Un nouveau dictionnaire inuinnaqtun soulève l’espoir d’une revitalisation de la langue

Une nouvelle application gratuite de dictionnaire inuinnaqtun a été lancée en juillet par la Société patrimoniale de Kitikmeot, qui espère ainsi que les Nunavummiut seront plus en confiance de parler cette langue.
Selon le dernier recensement de 2021, seules 495 personnes ont déclaré l’inuinnaqtun comme langue maternelle au Canada, et la plupart des locuteurs habitent dans des communautés de l’ouest de l’Arctique.
Emily Angulalik, directrice générale de la Société patrimoniale de Kitikmeot (aussi connue sous le nom de Pitquhirnikkut Ilihautiniq), espère changer cette statistique.
« L’inuinnaqtun devrait être parlé et compris de tous. C’est un dialecte très près de l’inuktitut, mais nous sommes une toute petite portion du monde inuit. La majorité des jeunes sont des locuteurs silencieux qui ne pourraient pas prononcer les mots ou converser », souligne-t-elle.
L’application comprend des milliers de mots et de phrases en inuinnaqtun, présentés autant sous la forme écrite qu’en version audio, ce qui pourrait, soutient Emily Angulalik, aider les gens à exercer leur compétence orale.
La responsable des communications et de la philanthropie pour la Société patrimoniale de Kitikmeot, Lyndsey Friesen, explique que le format numérique d’une application a été préféré au format physique d’un vrai dictionnaire pour une question d’accessibilité.
« Ils sont automatiquement mis à jour, alors plutôt que de devoir acheter un nouveau dictionnaire chaque fois qu’un ajout est fait. Nous sommes en mesure de donner la mise à jour aux gens », indique-t-elle.
Cela fait trois ans que l’application est en élaboration avec des aînés et des experts de langue qui transmettent leur savoir dans une série d’ateliers. Le projet a obtenu un financement de 600 000 $ de Savoir polaire Canada, du Programme des centres éducatifs et culturels des Premières Nations et des Inuit, du gouvernement du Nunavut et du programme de recherche Inuit Qaujisarnirmut Pilirijjutit.
Un espace sécuritaire pour apprendre l’Inuinnaqtun
Dans son rôle de directrice du développement culturel et social de l’Association inuit Kitikmeot, Sarah Oolayuk Jancke souhaite créer un espace où les gens peuvent se sentir fiers et autonomes d’apprendre et de parler la langue. Elle voit donc l’application d’un bon œil.
« Plusieurs d’entre nous sont des locuteurs passifs. Plusieurs comprennent beaucoup [l’inuinnaqtun], mais ça prend un peu plus de soutien pour avoir la confiance de le parler », précise-t-elle.
L’Association inuit Kitikmeot a pour but de rendre les communautés de la région bilingue d’ici les deux prochaines générations, soit dans les 30 à 40 prochaines années. Sarah Oolayuk Jancke est optimiste de voir cette vision devenir une réalité.
« Je pense que la fierté que les Inuit ont aujourd’hui d’eux-mêmes, de leur culture et de leur langue est en train de changer », estime-t-elle.
Pour Emily Angulalik, qui a grandi avec des parents ne parlant pas l’anglais, pouvoir parler l’inuinnaqtun et le diffuser a toujours été une cause très importante pour elle.
« J’ai toujours pensé que la langue et la culture allaient de pair. Ça prend du temps, mais si vous le voulez vraiment et que vous avez la motivation, vous allez pouvoir le saisir et vous envoler. C’est mon rêve », conclut-elle.
D’après les informations de Samuel Wat
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