Les Autochtones de Fort Chipewyan pressent Ottawa de nettoyer un quai contaminé

Des chefs autochtones de Fort Cipewyan, en Alberta, témoignent à la Chambre des communes au sujet de la contamination d'un quai dans leur communauté, le 3 décembre 2024.
Les responsables autochtones ont témoigné mardi à la Chambre des communes au sujet de la contamination d’un quai dans leur communauté. (Photo : Parlement du Canada)

Les dirigeants autochtones de Fort Chipewyan, dans le nord de l’Alberta, demandent au gouvernement fédéral de nettoyer une zone contaminée dans la communauté et de s’excuser d’avoir gardé le silence sur cette contamination pendant des années.

Allan Adam, chef de la Première Nation Athabasca Chipewyan, a témoigné mardi devant le Comité fédéral permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités en compagnie de Tammie Tuccaro, conseillère de la bande crie Mikisew, et de Kendrick Cardinal, président de la communauté métisse de Fort Chipewyan.

Ils ont parlé de la contamination d’un quai de Transports Canada, connu dans la communauté sous le nom de «big dock». Le quai est utilisé à des fins commerciales, mais c’est aussi un endroit où les habitants se baignent, pêchent et mettent leurs bateaux à l’eau en été.

Les dirigeants autochtones ont appris au cours de l’été que la zone était contaminée par de l’arsenic, du nickel, des hydrocarbures et d’autres produits chimiques.

Ils ont su que le ministère fédéral des Transports avait commandé un rapport en 2017 qui révélait des contaminants lourds, mais ils affirment que celui-ci n’en avait pas informé la communauté.

Le chef Allan Adam parle de « racisme environnemental » et note que les membres de sa communauté sont en passe de devenir des réfugiés environnementaux contraints de quitter leurs terres.

Ces problèmes doivent être résolus.

Allan Adam, chef de la Première Nation Athabasca Chipewyan, devant le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités à la Chambre des communes, à Ottawa, le 3 décembre 2024.
Allan Adam, chef de la Première Nation Athabasca Chipewyan, devant le Comité permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités à la Chambre des communes, à Ottawa. (Photo : Parlement du Canada)

Préoccupations sanitaires

Les responsables autochtones demandent également à Ottawa de s’attaquer aux effets sur la santé mentale du stress causé par l’exposition des résidents et de leurs enfants à la contamination environnementale.

Mandy Olsgard, écotoxicologue, a dit au Comité que l’exposition aux produits chimiques mentionnés dans le rapport de Transports Canada est liée à des types de cancers du sang, du système lymphatique et du tube digestif, ainsi qu’à des éruptions cutanées.

Dans une lettre adressée aux dirigeants de Fort Chipewyan, le ministre canadien des Transports a déclaré que les études n’avaient pas mis en évidence de risques pour la santé humaine.

Mandy Olsgard a expliqué que cela était dû au fait que l’évaluation des risques avait été réalisée en tenant compte de l’utilisation commerciale du quai, et non de l’utilisation récréative dont jouit actuellement la communauté.

D’après elle, si les autorités avaient consulté la communauté sur la manière dont elle utilise le lieu, l’évaluation aurait été fondamentalement différente.

Selon Tammie Tuccaro, l’anxiété liée à la découverte de la contamination est aggravée par des décennies de déversements et par les effets possibles sur la santé de la vie en aval des sables bitumineux.

Allan Adam a souligné les taux élevés de cancers rares, de maladies auto-immunes et d’éruptions cutanées à Fort Chipewyan.

Tammie Tuccaro estime que la communauté est en mesure de réparer les dégâts, mais qu’elle a besoin pour cela de fonds, de ressources et de processus rationalisés.

Nous ne nous contentons pas de demander la justice, nous l’exigeons.

Ottawa sommé de montrer ses preuves

Mardi matin, quelques heures avant que les dirigeants de Fort Chipewyan comparaissent devant le Comité, le ministère des Transports a envoyé une lettre à la Première Nation Athabasca Chipewyan, dans laquelle il indique qu’il a déjà informé la Première Nation crie Mikisew et les Métis de Fort Chipewyan de la contamination.

Les dirigeants des deux groupes affirment cependant ne pas se souvenir d’avoir reçu cette information.

Le député du Bloc québécois Xavier Barsalou-Duval, membre du Comité, a déposé une motion demandant au ministre de fournir des preuves d’envoi d’une telle lettre.

Cette motion a été adoptée, et le ministère est tenu de fournir cette preuve avant jeudi, à 8 h.

Anita Anand, qui cumule désormais les fonctions de présidente du Conseil du Trésor et de ministre des Transports, se présentera devant le Comité jeudi après-midi.

Les dirigeants de Fort Chipewyan demandent au gouvernement fédéral de remplacer le quai dans les quatre prochains mois, avant le printemps.

Pendant l’été, Fort Chipewyan est accessible par avion et la communauté dit avoir besoin du quai comme point d’évacuation en cas de feux de forêt.

La prochaine réunion du Comité fédéral au sujet de la contamination environnementale du big dock est prévue pour le 5 décembre à 15 h 30 (HNE).

D’après les informations de Natalie Pressman

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