Décès de l’artiste inuit Barnabus Arnasungaaq : la fin d’une époque

Barnabus Arnasungaaq de Baker Lake au Nunavut, en 1949 Photo : (S.J. Bailey/Affaires indiennes et du Nord Canada/Bibliothèque et Archives Canada)
Connu à l’échelle internationale, le sculpteur originaire de Baker Lake est pourtant décédé la nuit du 21 septembre 2017, dans une certaine indifférence.

C’était l’un des chefs de file de la sculpture inuite, avec un style personnel et connu pour ses représentations de bœufs musqués.

« On a longtemps dit qu’avec son décès, ce serait la fin d’une époque à Baker Lake. Il était le dernier du groupe original de sculpteurs de sa génération. Les choses sont un peu minces sur le terrain dans la communauté maintenant. »

– Derek Norton, l’un des fondateurs de la galerie Spirit Wrestler à Vancouver qui expose des œuvres de Barnabus Arnasungaaq

Né en 1924 dans la région de Kazan River au Nunavut, Barnabus Arnasungaaq a grandi dans la toundra avant d’être contraint d’abandonner son mode de vie nomade pour s’installer dans une communauté.

Un boeuf musqué, oeuvre de Barnabus Arnasungaaq (Courtoisie galerie Art Inuit Paris)

« Depuis l’introduction des programmes (du gouvernement fédéral) de sculpture à Baker Lake (…), il a été une force majeure et un contributeur de ce qui est devenu clairement le style général des artistes de la toundra », peut-on lire sur sa biographie proposée par la galerie Spirit Wrestler de Vancouver.

Depuis sa première exposition en 1964, à la Galerie d’Art de Winnipeg, ses sculptures se sont retrouvées dans de nombreuses collections prestigieuses au Canada, mais aussi aux États-Unis et en Europe.

« La longévité de Barnabus, qui a permis une grosse productivité, et son style inimitable ont contribué à ce que ses œuvres soient présentes dans la plupart des collections européennes. »

– Maryse Saraux, directrice de la galerie Art Inuit Paris

Barnabus était très apprécié en Europe, poursuit Maryse Saraux, car son style assez primitif était recherché par les collectionneurs, comme d’autres artistes de Baker Lake ou Arviat – dont Lucy Tasseor. « Barnabus, car il était tellement célèbre que son prénom suffisait, était très estimé dans sa communauté et parmi les collectionneurs ».

Deux personnages/amis, oeuvre de Barnabus Arnasungaaq (Courtoisie galerie Art Inuit Paris)

Selon la galerie Spirit Wrestler, la stéatite noire (pierre à savon) des sculpteurs de Baker Lake n’était pas une pierre qui se prêtait facilement à la perforation ou aux détails, mais les artistes Keewatin définissaient des styles personnels facilement identifiables.

Le monde est unanime pour dire que les œuvres de Barnabus Arnasungaaq étaient identifiables au premier regard, car il avait développé un art très personnel. Il travaillait aussi le basalte.

Une femme et un enfant, oeuvre de Barnabus Arnasungaaq (Courtoisie galerie Art Inuit Paris)

Sur Facebook, l’écrivain belge Carl Norac a fait un long éloge de son artiste préféré dont l’œuvre l’accompagne au quotidien depuis 20 ans. Il était fasciné par sa façon de créer.

« Il lui arrivait souvent de ramasser une pierre. Il l’observait, affirmait ne jamais vouloir en contrarier la forme originelle. Alors, que sculpter ? Il a dit un jour qu’il lui arrivait de la mettre près de lui, la nuit, et d’attendre de la rêver. Une fois le rêve accompli, il tentait de le réaliser à la force des mains (…) de la conscience, et aussi plus profondément de cette part d’inexplicable qui est le cœur même de la culture inuit. »

– Carl Norac, écrivain et collectionneur

Barnabus Arnasungaaq était marié à l’artiste graphique et sculptrice Fanny Arngnakik. Leurs fils David et Norman sont aussi sculpteurs.

Marie-Laure Josselin, Radio-Canada

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