Confusion et chaos à Yellowknife lors de l’évacuation, selon des documents internes

Des résidents de Yellowknife se préparent à monter à bord d'un avion, le 19 août 2023.
Des résidents de Yellowknife se préparent à monter à bord d’un avion, le 19 août 2023. (Radio-Canada)

Des documents obtenus en vertu de la Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée montrent la confusion qui a régné les quelques heures avant l’ordre d’évacuation d’août 2023, qui a forcé les résidents à quitter Yellowknife, alors menacée par des feux de forêt.

Seulement 40 minutes avant que le gouvernement territorial ne donne l’ordre d’évacuation, le 16 août 2023, un directeur de la capitale des Territoires du Nord-Ouest a envoyé un courriel au gouvernement territorial demandant de l’information sur l’endroit où les évacués devraient se rendre, et vers qui ils pourraient se tourner pour obtenir de l’aide.

Ce courriel fait partie de documents internes qui mettent en lumière la confusion et le chaos qui régnaient à ce moment.

La coordination de l’évacuation entre le gouvernement territorial, la Ville de Yellowknife, le gouvernement fédéral et les Forces armées canadiennes est relatée dans ces documents, des courriels et des notes de breffage obtenus par CBC/Radio-Canada.

Appels à l’aide

Le 17 août, la mairesse de Yellowknife, Rebecca Alty, a plaidé auprès du ministre de la Défense, Bill Blair, pour obtenir davantage de ressources pour coordonner l’évacuation.

On a besoin de plus d’aide sur le terrain pour la logistique [des personnes pour inscrire les passagers], écrit-elle.

Des personnes font la file d'attente le 17 août à Yellowknife.
Les résidents de Yellowknife et des environs font la file pour s’inscrire afin de pouvoir quitter la capitale par avion, en août 2023. (Photo d’archives)

J’espère que vous et le ministre [territorial Shane] Thompson pourrez travailler ensemble rapidement pour mobiliser des gens, afin d’appuyer l’enregistrement des évacués pour qu’ils partent par avion le plus rapidement possible, ajoute-t-elle.

« On ne peut pas laisser la bureaucratie nous ralentir en ce moment », raconte Rebecca Alty, mairesse de Yellowknife

Rebecca Alty a réitéré cette demande auprès du gouvernement territorial.

Selon ce qu’a dit le ministre Blair, les militaires peuvent déployer une opération de transport aérien en l’espace de deux heures suivant son ordre. Allez-vous l’exiger maintenant? Nous en avons besoin, écrit-elle.

Des centres d’évacuation bondés

Les documents révèlent également que l’Alberta avait de la difficulté à répondre aux besoins des évacués ténois, surtout après l’ordre d’évacuation lancé pour la communauté de Hay River et des environs, le 13 août.

L’Alberta a indiqué qu’elle ne pouvait pas accepter ce volume d’évacués, jusqu’à ce qu’un nouvel endroit d’accueil soit déterminé, alors il faudra confirmer avec eux avant d’en envoyer, écrit Bobby Bourque, représentant du Slave Sud de l’Organisation de gestion des urgences du territoire.

Des courriels envoyés le 16 août a montrent que la municipalité régionale de Wood Buffalo, en Alberta, était bondée, ce qui a encore plus compliqué les évacuations.

Nous ne pourrons pas coordonner de nouveaux vols tant qu’on n’a pas établi un autre centre d’évacuation en Alberta, écrit Ian Legaree, alors responsable de l’Organisation de gestion des urgences des T.N.-O.

L’hôpital a failli cesser ses activités

Selon les documents, il y avait de la confusion entourant l’accès à des provisions et aux soins de santé pour les travailleurs essentiels restés à Yellowknife durant l’évacuation.

Sheila Bassi-Kellett, alors gestionnaire de la Ville, écrivait le 17 août 2023 que les entrepreneurs occupés à construire les lignes coupe-feu avaient besoin de la confirmation qu’il y aurait des provisions pour leurs travailleurs.

Le gouvernement territorial a également demandé au gouvernement fédéral, le 17 août, de l’appui d’ambulanciers militaires afin que la salle d’urgence reste opérationnelle à l’Hôpital territorial Stanton.

Une employée du gouvernement territorial, Sonya Saunders, a indiqué que le gouvernement a demandé qu’un hôpital de campagne soit déployé à Yellowknife « le plus rapidement possible pour une période initiale de deux semaines, avec une possibilité de prolongation ».

Nous en avons vraiment besoin, car [l’Hôpital] Stanton a indiqué qu’il prévoyait fermer demain et que les services de lutte contre les feux de forêt ne peuvent continuer sans service de traumatologie.

Le gouvernement fédéral a refusé cette demande, après avoir confirmé auprès du ministère de la Santé et des Services sociaux qu’un plan avait été établi pour assurer la continuité des services de soins de santé.

Avec les informations de Luke Carroll

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