Le déclin des populations d’ours polaires et les émissions de gaz à effet de serre seraient liés

Une mère ourse polaire se promène avec ses deux oursons. (GomezDavid/iStock)
Des experts ont réussi à établir un lien entre les émissions de gaz à effet de serre et la survie des populations d’ours polaires dans l’Arctique.

L’étude publiée cette semaine dans la revue Science a été menée par des scientifiques de l’Université de Washington et l’organisme Polar Bears International, situé à Bozeman, dans l’État du Montana. Elle combine des recherches antérieures et de nouvelles analyses pour établir un lien quantitatif entre les émissions de gaz à effet de serre et les taux de survie des ours polaires.

Le document indique que le réchauffement de l’Arctique limite l’accès des ours polaires à la glace de mer, qu’ils utilisent comme plateforme de chasse. Pendant les mois d’été sans glace, les ours doivent jeûner. « Dans le pire des cas, les ours adultes mourront, mais avant cela, ils perdront la capacité d’élever des oursons avec succès », note l’étude.

« Jusqu’à présent, les scientifiques ne disposaient pas de preuves quantitatives permettant d’établir un lien entre les émissions de gaz à effet de serre et le déclin de la population », explique Cecilia Bitz, coauteure de l’étude et professeure de sciences atmosphériques à l’Université de Washington.

L’équipe de chercheurs a analysé les données qui montrent, selon elle, un lien direct entre les émissions cumulées de gaz à effet de serre et les changements démographiques des ours polaires. « Ce lien explique en grande partie les récentes tendances à la baisse de certaines sous-populations d’ours polaires, notamment dans l’ouest de la baie d’Hudson », précisent les experts.

Des actions gouvernementales requises

Le document permet une « évaluation formelle » de l’impact des futures actions proposées sur les ours polaires. « J’espère que le gouvernement américain s’acquittera de son obligation légale de protéger les ours polaires en limitant les émissions de gaz à effet de serre dues à l’activité humaine », ajoute Mme Bitz.

En 2008, les ours polaires sont devenus la première espèce inscrite sur la liste de la loi sur les espèces menacées d’extinction en raison de la menace que représente le changement climatique. « Le lien biologique entre le réchauffement et la survie des ours polaires était évident, et les scientifiques prévoyaient que jusqu’à deux tiers des ours polaires de la planète pourraient disparaître d’ici le milieu du siècle », peut-on lire dans l’étude.

Les scientifiques rappellent que la loi sur les espèces menacées exige que tout projet autorisé par le gouvernement, y compris les concessions pétrolières et gazières, ne mette pas davantage en danger les espèces répertoriées. « Toutefois, un document publié par le ministère américain de l’intérieur en 2008, connu sous le nom d’avis Bernhardt, exigeait des preuves spécifiques de la manière dont les émissions de gaz à effet de serre d’un projet proposé affecteraient la survie d’une espèce. »

Un avenir peu radieux pour les ours polaires

Pour l’auteur principale de l’étude, Steven Amstrup, scientifique au Polar Bears International et professeur à l’Université du Wyoming, les experts savent depuis des décennies que la poursuite du réchauffement et de la disparition de la glace de mer ne peut qu’entraîner une réduction de la répartition et de l’abondance des ours polaires.

« Jusqu’à présent, nous n’étions pas en mesure de distinguer les effets des gaz à effet de serre émis par des activités particulières des effets des émissions historiques cumulées. Dans l’étude, nous révélons un lien direct entre les émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique et les taux de survie des oursons. »

L’étude révèle également un lien entre les jours sans glace et les limites du jeûne des ours polaires et les émissions cumulées de gaz à effet de serre. Elle constate que, par exemple, les centaines de centrales électriques des États-Unis émettront plus de 60 gigatonnes de gaz à effet de serre au cours de leur durée de vie de 30 ans, ce qui réduirait d’environ 4 % le taux de survie des oursons polaires dans la population du sud de la mer de Beaufort.

« Non seulement la glace de mer mais aussi la survie des ours polaires peuvent être directement liées à nos émissions de gaz à effet de serre. Tout ce que les gouvernements et les industries peuvent faire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre est important et permettra d’éviter les pires conséquences. »

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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