L’accusé reconnu coupable du meurtre prémédité de Savanna Pikuyak
Un jury de la Cour supérieure d’Ottawa a reconnu Nikolas Ibey coupable du meurtre au premier degré de Savanna Pikuyak.
Après avoir reçu les instructions du juge Robert Maranger, le jury a délibéré pendant un peu plus de trois heures mardi matin avant de rendre son verdict vers 16 h. Des proches de Savanna Pikuyak ont éclaté en sanglots à sa lecture dans la cour d’audience.
Le juge a ensuite ajourné l’audience pendant 45 minutes avant de poursuivre avec les déclarations de la victime.
La décision du jury reposait sur la question de savoir si Nikolas Ibey avait commis un meurtre au premier ou au second degré en tuant sa nouvelle colocataire le 11 septembre 2022.
La Couronne a plaidé que l’accusé avait agressé sexuellement et détenu illégalement la jeune Inuk de 22 ans, ce qui portait son crime à celui, plus grave, de meurtre au premier degré.
La défense, de son côté, a remis en doute les arguments de la Couronne en avançant qu’il était impossible d’affirmer hors de tout doute raisonnable la détention illégale et l’agression sexuelle, même si les éléments de preuve déposés par la police comprenaient une photo de la victime étendue nue, sur le ventre.
Plaidoyer de culpabilité rejeté
Le procès a débuté le 13 novembre, et les plaidoiries de clôture ont été présentées lundi.
L’accusé avait initialement offert de plaider coupable à une accusation de meurtre au deuxième degré, ce qui avait été rejeté par la poursuite en tenant compte des allégations d’agression sexuelle et de détention illicite.
Lors de ses instructions au jury, le juge Maranger a indiqué que la poursuite et la défense étaient d’accord sur le fait que Nikolas Ibey avait tué Savanna Pikuyak.
Savanna Pikuyak, originaire de Sanirajak, au Nunavut, était arrivée à Ottawa seulement quelques jours avant le meurtre. Elle était inscrite au Collège Algonquin pour y entreprendre des études en sciences infirmières.
Elle avait répondu à une annonce de chambre à louer publiée par Nikolas Ibey.
Le soir du meurtre, Nikolas Ibey a consommé de la cocaïne et de l’alcool et a passé des heures en ligne à échanger des messages avec des travailleuses du sexe.
Au cours de la soirée, il s’est rendu dans la chambre de Savanna Pikuyak et l’a battue avec un morceau de bois avant de l’étrangler.
Plusieurs scénarios proposés
Les procureurs Michael Purcell et Sonia Beauchamp ont maintenu que seule une agression sexuelle pouvait expliquer l’état du corps de la victime lorsqu’il a été découvert.
L’avocat de la défense, Ewan Lyttle, a plutôt offert plusieurs scénarios suggérant la façon dont l’accusé aurait pu commettre son crime sans agresser sexuellement la victime, par exemple, qu’elle était peut-être nue au moment de l’attaque ou qu’elle avait peut-être acquiescé à un échange sexuel avant le crime.
Dans ses instructions, le juge Maranger a rappelé au jury de tenir compte de toutes les preuves déposées afin de déterminer si le dossier de la Couronne pouvait être accepté au-delà de tout doute raisonnable.
Il a indiqué que le corps de la victime portait des traces de l’ADN de l’accusé et que ce dernier avait aussi des traces d’ADN de Savanna Pikuyak sur lui, ce qui aurait pu se produire lors d’un échange non violent.
Le juge a expliqué au jury que, si la thèse de l’agression sexuelle était retenue, l’accusé était automatiquement reconnu coupable de meurtre prémédité. Si cette thèse n’était pas retenue, le juge a indiqué au jury qu’il devait déterminer si l’accusé avait détenu illégalement la victime avant de la tuer.
Le meurtre d’une personne qui a été préalablement privée de liberté fait passer une accusation de meurtre au second degré à un meurtre au premier degré, a précisé le juge.
Avec les informations de Campbell MacDiarmid
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