Une plus grande sensibilisation à l’abus de solvants réclamée à Yellowknife

Quatre pictogrammes d'avertissement, dont celui qui avertit contre l'inhalation, sont affichés sur une bombonne d'aérosol.
La majorité des aérosols ont un pictogramme indiquant de ne pas respirer le contenu. (Photo : Radio-Canada/Jocelyn Shepel)

À la suite d’une explosion ayant fait un blessé grave au centre-ville de Yellowknife mardi dernier, des experts en santé mentale et en dépendances exigent une plus grande sensibilisation à l’abus de solvants.

La déflagration se serait produite lorsqu’une personne inhalait du propane à l’intérieur d’un bateau stationné devant une propriété, indique la Gendarmerie royale canadienne (GRC).

La personne blessée aurait été retrouvée près des débris du bateau.

Des débris des suites de l'explosion entourent un bâtiment.
L’explosion s’est produite au coin de la 52e Rue et de la 54e Avenue, à Yellowknife, dans la nuit du 1er juillet. Des débris ont été projetés aux alentours. (Photo : CBC/Nadeer Hashmi)

La situation inquiète le spécialiste en toxicomanie de l’organisme privé Canadian Centre for Addictions, Seth Fletcher. Selon lui, l’abus des solvants et des inhalants est souvent associé à des problèmes sous-jacents de santé mentale et à la gestion de la douleur.

Dans de nombreuses communautés du Nord, dit-il, les substances psychotropes les plus accessibles qui permettraient à quelqu’un de gérer ou de fuir des émotions, des pensées, des sentiments ou des problèmes sous-jacents douloureux sont les inhalants et le propane, des produits chimiques que vous pourriez retrouver dans votre cuisine.

Seth Fletcher, qui a travaillé au Nunavut, insiste sur le fait qu’il est parfois difficile d’obtenir de l’aide dans le Nord et de se faire soigner rapidement.

Pour lui, établir un dialogue sur la consommation de ces substances, mais aussi en comprendre la cause, est essentiel. Une fois que nous aurons compris le pourquoi, nous pourrons faire les interventions appropriées, promouvoir des approches plus efficaces pour surmonter les obstacles et aider les gens à faire de ces outils leur première ligne de défense, précise-t-il.

Il ajoute que le suivi médical devrait faire partie de tous les traitements associés à l’impact sur la santé de la consommation de substances.

Physiquement, on observe des lésions dans le système respiratoire : la bouche, les fosses nasales, les nerfs. Parfois, la respiration est compromise, simplement à cause de l’inhalation de ces produits chimiques, affirme Seth Fletcher.

Le responsable par intérim de la santé publique des Territoires du Nord-Ouest, le Dr André Corriveau, souligne que les différents types de substances inhalées ont des effets variés sur les organes du corps, mais qu’elles peuvent toutes entraîner une baisse du taux d’oxygène dans les poumons.

Des bonbonnes de propane et du diluant à peinture sur une étagère de métal.
Le propane, l’essence et le diluant à peinture sont des substances inhalées que l’on retrouve généralement chez soi. Les experts avertissent que leur utilisation contournée peut entraîner de graves risques pour la santé. (Photo : Radio-Canada/Jocelyn Shepel)

Cela peut amener la mort des cellules très rapidement, en l’espace de quelques minutes, indique-t-il en précisant que les dommages peuvent être permanents, surtout pour le système nerveux, le cerveau et les reins.

Il note que les substances comme le butane, le propane et les produits chimiques en aérosols peuvent être mortelles.

Des cas récurrents

La GRC de Yellowknife a recensé neuf cas d’inhalation de solvant en 2024. Cette année, neuf cas ont été observés jusqu’à présent.

La GRC et les organisations jeunesse incitent les résidents de Yellowknife à barrer leurs contenants de propane ou autre gaz se trouvant sur leur propriété.

Ces deux dernières années, la police a aussi enregistré plusieurs vols de contenants de carburant à Yellowknife, avec quatre conteneurs d’essence et cinq conteneurs de propane volés dans la capitale.

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