Les Premières Nations maintenant incluses dans l’outil « Un visage, un nom » pour identifier leurs ancêtres
Près de 12 millions de photographies d’Autochtones, certaines datant du 19e siècle, attendent toujours une légende à Bibliothèque et Archives Canada (BAC). Grâce à un nouvel outil de recherche, l’établissement fédéral peut convier les Premières Nations à mettre un nom sur tous ces visages anonymes.
« Nous pensons que seuls 2 % [des photos d’Autochtones] ont une identification complète présentant le qui, le quoi, le où et le quand », estime Normand Charbonneau, chef de l’exploitation à Bibliothèque et Archives Canada.
Pour compléter les légendes de toutes ces photos, BAC offre depuis peu une plateforme « à la manière de Wikipédia ». Les internautes peuvent ainsi naviguer parmi les archives numérisées, suggérer des informations et même traduire certains textes, indique Normand Charbonneau.
« Il y a beaucoup d’Innus », précise-t-il.
Des fonctionnaires du gouvernement fédéral, des missionnaires et des ethnologues ont réalisé l’essentiel de ces clichés.
À l’époque, dans un « contexte colonial », souffle Normand Charbonneau, « la personne était secondaire comparée au sujet qui intéressait le photographe ». Les costumes, coutumes et modes de vie intéressaient ainsi davantage que l’identité de la personne.
Par exemple, « femme innue avec ses enfants » suffisait comme légende pour les photographes de l’époque.
Le volume des archives papier représente « 260 kilomètres d’épaisseur », indique par ailleurs Normand Charbonneau.
Un projet commencé dans le Nord
Ce projet a été lancé il y a plus de 15 ans chez les Inuits du Nunavut, raconte Normand Charbonneau.
À l’époque, un professeur de l’Université Carleton encourage les étudiants venus du Grand Nord pour étudier à Ottawa à rapporter chez eux, l’été, des photocopies d’archives. De fil en aiguille, des réunions sont organisées avec les anciens Inuits. Ainsi, commence l’identification des personnes, des lieux, et des dates des archives canadiennes.
Puis, récemment, Ottawa a offert à Bibliothèque et Archives Canada un financement pour numériser l’essentiel de la collection autochtone. C’est dans ces conditions que « Un visage, un nom » a pu s’étendre aux Premières Nations.