Des communautés du Nunavut craignent l’arrêt des bons alimentaires

À l’heure où beaucoup se réjouissent du renouvellement par Ottawa de l’Initiative les enfants d’abord (ICFC), certains habitants du Nunavut s’inquiètent de la possibilité que ce programme d’importance vitale pour de nombreux enfants puisse s’arrêter.
Au début du mois, le gouvernement fédéral a alloué la somme de 121 millions de dollars pour financer l’ICFC une année supplémentaire.
L’initiative finance le programme de bons d’alimentation au Nunavut. Elle alloue 500 $ par enfant pour la nourriture et 250 $ supplémentaires pour les enfants de moins de 4 ans pour aider les familles à payer les préparations destinées aux nourrissons ainsi que les couches.
Directrice de Qupanuaq officiant à Iqaluit, la pédiatre Sindu Govindapillai assiste l’administrateur de l’ICFC. Elle déclare ne pas avoir reçu de réponse formelle du ministère Services aux Autochtones (SAC) indiquant si le programme de bons alimentaires va se poursuivre ou non.
Nous sommes inquiets en raison de l’absence de directive officielle de SAC alors que le programme de bons alimentaires pourrait cesser, ou que, dans le meilleur des cas, les montants alloués pourraient diminuer, explique-t-elle.
Le Nunavut avait, en 2021, le plus haut taux d’insécurité alimentaire du Canada, avec 76 % des Inuit âgés de plus de 15 ans déclarant que leur foyer ne disposait pas d’un approvisionnement stable en nourriture, selon la Coalition pour la sécurité alimentaire du Nunavut.
Un rapport publié en 2024 par le groupe de défense Campaign 2000 précise que 42 % des enfants du Nunavut vivent sous le seuil de pauvreté. Ce chiffre est plus du double de la moyenne nationale, qui s’établit à 18 %.
Sindu Govindapillai explique que 24 des 25 communautés du Nunavut bénéficient du programme de bons alimentaires.
Elle dit également avoir reçu un avis de SAC demandant que les communautés bénéficiaires du programme fournissent le nom, la date de naissance et le numéro de bénéficiaire pour chaque enfant ainsi qu’un consentement individuel.
Vous pouvez imaginer qu’à l’échelle de ces communautés, il est très compliqué de fournir ces informations pour les milliers d’enfants qui bénéficient du programme, explique Sindu Govindapillai.

Elle dit que les communautés travaillent en ce moment à soumettre leurs demandes de participation au renouvellement du programme sans savoir si elles seront approuvées.
« Tout le monde en dépend »
Carolyn Tapardjuk, la coordinatrice en sécurité alimentaire d’Igloolik, travaille au renouvellement du programme.
Elle dit que ce dernier est vital pour les habitants d’Igloolik, où 1000 enfants de la communauté – sur une population de 2000 personnes – en bénéficient. Mme Tapardjuk travaille à présent pour enregistrer les enfants dans le programme dans l’espoir que celui-ci continue.
Tout le monde en dépend. Si les financements sont abandonnés, il sera compliqué pour la communauté d’avoir accès à une nourriture à bonne valeur nutritive, prévient Carolyn Tapardjuk.
L’agent administratif principal d’Igloolik, George Qaunaq, raconte que les communautés organisaient une soupe populaire trois fois par semaine. Il explique qu’avant que l’ICFC soit mise en place, la nourriture manquait régulièrement lors de ces soupes populaires.
Lorsque l’ICFC a commencé, nous n’avons plus fait qu’une seule soupe populaire par semaine, et encore, il y avait des restes, affirme George Qaunaq, agent administratif principal d’Igloolik. La mise en place de cette initiative a eu un très grand impact.
Dans un communiqué envoyé à CBC/Radio-Canada, SAC dit qu’il continue d’accepter d’inclure de nouveaux produits, services et aides diverses dans l’ICFC.

Le communiqué mentionne que les requêtes individuelles ou collectives pour une assistance alimentaire peuvent toujours être faites. Chacune est examinée au cas par cas
.
Sindu Govindapillai espère que les communautés recevront bientôt une réponse de SAC.
Nous sommes très inquiets, particulièrement dans toutes ces communautés qui n’ont pas d’autres choix que de compter sur ce programme de sécurité alimentaire. Nous pourrions bientôt connaître une crise à ce sujet, conclut-elle.
Avec des informations d’Emma Tranter
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