âgés de plus d’un an. 

Louise Archer met l’accent sur le fait que les données étudiées datent de plus de trois décennies. Elle soutient que, depuis ce temps, l’impact des changements climatiques s’est accéléré. «La saison sans glace s’est allongée d’environ sept jours par décennie dans la baie d’Hudson», enchaine-t-elle. «Cela signifie que les ours polaires sont de plus en plus régulièrement forcés de passer plus de quatre mois loin de leur territoire d’alimentation.»

Ainsi, l’étude établit le parallèle entre cette saison chaude plus longue et une santé globale des ours polaires de plus en plus fragile.

Si les données du passé ne permettent que des inférences sur la situation actuelle, l’étude permet tout de même de supposer que le déclin de près de 50 % des ours polaires dans la région occidentale de la baie d’Hudson au cours des 40 dernières années pourrait s’accélérer encore plus.

«Si rien n’est fait pour ralentir et freiner le réchauffement climatique, la santé des oursons pourrait être en jeu à travers l’Arctique», conclut Louise Archer.

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