Un Inuk de l’Arctique canadien récompensé par une distinction honorifique à titre posthume

Un an et demi après avoir été attaqué par un ours polaire, un Inuk originaire d’Arviat, dans l’Arctique canadien, a reçu une Étoile du courage à titre posthume. Sa famille espère que cette distinction honorifique fera mieux connaître les circonstances entourant sa mort.
Le 3 juillet 2018, ce qui devait être une simple excursion dans la toundra s’est terminé en cauchemar pour Aaron Grant Gibbons, 31 ans, et ses enfants. Cet Inuk originaire d’Arviat, au Nunavut, était parti à l’improviste avec ses enfants, son neveu et une jeune amie de la famille pour ramasser des œufs sur l’île Sentry, à une dizaine de kilomètres de la communauté, lorsqu’un ours polaire a bouleversé la tournure des événements.
« Il s’est littéralement placé entre l’ours et les enfants, explique au bout du fil sa sœur aînée, Dorothy Gibbons. Ce geste montre à lui seul l’amour qu’il ressentait pour ses enfants. »
Le 4 janvier, le Bureau de la gouverneure générale du Canada a choisi de lui remettre l’Étoile du courage, une décoration qui reconnaît « des actes de courage remarquables accomplis dans des circonstances très périlleuses ».
Depuis sa création en 1972, cette décoration est décernée trois à quatre fois par année à des citoyens qui ont risqué leur vie au détriment de la leur pour tenter de sauver un être cher ou un étranger en péril.

De plus en plus d’ours polaires
Dorothy Gibbons espère que cette distinction « gardera en vie la mémoire de son frère », mais qu’elle fera aussi connaître à l’extérieur du territoire une réalité qui inquiète plusieurs communautés inuit.
En 2018, deux attaques commises par un ours polaire ont été fatales; les seuls cas enregistrés au territoire en près de 18 ans.
De plus en plus d’ours polaires sont aperçus à proximité des communautés, un état des lieux qu’elles attribuent à une surpopulation de ces mammifères. « Nous voyons de plus en plus d’ours polaires s’approcher de notre communauté depuis les 10 ou 15 dernières années, et ce, même en été », affirme-t-elle.

Le constat en est pourtant tout autre du côté d’Environnement Canada, qui classe l’animal dans la catégorie des « espèces préoccupantes ». Plusieurs études mettent en garde sur l’impact qu’aura à long terme la fonte de la glace de mer sur les espèces marines qui en dépendent pour se nourrir, comme les ours polaires.
« Mais les scientifiques du Sud sous-estiment le fait que les ours polaires sont d’excellents nageurs, mentionne Dorothy Gibbons. Ils attrapent une bonne partie de leurs proies dans l’eau. »
Cette dernière déplore que le savoir traditionnel inuit ne soit pas suffisamment pris en compte dans certaines études scientifiques. « Nous savons mieux que quiconque comment les ours polaires vivent et se nourrissent depuis toujours », martèle-t-elle.
Une cérémonie, dont la date n’a pas encore été déterminée, sera organisée à Ottawa avec des membres de la famille Gibbons.
Au Svalbard on n’a pas le droit de débarquer sans fusil, non pas pour tuer l’ours mais pour pouvoir l’effrayer, l’éloigner .