La mort d’un « béluga-espion » en Norvège entourée de soupçons

Le béluga a été découvert par des pêcheurs au large des côtes du nord de la Norvège en 2019. (iStock)

Rebondissement dans l’affaire d’un mystérieux béluga objet de tous les fantasmes, y compris des soupçons d’espionnage, en Norvège : deux ONG affirment que le cétacé, retrouvé mort le week-end dernier dans une baie, a été tué par balles.

Les organisations de défense des animaux NOAH et One Whale ont annoncé mercredi avoir déposé plainte pour que la police norvégienne ouvre une « enquête criminelle » sur les circonstances de la mort de Hvaldimir.

Ce jeune cétacé blanc était devenu une sensation immédiate dans le pays scandinave quand il était apparu en 2019 au large de Hammerfest, dans l’Arctique norvégien. Il portait alors autour de la tête un énigmatique harnais équipé d’un socle pour une petite caméra, avec le texte « Equipment St.Peterburg » imprimé en anglais, et semblait apprécier la compagnie humaine.

Cela avait fait naître des conjectures selon lesquelles il s’agissait d’un animal-espion venu de la Russie voisine et lui avait valu d’être baptisé Hvaldimir, jeu de mots associant le mot baleine (hval, en norvégien) et l’emblématique prénom russe que porte le maître du Kremlin, Vladimir Poutine.

Décrit comme jeune, soit âgé de 15 à 20 ans selon ceux qui le suivaient, et bien portant, le mammifère a été retrouvé sans vie samedi dans la baie de Risavika, sur la côte sud-ouest de la Norvège. Les bélugas vivent généralement entre 30 et 35 ans, selon le Fonds mondial pour la nature (WWF).

L’animal a été transporté lundi, en vue d’une autopsie, dans une antenne locale de l’Institut vétérinaire norvégien, où Regina Crosby Haug, leader de One Whale, dit l’avoir vu et lui a fait ses adieux.

« Il avait de multiples blessures par balles », a-t-elle assuré à l’AFP.

Des photos publiées mercredi par les deux ONG montrent ce qui semble être des projectiles affleurants sur la dépouille qui présentait aussi des filets de sang.

« Les blessures de la baleine sont alarmantes et d’une nature qui ne peut exclure un acte criminel. Elles sont choquantes », a dit la cheffe de NOAH, Siri Martinsen, dans un communiqué. « Face à la suspicion d’un acte criminel, il est crucial que la police intervienne rapidement. »

La police régionale a confirmé avoir reçu une plainte. Elle va maintenant examiner « s’il existe des motifs raisonnables de lancer une enquête », a déclaré l’un de ses responsables, Amund Preede Revheim.

Refusant de commenter les affirmations des deux ONG, l’Institut vétérinaire doit rendre son rapport d’autopsie « d’ici trois semaines », a indiqué une porte-parole, Bente Paulson.

« Si quelque chose de suspect devait apparaître, la police en serait informée », a-t-elle mentionné à l’AFP.

C’est une troisième ONG, Marine Mind, qui dit avoir retrouvé Hvaldimir dans l’eau samedi aux alentours de 12 h 30 (UTC).

« Rien ne laissait immédiatement transparaître les causes de la mort », a déclaré son leader, Sebastian Strand, à l’AFP. « On a vu des marques, mais il est trop tôt pour se prononcer. »

Selon lui, certaines marques étaient probablement dues à la prédation d’oiseaux marins, mais d’autres restent à ce stade inexpliquées.

Les ONG One Whale et Marine Mind s’opposaient sur le sort à réserver à Hvaldimir de son vivant.

Invoquant le risque d’une collision avec un bateau, la première plaidait pour son transfert vers les eaux plus septentrionales de la mer de Barents, habitat plus naturel pour les bélugas qui vivent généralement en groupes, mais la seconde s’y opposait, arguant du danger associé au transport.

En 2019, la thèse de l’animal-espion avait été alimentée par la place stratégique qu’occupe la mer de Barents, haut lieu de rivalités du temps de la guerre froide.

Occidentaux et Russes, qui y ont positionné la flotte la plus puissante de leur marine militaire, continuent notamment d’y épier les mouvements respectifs de leurs sous-marins.

C’est aussi la porte d’entrée vers la route du Nord qui permet de raccourcir les trajets maritimes entre les océans Atlantique et Pacifique.

Moscou n’a jamais officiellement commenté les spéculations entourant Hvaldimir.

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