Planter des arbres dans l’Arctique n’aurait pas d’effet sur le climat

Quelques maisons et des arbres, en été, à Fort Good Hope, aux Territoires du Nord-Ouest.
Fort Good Hope, aux Territoires du Nord-Ouest. (Photo d’archives/Radio-Canada/Julien Schroder)

Planter des arbres en région nordique ne permet pas d’atténuer les effets des changements climatiques et pourrait même accroître le réchauffement, affirme une récente étude publiée dans la revue Nature Geoscience.

Planter des arbres dans plusieurs régions des tropiques ou à plus basses latitudes peut faire partie de la solution pour atténuer les changements climatiques, indique l’auteur principal de l’étude, Jeppe Kristensen, de l’Université Aarhus, au Danemark.

Par contre, vous ne pouvez pas forcément faire la même chose dans un autre contexte et espérer obtenir les mêmes résultats.

Les solutions pour atténuer les changements climatiques sont pourtant importantes dans le Nord du Canada, où le réchauffement se produit de trois à quatre fois plus rapidement qu’ailleurs dans le monde. Plusieurs projets de plantation d’arbres ont commencé ces dernières années en hautes latitudes.

Jeppe Kristensen craint que ces projets ne soient pas efficaces dans les régions boréales nordiques et dans l’Arctique.

Avec son équipe, il a découvert que dans ces régions, où le sol est recouvert de neige presque toute l’année, la plantation d’arbres crée de l’ombre et absorbe plus de chaleur, en plus d’empêcher la neige de refléter le soleil.

Le réchauffement qui en résulte contrebalance le stockage de carbone fourni par les arbres.

Cinq personnes sont dehors en été dans la toundra et sourient à la caméra.
Jeppe Kristensen, auteur principal de l’étude, est le deuxième à partir de la droite. Il pose en compagnie de l’équipe de chercheurs qui a préparé l’étude au cours de l’été 2024. (Photo : Jeppe Kristensen)

Au début de l’été, il y a encore de la neige au sol sur une grande partie de cette région, avec de 20 à 24 heures d’ensoleillement. Beaucoup de cette lumière est reflétée par la neige au sol. Si le sol est couvert d’arbres, seulement 10 % [de cette lumière] sera reflétée au lieu de 75 % sur une surface enneigée, indique-t-il.

L’étude suggère également que planter des arbres pourrait perturber le carbone stocké dans le sol. Cela pourrait aussi libérer des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, surtout en hautes latitudes où de grandes quantités de carbone sont emmagasinées dans le pergélisol.

Attention aux conclusions

Un biologiste de la faune du Yukon croit qu’il faudrait être prudent avec les conclusions de cette étude. Donald Reid craint que d’éviter de planter des arbres dans le Grand Nord ne soit pas la bonne approche.

Ils disent essentiellement de ne pas planter d’arbres et je ne suis pas d’accord, lance-t-il.

Donald Reid est accroupi au sol et tient un lemming dans les mains, au Yukon.
Le biologiste de la faune Donald Reid lors d’une expédition sur l’île Herschel, au Yukon. (Photo : Fritz Mueller)

Plusieurs régions ont perdu leur couvert forestier en raison des activités humaines ou des feux de forêt. Replanter des arbres dans ces zones peut avoir des effets positifs, croit-il.

Replanter des arbres avec la bonne densité dans ces endroits pourrait favoriser la repousse du lichen et soutenir l’aire de répartition hivernale du caribou de la Porcupine, dit M. Reid.

Jeppe Kristensen est d’accord que la reforestation de certaines zones ne devrait pas être évitée, mais il met en garde contre la plantation d’arbres dans des régions qui en sont dépourvues.

Donald Reid est plutôt d’avis qu’il faut faire des tests de plantation dans certaines régions de la toundra arctique.

Nous savons que les changements climatiques vont permettre la pousse des arbres bien au-delà de la limite des arbres actuelle, dit-il.

Jeppe Kristensen note que les effets positifs de la plantation de ces arbres pourraient prendre beaucoup de temps à se manifester. Il donne l’exemple du Groenland, où la réduction significative des gaz à effet de serre à la suite de la plantation d’arbres pourrait prendre de 70 à 100 ans avant d’être perceptible en raison de la croissance très lente dans les climats nordiques.

Avec les informations de Tori Fitzpatrick

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