Grand-Nord 2025 : une année de labeur pour le futur de la francophonie

(Radio-Canada / Thomas Ethier)
Par Thomas Ethier
D’Iqaluit à Whitehorse, en passant par Yellowknife, les communautés francophones du Nord canadien grandissent et se diversifient. Pour les associations qui les représentent, 2025 aura été marquée par des efforts soutenus afin de bâtir l’avenir d’une francophonie en pleine évolution.
L’éducation en français s’est ainsi imposée comme une priorité dans cette partie du pays qui a vu sa population francophone s’accroître ces dernières années.
Un Yukon pour toutes les générations
C’est le cas de l’Association franco-yukonnaise (AFY). Selon sa directrice générale, Isabelle Salesse, le dossier d’un modèle d’éducation postsecondaire francophone, élaboré en collaboration avec le Collège nordique francophone aux Territoires du Nord-Ouest, pourrait être mis en œuvre dès 2026.
L’AFY compte aussi militer auprès du Parti du Yukon, élu en octobre, afin de faire ajouter l’enseignement postsecondaire dans la loi sur l’Éducation du Yukon, qui fait l’objet d’une révision.
À ce chapitre, la lutte n’est pas gagnée.
« Le premier ministre a indiqué que ce n’est pas dans ses plans, mais nous allons poursuivre nos efforts », assure la directrice, qui espère voir davantage de jeunes yukonnais étudier au Yukon.
Par ailleurs, la francophonie yukonnaise se réjouit de l’ouverture annoncée d’une deuxième garderie francophone à Whitehorse par la Commission scolaire francophone du Yukon.
L’AFY s’est également affairé à consolider ses services aux aînés, devant une population vieillissante.
Les gens restent au Yukon, ils ne partent plus pour retourner au Québec ou en France, par exemple. Ils restent ici parce que leurs enfants sont nés ici.
Isabelle Salesse, directrice, Association franco-yukonnaise
Nouveaux besoins aux T.N.-O.
Aux Territoires du Nord-Ouest, la Fédération franco-ténoise (FFT) dessert aujourd’hui des résidents provenant des quatre coins du monde.
« Mes souhaits pour nouvelle année, c’est que vous obteniez tous les services dont vous et votre famille avez besoin, en français! », résume Sophie Gauthier, présidente de la FFT.
L’organisme se réjouit d’avoir observé en 2025 une participation accrue à ses évènements, ateliers et activités culturelles de toutes sortes, un résultat attribué à ses efforts de consultation.
« Les besoins évoluent, et l’on s’adapte. Notre offre de service s’est étoffée au cours de la dernière année, et les gens de la communauté sont présents à nos activités », dit Sophie Gauthier.
La FFT se dit également fière des initiatives francophones à travers le territoire en 2025.
Cette année, des parents de Fort Smith se sont notamment tournés vers les tribunaux, face à un refus du gouvernement d’y ouvrir un programme d’éducation en français langue première.
L’appui du programme de contestation judiciaire pour l’éducation en français à Fort Smith a été, et demeure un gros dossier pour la FFT.
Sophie Gauthier, présidente, Fédération franco-ténoise
Toujours en matière d’éducation, les parents francophones ont désormais accès à 25 nouvelles places en centre de la petite enfance, avec l’ouverture du centre La Tanière, annoncé pour janvier.
Pour les priorités de 2026, la présidente retient le projet de centre communautaire francophone de Yellowknife. Ce dossier de longue date a bénéficié cette année d’un appui financier d’Ottawa afin d’actualiser le plan d’affaires.
« La FFT assure la continuité de ce projet, les démarches avec les consultants, et les différentes instances gouvernementales. Ça avance toujours et on espère que ça va aboutir bientôt », indique la présidente.
Revendications francophones au Nunavut
« Pour la nouvelle année, Nous souhaitons à la communauté francophone du Nunavut davantage d’affirmation, de solidarité et d’unité », dit Christian Ouaka, directeur général de l’Association des francophones du Nunavut (AFN).
En 2025, Les efforts de l’AFN se sont dirigés sur la scène politique, avec l’élection d’un nouveau gouvernement.
Selon M. Ouaka, huit rapports ont été rédigés dans la dernière année, autant sur la situation des femmes que sur la question des familles francophones, ou celle du logement.
En matière d’accès aux services gouvernementaux, un projet pilote pour un Centre de navigation des services en français centralisé est en cours.
L’AFN compte réclamer des fonds en 2026 pour poursuivre ce projet. Ça fait 25 ans qu’on a proposé cette idée et, déjà à l’époque, le gouvernement avait dit qu’il était intéressé par cette avenue-là, mentionne M. Ouaka.
Pour 2026, le directeur souligne le début des opérations d’un nouveau Centre de navigation des services en français qui permettra d’orienter et d’accompagner les francophones du Nunavut.
M. Ouaka parle également d’un renforcement significatif de ses capacités internes, avec des embauches embauches dans les secteurs jeunesse et famille, radio communautaire, formation et gestion de projets, notamment.
En matière d’éducation, les demandes de la communauté révéleraient également un besoin croissant d’éducation en français dans les localités situées en dehors d’Iqaluit.
L’an dernier, un groupe de travail s’est rendu à Rankin Inlet pour rencontrer un groupe de parents francophone, selon ce qu’a indiqué la Commission scolaire francophone du Nunavut.
