Certains ours polaires de l’Arctique s’adaptent mieux que d’autres, selon une étude

Un ours polaire sur la banquise
L’Arctique est un laboratoire de prédilection pour mesurer les changements climatiques. (David Goldman/Associated Press)

Un texte de Magalie Chinchilla Chaput

Les ours polaires qui vivent dans le Haut-Arctique sont génétiquement moins capables que d’autres de s’adapter aux changements climatiques. Il s’agit de la conclusion tirée d’une étude de l’Université du Manitoba publiée la semaine dernière.

L’étude a évalué la capacité des ours polaires provenant de différentes régions nordiques à s’adapter à la fonte des glaces de mer. Elle s’est basée sur des échantillons de nombreux ours lors d’une période de 25 ans.

L’Arctique se réchauffe environ quatre fois plus vite que le reste du globe, indique la Dre Ruth Rivkin, chargée de recherche postdoctorale à l’Université du Manitoba.

Les ours polaires qui vivent plus proches du cercle arctique sont habitués à un environnement glacé à longueur d’année. Ils dépendent de ce milieu pour la chasse et la reproduction, selon l’étude.

Or, la chercheuse rappelle qu’il est probable que cette région soit libre de glace dans les 10 prochaines années.

Le passage d’un environnement de glace de mer permanente à un environnement de glace de mer saisonnière pourrait être si rapide qu’ils n’auraient pas assez de temps pour s’adapter, explique la Dre Rivkin.

D’un autre côté, les ours polaires situés plus au Sud ont plus tendance à se déplacer de la glace vers un terrain solide.

Ces ours se sont peut-être déjà adaptés à ce type d’environnement glaciaire saisonnier, alors que dans le Haut-Arctique, ils n’ont pas encore eu cette chance, ajoute Ruth Rivkin.

L’étude remarque des déclins de population dans de nombreuses régions de l’Arctique. En revanche, elle présente également des variations génétiques par rapport à la capacité des ours polaires à s’adapter plus ou moins bien aux réchauffements du Nord.

Le fait que nous observions cette variation est quelque peu encourageant, car cela ne signifie pas que tout est sombre pour les ours polaires.

« Ce que nous verrons probablement, c’est que certains groupes d’ours pourraient avoir une plus grande capacité à s’adapter au changement climatique que d’autres », dit-elle.

La chercheuse souligne que même si l’extinction n’est pas prévue, « ce sera difficile pour les ours polaires ». Selon la Dre Rivkin, il est probable que les ours polaires vivront dans une plus petite partie de l’Arctique que celle où ils vivent actuellement. Les ours polaires capables de survivre au réchauffement climatique risquent également d’être moins nombreux.

Un travail d’équipe international

Ruth Rivkin souligne l’importante collaboration qui a permis de finaliser l’étude, notamment de chercheurs des États-Unis et du Groenland.

L’étude a également été réalisée grâce à des scientifiques des gouvernements du Nunavut, des Territoires du Nord-Ouest, de Terre-Neuve-et-Labrador et de l’Ontario, ainsi qu’avec Environnement et Changement climatique Canada.

Sans ce type de collaboration internationale, nous ne pouvons pas vraiment mener ces recherches, d’autant plus que les ours polaires ne se soucient pas des frontières géographiques. Ils vont où ils veulent, rappelle-t-elle.

Travaillant conjointement à Polar Bears International et à la San Diego Zoo Wildlife Alliance, Ruth Rivkin espère que les résultats de l’étude guideront de futures stratégies conservatrices fédérales à être mises en place.

Elle propose, par exemple, la réalisation d’un corridor pour encourager le déplacement des ours polaires d’une région à l’autre, « surtout que la navigation devient de plus en plus courante dans l’Arctique ».

À l’avenir, l’équipe de recherche espère étudier davantage la généalogie qui influe sur l’adaptation aux changements climatiques, « afin de voir ce qui pourrait être à l’origine de ces changements génétiques que nous prévoyons ».

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