Au cœur d’Atlin, un café offre un havre au creux de l’hiver

(Radio-Canada / Sarah Xenos)
Au café Kershaws, les Atlinois sont invités à retirer leurs chaussures et à enfiler des pantoufles comme à la maison. L’ambiance y est chaleureuse. Un contraste avec l’extérieur où le mercure frôle les -30 degrés Celsius.
Au fond, d’immenses fenêtres permettent aux clients d’y admirer la lumière qui embrase lentement le lac Atlin, en contrebas. Derrière le comptoir, c’est avec un grand sourire que la propriétaire, Amélie Remon, québécoise d’origine, accueille les clients.
Le village d’Atlin, qui compte un peu moins de 500 résidents à l’année, est situé tout au bout de la route, à 175 km au sud de Whitehorse. C’est très calme, particulièrement en hiver, concède entre deux gorgées de café Bart de Haas, accoudé à une table près de la fenêtre.
Le café Kershaws, un établissement historique qui a rouvert ses portes cette année, est habituellement saisonnier, accueillant de nombreux touristes de la mi-mai à la mi-septembre.
La propriétaire, Amélie Remon, souhaitait toutefois ouvrir son commerce quelques semaines en décembre pour offrir un lieu de rencontre pour les résidents de la région, d’Atlin et du Yukon.

(Radio-Canada / Sarah Xenos)
« Je voulais offrir une place pour eux pour célébrer la magie de Noël et se rencontrer. Des fois, au mois de décembre, il fait froid, on voit moins de monde donc je voulais apporter le côté chaleur humaine », raconte-t-elle.
Le café est d’ailleurs entièrement décoré et le personnel, c’est-à-dire ses parents et une employée, est costumé pour l’occasion. Une grande table trône au centre du café sur laquelle a été installé un petit marché de Noël avec les œuvres des artisans du village.
« Ça m’a pris environ deux mois et demi pour travailler sur la décoration, parce que c’est ma première année, donc trouver les décorations et j’ai une vision très particulière, je veux rester dans l’esprit antique, classique comme dans les films qu’on connaît », souligne Amélie Remon.
Le café Kershaws, un projet familial
Amélie Remon est arrivée à Atlin il y a huit ans pour rendre visite à son frère, qui travaillait alors à la mine. Tombée en amour avec l’endroit, elle a décidé d’y poser ses valises et, quelques années plus tard, elle y a démarré son entreprise de chocolat.
Lorsque l’occasion d’acheter le bâtiment qui abrite le café Kershaws s’est présentée, la Québécoise, originaire de Saint-Hyacinthe, n’a pas hésité. « J’ai une vision et je fonce à 100 milles à l’heure », lance-t-elle en riant.
Pour l’aider à ouvrir son café, ses parents, Johanne et Denis, sont venus lui donner un coup de main et la soutenir dans son projet.
« On a traversé le Canada pour lancer cette idée-là d’un café dans une belle communauté incroyable. On est comme au paradis, Atlin c’est comme un paradis. C’est tellement beau », s’émerveille Johanne Remon.
La traversée n’était toutefois pas de tout repos, notamment parce que tout le mobilier qui allait éventuellement prendre place au café devait être déménagé.
« On est partie de Saint-Hyacinthe et on a loué quand même une assez grande remorque pour transporter beaucoup de meubles, la machine à café avec toutes les fournitures et on devait prendre beaucoup de temps parce qu’on avait un immense miroir avec une statue de bronze. On a roulé 80 km/h pendant 7 jours, alors beaucoup d’aventure! »

Il aura fallu deux ans pour aménager le café tel qu’il est aujourd’hui, avec son décor qui rappelle les bistros du siècle dernier. Un grand piano trône au fond de la pièce, tout près du poêle qui réchauffe la pièce.
« Quand nous sommes arrivés ici, il y avait tellement à construire. Toute la plomberie, toute l’électricité, tous les patios à sabler, pour découvrir qu’on est à deux heures de Whitehorse, pour nous on n’est pas habitué », souligne Johanne Remon.
Pour sa fille, c’est justement cet éloignement qui crée tout le charme d’Atlin.
C’est la fin de la route, donc tout le monde qui est ici ou qui arrive ici, on sait qu’ils sont ici pour une raison parce qu’il n’y a nulle part où aller après.
Amélie Remon, propriétaire du café Kershaws
Pour les résidents du village, l’ouverture du café donne un autre souffle à la petite communauté en plus d’offrir un lieu de socialisation. « Le meilleur en ville », précise Bart de Baas.
Lorsque Amélie et sa famille ont décidé d’ouvrir le café, il y a eu une telle effervescence. « C’était fantastique, tout le monde était excité », souligne en souriant Manu Keggenhoff, une cliente régulière.
Elle a fait un travail incroyable pour créer une atmosphère antique. « C’est invitant », dit-elle avant de quitter, non pas sans saluer toute la famille Remon.