Des étudiants et chercheurs explorent l’économie bleue au Nunavik
Un groupe d’étudiants et de chercheurs, issus d’une douzaine d’universités du Canada et d’ailleurs, viennent de conclure un périple de 15 jours au Nunavik à bord du brise-glace Amundsen. Leur but était de mieux comprendre le lien étroit entre les communautés nordiques et l’environnement marin, bouleversés par les changements climatiques.
L’expérience s’inscrit dans le cadre de l’école internationale sur l’émergence d’une économie bleue innovante en Arctique, pilotée par le programme Sentinelle Nord de l’Université Laval.
Le but est, entre autres, de lancer une réflexion sur les possibilités de développement économique que peuvent offrir les ressources marines, de manière durable. Le concept est appelé économie bleue.
Les chercheurs se sont aussi penchés sur les défis auxquels les communautés nordiques sont confrontées, notamment ceux liés aux changements climatiques.
La vingtaine de participants ont commencé leur périple en passant cinq jours à Kuujjuaq afin de rencontrer des représentants d’institutions régionales. C’était une occasion pour eux de mieux comprendre la réalité des communautés du Nunavik.
On a pu comprendre les enjeux par rapport à la gestion des quotas de chasse aux bélugas et des autres ressources, par exemple. Ça nous a aussi fait mieux comprendre à quel point il faut toujours qu’ils se battent pour leurs droits, explique Geneviève Vachon, étudiante à la maîtrise en santé publique de l’Université Laval.
Cette dernière n’en est pas à sa première visite nordique et connaît bien le Nunavik.
Pour plusieurs autres participants, ce voyage a aussi permis de voir de près les conséquences du colonialisme, dont les effets se font toujours sentir dans la région.
Je pense que ça a permis à tout le monde d’avoir un meilleur contexte. C’était très précieux comme apprentissage, ajoute Geneviève Vachon.
Les participants se sont ensuite déplacés à bord du brise-glace Amundsen, de la Garde côtière canadienne, pour une tournée de 10 jours de la baie d’Ungava, jusqu’à la ville de Québec.
Il était prévu que le navire fasse trois escales dans les communautés de Kangirsuk, de Tasiujaq et de Kangiqsualujjuaq et accueille des résidents.
Les mauvaises conditions météorologiques et des défis liés aux marées ont toutefois empêché ces visites. Des membres de l’expédition ont malgré tout pu se rendre à Kangiqsualujjuaq quelques heures pour rencontrer l’administration locale.
Le quotidien sur le navire était parsemé d’échantillonnages scientifiques, ce qui a permis aux chercheurs de poursuivre certaines études.
Transdisciplinarité
Les chercheurs et les étudiants étaient issus de milieux très différents. Il y avait des spécialistes des sciences sociales et d’autres des sciences naturelles.
Le but était de s’intéresser aux questions qui touchent à la fois des aspects sociaux, économiques, communautaires et environnementaux.
C’est un type d’approche qui permet de répondre à des questions complexes et qui n’implique pas juste le milieu universitaire, mais toute une panoplie d’acteurs, dont les communautés, explique Marianne Falardeau, professeure en sciences de l’environnement à l’Université TÉLUQ.
Cette transdisciplinarité a fortement enrichi les réflexions, d’après la professeure, qui étudie l’alimentation des ombles chevaliers dans l’Arctique.
On a entendu plein de gens qui ont tellement de connaissances, d’expériences incroyables dans le Nord. Et donc c’était très riche en apprentissages de toutes sortes. […] Avoir des gens issus de plusieurs disciplines permettait vraiment d’aller en profondeur dans nos réflexions, ajoute Marianne Falardeau.
Au-delà de la richesse des discussions, l’expérience des étudiants aura aussi été marquée par la beauté du territoire qu’ils ont exploré.
Ils ont eu la chance de longer la côte montagneuse du Labrador, parsemée de fjords, puis l’estuaire du Saint-Laurent.
On s’est levé un matin avec les monts Torngats en avant de nous. C’était vraiment magnifique. Ça ne se décrit même pas. […] À mon avis, c’est un des plus beaux moments, conclut Geneviève Vachon.
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