Vente à venir de la compagnie aérienne Canadian North

Deux organisations inuit ont annoncé qu’elles s’étaient entendues sur la vente à venir du transporteur aérien Canadian North, dont elles sont copropriétaires, à l’entreprise manitobaine Exchange Income Corporation, pour la somme de 205 millions de dollars.
Lundi, la Société Makivvik et la Société régionale inuvialuit ont annoncé qu’elles avaient signé un accord avec l’entreprise Exchange Income Corporation (EIC).
Cette dernière travaille dans les secteurs de l’aérospatiale, de l’aviation et de la fabrication. Elle dispose de plusieurs filiales aériennes, dont Calm Air, Carson Air, Keewatin Air, PAL Airlines et Perimeter Aviation. Certaines d’entre elles couvrent les services d’évacuation médicale dans le Nord.
La compagnie soutient que l’acquisition signifie qu’elle sera en mesure de desservir toutes les régions du Grand Nord et qu’elle offrira des possibilités à ses autres sociétés d’aviation.
Canadian North fournit actuellement des services de transport de passagers et de marchandises à 24 communautés éloignées de l’Arctique canadien au Nunavut et dans les Territoires du Nord-Ouest via Ottawa et Edmonton, ainsi que des vols nolisés dans le nord de l’Alberta et de la Colombie-Britannique.
Avant d’aller de l’avant, la transaction devra obtenir l’aval du Bureau de la concurrence et de Transports Canada.

Collaboration entre les transporteurs aériens
En entrevue avec Radio-Canada, la présidente d’EIC, Carmele Peter, affirme que les négociations entourant l’achat de Canadian North étaient en cours depuis un bon moment
.
Je pense que c’est une bonne nouvelle et j’espère que les communautés du Nunavut le voient de cette façon, dit-elle.
Si un de nos avions est en panne […] et qu’un de nos transporteurs dispose d’un appareil supplémentaire, nous aurons alors la possibilité de l’utiliser facilement, soutient-elle.

Pas d’effets sur les tarifs et les vols, promet EIC
Quant aux conséquences de la vente sur l’offre de vols, les trajets et les tarifs, Carmele Peter se veut rassurante : Nous deviendrons les propriétaires, et non pas les exploitants. Nous ne cherchons pas à changer quoi que ce soit. Nous reconnaissons que voyager dans le Nord coûte extrêmement cher.
EIC affirme avoir communiqué avec le gouvernement du Nunavut, lundi, pour l’informer de l’entente de vente.
Le ministre du Développement économique et des Transports du Nunavut, David Akeeagok, a indiqué en Chambre que l’entreprise avait assuré à son ministère qu’il n’y aurait aucune répercussion
sur l’offre de services aux Nunavummiut.
Nous sommes impatients de travailler avec EIC et Canadian North tout au long de cette transition pour garantir que les services aériens demeurent fiables, accessibles et durables, a déclaré le ministre à l’Assemblée législative mardi.

Le professeur d’aviation à l’Université McGill John Gradek a toutefois des réserves.
Exchange [Income Corporation] est là pour réaliser des profits, dit-il.Elle posera des questions beaucoup plus pointues sur la rentabilité opérationnelle de Canadian North, ce qui pourrait remettre en question certaines routes et l’utilisation de certains avions.
Je m’attends donc à des changements dans les activités de Canadian North, peut-être au sein de sa flotte […] qui a besoin d’une mise à niveau, ajoute le professeur.
Des défis à surmonter
Depuis les dernières années, Canadian North se heurte à plusieurs difficultés, notamment à une pénurie de pilotes et à un manque de financement gouvernemental. Les infrastructures, comme les pistes courtes et non pavées, limitent également les activités de la compagnie aérienne.
Canadian North a fusionné avec First Air en 2019, mais depuis, le transporteur a effectué moins de vols réguliers que les deux compagnies aériennes ne le faisaient collectivement avant 2019.
On avait beaucoup d’inquiétudes au sujet de l’avenir de Canadian North, souligne John Gradek. Pour cette raison, il croit que son acquisition par EIC pourrait apporter une stabilité financière à la compagnie aérienne.
Il estime toutefois que les billets d’avion demeurent actuellement trop coûteux pour les résidents du Nord. Selon lui, la viabilité d’une compagnie aérienne comme Canadian North dépendra en partie du soutien d’Ottawa à plus long terme.
Je pense qu’on a besoin d’une politique fédérale pour subventionner les tarifs […] dans le Nord, conclut-il.
Avec des informations de La Presse canadienne
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