Des finissants francophones fêtés dans les trois territoires du Grand Nord

Quatre finissants sur une scène
L’École des Trois-Soleils d’Iqaluit, au Nunavut, a tenu sa cérémonie de remise des diplômes le 21 juin. (Matisse Harvey/ Radio-Canada)

Dix-huit jeunes francophones du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest et du Nunavut ont récemment franchi la ligne d’arrivée de leur parcours scolaire.

Leur diplôme d’études secondaires est pour eux un gage de fierté, car il incarne l’aboutissement d’une scolarité en langue française en milieu minoritaire.

Aux Territoires du Nord-Ouest, dix finissants ont décroché leur diplôme cette année. La cérémonie de la remise de diplômes de l’École Boréale de Hay River a eu lieu samedi, tandis que celle de l’École Allain-St-Cyr de Yellowknife était organisée le 8 juin.

Nathan Hamel, nouvellement diplômé, dit qu’il a effectué l’ensemble de sa scolarité en français dans un milieu minoritaire, malgré plusieurs changements d’école.

De Terre-Neuve aux Territoires du Nord-Ouest, en passant par la Saskatchewan, le jeune homme se dit heureux que la langue de Molière fasse partie des cordes à son arc. « Être bilingue, je peux faire plein de choses », assure celui qui aspire à devenir chef cuisinier.

Un esprit de communauté

Après six ans à la direction de l’École Allain-St-Cyr, Sylvie Larose a choisi de tirer sa révérence. « C’est le temps de donner la relève à quelqu’un d’autre […] d’autres idées », soutient-elle.

Elle assure avoir été particulièrement marquée par l’esprit familial qui règne dans l’école. « C’est la beauté de la chose de connaître tous les élèves, de connaître leur famille, les histoires. Je pense que c’est ce que je retiens », indique-t-elle.

Elle ajoute que le soutien et la participation des parents ont toujours été exemplaires.

La réussite scolaire, ce n’est pas uniquement à travers des notes, des chiffres ou des lettres, c’est l’ensemble de l’œuvre de l’enfant, et c’est avec sa famille que ça se fait, affirme Sylvie Larose, directrice de l’École Allain-St-Cyr.

L’esprit de communauté et le sentiment d’appartenance font le charme de plusieurs écoles francophones du Grand Nord.

Dans le contexte minoritaire, quand on voit des élèves poursuivre leurs études en français, nous sommes extrêmement fiers de nos finissants, dit Daniel Blais, le directeur du Centre scolaire secondaire communautaire Paul-Émile-Mercier (CSSC Mercier), à Whitehorse.

« Il y a d’autres élèves des écoles majoritaires anglophones, mais ils décident de rester chez nous », poursuit-il. « Quand on voit ça, c’est vraiment un exemple de leur persévérance, mais aussi de leur niveau d’attachement et d’engagement envers la communauté et l’école. »

Le fait d’avoir de petites classes, ça donne plus d’occasions pour connaître tes professeurs et d’être plus concentré sur tes points faibles, explique quant à lui Charlélie Déziel, un finissant du CSSC Mercier.

À l’École des Trois-Soleils d’Iqaluit, Jayme Lee Lessard partage le même sentiment. Né à Iqaluit, le finissant de 18 ans a, d’une certaine manière, grandi dans les salles de classe de l’établissement. « D’avoir fait son parcours au complet à l’école, c’est plus rare. Beaucoup de personnes sont parties, d’autres sont revenues », raconte-t-il.

Jayme Lee Lessard mettra bientôt le cap sur Montréal, où il se lancera dans des études de mathématiques et de sciences physiques à l’Université McGill.

Si j’ai des enfants, j’aimerais au moins leur montrer Iqaluit, que c’est ici que j’ai grandi. Même si Iqaluit a ses défis, comme toute communauté du Nord, je crois que c’est toujours d’où je viens. Donc, elle a une place importante dans ma vie. Je suis curieux de voir comment Iqaluit va être dans 20 ans.

Des occasions que plusieurs autres n’ont pas

L’une de ses camarades de classe, Meriva Joan Manebou Ayuk, s’estime « très chanceuse » d’avoir vécu plusieurs années à Iqaluit. « C’est plutôt cool de venir d’une communauté minoritaire », dit la finissante de 17 ans qui déménagera elle aussi à Montréal. « Les gens sont très curieux d’apprendre sur toi. »

Comme bien d’autres finissants, elle estime que son parcours se démarque de celui d’autres francophones qui ne vivent pas dans un milieu minoritaire.

Bien qu’on est en minorité, on a des occasions que plusieurs autres n’ont pas. Je fais partie de l’escadron 795 [des cadets de l’Air] et j’ai eu plein d’occasions de voyager, poursuit l’adolescente.

Assise à côté d’elle, Inez Inooya Immacolata Canil acquiesce de la tête : « J’ai beaucoup de chances que je n’aurais pas eues si je ne parlais pas le français. »

Elle raconte notamment avoir pris part aux Jeux de la francophonie du Nord et de l’Ouest à Victoria, en 2023, et au Parlement jeunesse pancanadien, à Ottawa.

L’adolescente quittera provisoirement son territorial natal, le temps de poursuivre des études en arts à Université Mount Allison de Sackville, au Nouveau-Brunswick, mais elle prévoit déjà revenir s’installer au Nunavut, qu’elle décrit comme un lieu où elle se sent bien.

Avec des informations de Julie Plourde et de Sarah Xenos

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