Pas de souveraineté arctique sans les Inuit, répète le premier ministre du Nunavut

Le gouvernement du Nunavut et l’organisme territorial inuit Nunavut Tunngavik Inc. (NTI) dévoilent le résultat d’un groupe de travail annoncé en mars pour discuter de la sécurité et de la souveraineté de l’Arctique, à l’heure où cette région suscite l’intérêt national et international.
En conférence de presse, le premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, affirme que le territoire a été mis de côté pendant trop longtemps.
Nous avons vu pendant des décennies la tactique de « diviser pour mieux régner » qui a été utilisée contre nous à plusieurs reprises. On voit l’affrontement entre les organisations inuit et le gouvernement [fédéral], déplore P. J. Akeeagok.
Il voit cependant dans la nouvelle stratégie un message clair
envoyé à Ottawa quant aux demandes à venir.
L’objectif de la stratégie est de rassembler en une seule et même place les demandes et les revendications des Inuit, autant du Nunavut que du Nunavik.
Je pense que nous avons fait d’énormes progrès, maintient le premier ministre.
Il se réjouit aussi qu’Ottawa reconnaisse l’importance du territoire en ayant défini des projets du Nunavut dans la liste des projets d’intérêt national à venir, soit le corridor de sécurité de l’Arctique et le projet de route et de port Grays Bay, dans la région du Kitikmeot.
Le président de Nunavut Tunngavik, Jeremy Tunraluk, rappelle cependant que les Nunavummiut doivent être responsables de toute stratégie nationale qui touche à l’Arctique.
Pendant trop longtemps, la notion de souveraineté de l’Arctique pour le Canada a été mesurée en termes d’actifs militaires et de potentiel industriel. Or, la véritable souveraineté est vécue au quotidien par les Inuit pour qui le Nunavut est leur chez-eux, ajoute Tunraluk.
Des jeunes, des aînés et plusieurs parties prenantes ont d’ailleurs été consultés lors d’un sommet qui s’est tenu en juin pour élaborer cette stratégie.
Logement, économie, énergie, changement climatique
La stratégie souligne l’importance du développement dans le Nord, mais avec les Inuit en première ligne. Elle repose sur cinq piliers, dont l’un est la construction de communautés fortes.
Le logement, les soins de santé, la connectivité et la préparation aux situations d’urgence figurent parmi les thèmes principaux de ce pilier.

Le logement touche à de nombreux aspects du mode de vie ici. Il a un impact sur les déterminants sociaux de la santé, précise le premier ministre.
Le coût élevé des matériaux est un des facteurs qui contribuent à la crise du logement au territoire.
Par ailleurs, plus de 60 % des Nunavummiut dépendent du logement social, dont une grande partie est surpeuplée, souligne le document du groupe de travail.
Diplomatie et souveraineté
À l’heure où la sécurité et la souveraineté de l’Arctique sont sur toutes les lèvres en raison de tensions avec la Russie, la Chine et les États-Unis, le premier ministre du Nunavut rappelle qu’il faut résister à la tentation de ne penser qu’à la protection militaire du territoire.
Des gens y habitent aussi, ajoute-t-il.
L’Arctique est convoité par les puissances mondiales pour ses ressources naturelles et l’espace commercial du passage maritime du Nord-Ouest.
Comme il existe aussi des communautés inuit en Russie et au Groenland, les Inuit du Nunavut pourraient agir comme d’importants diplomates, indique le document.
P.J. Akeeagok doit rencontrer trois ministres fédéraux à Ottawa lundi afin de s’assurer qu’on prévoit du financement pour inclure cette stratégie dans le budget fédéral.
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