COVID-19 : au Canada, les ressources médicales du Nunavut seront-elles suffisantes?
Les 25 communautés du Nunavut ont débuté deux semaines de confinement, mais la montée en flèche des cas de COVID-19 soulève des questions quant à la capacité du territoire à faire face à la pandémie.
« On est en zone éloignée ici donc c’est assez préoccupant, ne serait-ce que pour l’accessibilité à des services de santé si on est dans le besoin », souligne le directeur du Réseau santé en français au Nunavut (RÉSEFAN) et résident d’Iqaluit, Jérémie Roberge.
Iqaluit est la seule communauté du territoire qui dispose d’un hôpital. Il compte 25 lits, dont l’un est destiné aux soins intensifs. Six autres lits sont disponibles au centre de santé de Rankin Inlet, dans la région de Kivalliq.
Au total, ces deux établissements comptent 12 respirateurs, dont 5 sont portatifs et peuvent être acheminés dans d’autres communautés.
Dans un échange de courriels, le ministère de la Santé indique s’être tourné vers le gouvernement fédéral pour obtenir de nouveaux respirateurs.
Pour être utilisés pendant plusieurs jours, ces respirateurs requièrent toutefois d’être installés au sein d’une unité de soins intensifs, ce dont le territoire ne dispose pas.
Transferts de patients vers le Sud
En cas d’aggravation de leur état de santé, les personnes infectées pourront compter sur des respirateurs pendant quelques heures, mais elles devront ensuite être transférées par avion-ambulance dans des hôpitaux de l’Alberta, du Manitoba et de l’Ontario.
ivalliq sont habituellement transférés au Manitoba, mais la province doit actuellement faire face à une hausse du nombre de cas de COVID-19.
« Si les hôpitaux du Sud où nous avons envoyé des Nunavummiut […] ont atteint leur capacité maximale et ne peuvent pas les accueillir, nous nous tournerons vers d’autres partenaires et vers des endroits où nous transférons des patients occasionnellement », a affirmé le Dr Patterson, sans toutefois préciser lesquels seront envisagés.
Le professeur en santé publique et médecine préventive à l’Université de Toronto et ancien médecin hygiéniste en chef adjoint du Nunavut, Barry Pakes, croit d’ailleurs que la pandémie actuelle met en lumière la pénurie d’infrastructures médicales qui sévit dans le Nord.
Il ajoute que le manque de ressources médicales locales nuit aux patients gravement malades qui ne peuvent pas obtenir des traitements adéquats rapidement.
Des résidents inquiets
Certains Nunavummiut se montrent peu rassurés par la situation sanitaire du territoire.
« L’éclosion de la COVID-19 ici a un potentiel d’être catastrophique, donc je me sens concerné, préoccupé et quand même inquiet de ce qu’il se passe en ce moment », confie Jérémie Roberge.
Le déploiement de l’armée en dernier recours
Mercredi, le premier ministre Joe Savikataaq s’est entretenu avec Justin Trudeau au sujet de l’aide fédérale requise si le territoire n’était pas en mesure de répondre à une explosion du nombre de cas.
Le premier ministre fédéral a indiqué qu’un soutien sera offert au territoire si la situation le requiert.
« Nous ne voulons pas nous rendre là, mais si nous en venons à avoir besoin du soutien de l’armée, [Ottawa] sera en mesure de nous aider », a souligné le ministre de la Santé du Nunavut, Lorne Kusugak.
Le territoire dénombre actuellement 74 cas de COVID-19, dont 57 à Arviat, dans le sud du territoire. Jeudi, trois nouveaux cas ont été recensés au sein de cette communauté, ainsi qu’un autre à Rankin Inlet.
Les autorités sanitaires du Nunuvaut s’attendaient à une hausse rapide du nombre de personnes infectées, puisque plusieurs facteurs augmentent les risques de transmission communautaire, notamment le surpeuplement des logements.
Avec les informations de Jill English