Des Inuit demandent la réévaluation du chemin de fer de la mine de Mary River

La minière Baffinland désire lancer en 2026 l’agrandissement de la mine de fer de Mary River, au Nunavut, en la reliant par chemin de fer au port de Steensby Inlet, au sud de la mine. Des chasseurs inuit demandent toutefois une réévaluation du projet.
Le recours au transport ferroviaire jusqu’au port de Steensby Inlet a été approuvé par le gouvernement fédéral en 2012.
Cependant, la loi fédérale au Nunavut stipule qu’un projet qui n’a pas commencé dans les cinq années qui suivent son approbation doit être réexaminé.
Le président de l’association des chasseurs-trappeurs d’Iglooloik, Judah Sarpinak, considère que les conditions environnementales et le climat ont beaucoup changé depuis que la mine de Mary River a été approuvée.
Il redoute l’impact du nouveau chemin de fer sur la chasse de subsistance, d’une importance primordiale pour les Inuit
.
Eric Head est le porte-parole des relations de la Couronne avec les Autochtones dans les Affaires du Nord. Il considère que le chemin de fer entre la mine et le port appartient au projet de Baffinland, ce qui fait que celui-ci est bien considéré comme étant en cours.
Néanmoins, il écrit que le gouvernement fédéral peut demander la révision d’un projet déjà approuvé si les circonstances entourant sa mise en œuvre changent de manière significative par rapport à celles qui prévalaient lorsque l’autorisation a été donnée
.

Perte de terrains de chasse
Judah Sarpinak s’inquiète de la réduction des terrains de chasse disponibles pour sa communauté si le chemin de fer devait être construit.
Ce dernier va devoir traverser le pergélisol, ce qui pourrait avoir un effet sur la migration des caribous dans leur recherche de nourriture en hiver et pendant la saison des naissances.
De 2014 à 2015, un moratoire avait été imposé sur la chasse au caribou de l’île de Baffin. Pour M. Sarpinak, cela rend caduques les études environnementales sur lesquelles s’appuie la minière Baffinland.
Dans un courriel envoyé à CBC/Radio-Canada, le porte-parole de Baffinland, Peter Akman, dit que la compagnie conduit de nombreuses études sur les caribous de l’île depuis 2006, dont un comptage aérien mené en 2023.
Les données et les informations sur lesquelles sont basées les études ne sont pas obsolètes. Le savoir ancestral des Inuit est précieux, et les informations qu’ils prodiguent n’ont pas de date de péremption, ajoute Peter Akman.
Il explique que des mesures seront mises en place pour atténuer l’impact du chemin de fer sur la faune, en installant, par exemple, des rampes de passage sur les pistes de migration des caribous.
Chicanes sur terre, contestation sur mer
De leur côté, l’association inuit Qikiqtani et Pêches et Océans Canada sont aussi en désaccord avec les données sur lesquelles s’appuie la minière Baffinland dans la gestion de son transport maritime.
Le mois dernier, un rapport de la commission du Nunavut chargé de la surveillance du projet de Mary River exprimait ses doutes sur les données relatives à la population des narvals dans le détroit de l’Éclipse, au nord de la mine.

Ces données sont utilisées pour gérer la fréquence des transports maritimes entre l’île de Baffin et le continent. La minière utilise des relevés datant de 2013, alors que le rapport conseille d’établir des comparaisons avec les données relevées en 2004.
Le but est d’observer l’évolution de la population des narvals avant l’augmentation du trafic maritime liée à la mise en service de la mine.
Le chemin de fer relié au port de Steensby Inlet permettra à Baffinland d’expédier des cargaisons de minerai toute l’année, ce qui inquiète les communautés au sud d’Igloolik.
Paul Nagmalik, président de l’association des chasseurs-trappeurs de Sanirajak, indique que les morses traversent le bras de mer près de Steensby Inlet. Cela fait partie de leur migration vers la région de Salliq et l’île de Southampton.
Les morses sont sensibles, et ils fuient le bruit. Même quand ils ne sont pas chassés, ils sont prompts à disparaître, explique-t-il.
Avec les informations de Samuel Wat
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