Des chercheurs relancent l’idée d’un vaste corridor d’infrastructures dans le nord du Canada

Le corridor serait une aire préapprouvée pour la construction d’infrastructures utiles à la distribution des biens et des services, tels que des autoroutes, des oléoducs ou encore des lignes électriques. (Digital Media Systems)
Des représentants du nord de la Saskatchewan (Prairies) font valoir l’intérêt économique et social de la proposition par des chercheurs d’établir un corridor dans le nord du pays qui offrirait un accès aux ports des trois océans.

Le corridor du nord serait une aire préapprouvée où les entreprises pourraient construire des infrastructures utiles à la distribution des biens et des services, tels que des autoroutes, des oléoducs ou encore des lignes électriques.

Le concept développé par des chercheurs de l’Université de Calgary en 2016 prévoit qu’un tel corridor coûterait 100 milliards de dollars et ferait environ 7000 km de long et 5 km de large.

Il traverserait la forêt boréale de tout le nord du pays, de la Colombie-Britannique jusqu’au Labrador, et aurait aussi un embranchement s’étendant jusqu’à la limite nord des Territoires du Nord-Ouest.

La chercheuse Jennifer Winter précise que le tracé indiqué sur les cartes est hypothétique et que des recherches et des consultations approfondies seraient nécessaires avant que l’itinéraire ne soit finalisé. (School of Public Policy de l’Université de Calgary)

Le président de New North, un groupe représentant des municipalités du nord de la Saskatchewan, estime que la proposition « ouvrirait le nord » et améliorerait la situation économique. Bruce Fidler est aussi le maire de Creighton, une ville du nord-est de la Saskatchewan.

« Avec la perte d’emplois et la fermeture des mines d’uranium, l’économie du nord est en chute libre », a déploré ce dernier. « Quelque chose de cette nature serait vraiment un boom économique pour les emplois durant la construction, et pour le tourisme ensuite ».

Le document de recherche de l’Université de Calgary proposant le corridor a identifié des avantages pour les communautés du nord, notamment l’amélioration du niveau de vie des résidents grâce à la réduction du coût de la vie.

Toutefois, le document fait aussi part de préoccupations à propos de potentielles répercussions négatives de l’accroissement de l’activité économique sur l’environnement, incluant l’écologie naturelle des zones touchées ainsi que le mode de vie traditionnel des peuples autochtones.

« Ça va certainement créer une certaine opposition. »

Bruce Fidler, maire de Creighton

La chercheuse principale, Jennifer Winter, a déclaré qu’elle souhaitait discuter avec les communautés potentiellement touchées, notamment à propos du « niveau de développement approprié ainsi que le compromis à faire entre le développement des infrastructures et la préservation de l’environnement ».

Elle rapporte que les premières discussions avec les habitants du nord ont révélé un intérêt pour des infrastructures améliorant la qualité de vie, à savoir des routes et l’électrification, selon elle.

« Il faudrait beaucoup de consultations, aussi bien avec les municipalités qu’avec les peuples autochtones, car ce sont eux qui y vivent et ils dépendent de la terre pour leur nourriture et leurs moyens de subsistance », a concédé Bruce Fidler.

Une prérogative fédérale et des investissements privés

De son côté, le ministère de la Voirie de la Saskatchewan a déclaré dans un communiqué qu’il s’agissait d’un « concept intéressant » qui relèverait du gouvernement fédéral si le projet devait se concrétiser.

« Il faudrait un travail considérable avant de réaliser quelque chose de cette envergure, notamment une évaluation environnementale approfondie, la participation des communautés et des parties prenantes des Premières Nations et de la Nation métisse, et des investissements considérables du secteur privé », indique le communiqué.

Dans une étude publiée l’an dernier, le Comité sénatorial permanent des banques et du commerce a appuyé la proposition du corridor du nord, exhortant le gouvernement fédéral à allouer 5 millions de dollars aux chercheurs pour compléter leur étude.

Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a déclaré lors d’une réunion de comité plus tôt ce mois-ci que les chercheurs étaient invités à faire une demande de subvention par l’intermédiaire du Fonds national des corridors commerciaux.

En supposant être entièrement financée, Jennifer Winter estime qu’une proposition pourrait être présentée au gouvernement fédéral d’ici 2024.

Avec les informations de Kelly Provost

Radio-Canada

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