Des élèves d’Ulukhaktok préparent une application pour traduire l’inuinnaqtun

Des élèves de l’école Helen Kalvak Elihakvik, à Ulukhaktok, aux Territoires du Nord-Ouest, travaillent en partenariat avec l’Institut de technologie de la Colombie-Britannique pour développer une application mobile visant à préserver l’inuinnaqtun, un dialecte de la langue inuit.
L’inuinnaqtun, qui comptait quelque 500 locuteurs de langue maternelle en 2021, connaît un déclin graduel depuis ces dernières années.
Ce dialecte court sur une région qui s’étend d’Ulukhaktok jusqu’aux communautés de Kugluktuk, Cambridge Bay, dans l’ouest du Nunavut. Selon le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, il y avait environ 259 locuteurs sur le territoire en 2019.
C’est précisément ce qui a donné l’idée à Darren Leitch, à la suite d’une réunion parents-professeurs, de créer une application mobile de traduction simple à utiliser.
Dès que nous nous sommes lancés, les enfants ont eu des idées assez fantastiques sur ce qu’ils voulaient faire, dont l’enregistrement des voix de leurs aînés, raconte l’enseignant de l’école Helen Kalvak Elihakvik.

Tendre le micro aux aînés
Darren Leitch affirme avoir commencé à travailler sur le projet avec ses élèves cette année.
Comme l’initiative a rapidement dépassé ses aptitudes en programmation, l’enseignant a sollicité l’aide de l’Institut de technologie de la Colombie-Britannique. Un groupe d’étudiants d’un programme de technologie informatique a fait appel à l’intelligence artificielle pour commencer à élaborer l’application.
Une fois terminée, la future application sera baptisée «Echo of the North ».
Selon Darren Leitch, elle sera en mesure de traduire des phrases complètes en inuinnaqtun et offrira des enregistrements de conversations d’aînés.
Ces derniers temps, les élèves de l’école Helen Kalvak Elihakvik consacrent leur temps à enregistrer des entrevues avec des aînés et à alimenter une base de données pour que le programme d’intelligence artificielle apprenne le plus de mots possible en inuinnaqtun.
Darren Leitch souligne toutefois que ce travail est une mission de taille, compte tenu des différents dialectes de l’inuinnaqtun, qui varient selon les régions et les familles. Ce processus pourrait, selon lui, prendre des mois, voire des années
.
Joanne Ogina, une aînée d’Ulukhaktok ayant participé au projet, juge que ce type d’initiative de préservation de la langue est positif. L’inuinnaqtun, dit-elle, est surtout employé parmi la génération plus âgée.
Selon Statistique Canada, la moitié des personnes ayant l’inuinnaqtun comme langue maternelle étaient âgées de 55 ans et plus en 2021.
J’espère que [cette application] revitalisera la langue chez nos jeunes, car beaucoup d’entre eux la parlent rarement ou n’ont même pas la chance de l’entendre, conclut Joanne Ogina.
Avec des informations de Marc Winkler et Hilary Bird
À lire aussi : |