Un nouveau centre de formation maritime dans le Nord canadien
À Hay River, dans le sud des Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.), on forme désormais marins et pêcheurs.
Nanti d’un matériel de simulation sophistiqué très rare au Canada, le Centre de formation maritime forme gratuitement ses étudiants aux métiers de l’eau.
Bien qu’il soit ouvert depuis mai, il a été officiellement inauguré le 13 octobre dernier par le chef de la réserve K’atlodeechee, Roy Fabian, le député fédéral des T.N.-O Michael McLeod, et le ministre des Infrastructures des Territoires du Nord-Ouest, Wally Schumann.
Originaire de Fort Simpson, dans l’ouest du territoire, Joseph Horesay a commencé ses cours au Centre de formation marine le 1er octobre dernier. Il était charpentier auparavant. « J’étais fatigué de cogner sur des clous, dit-il, peut-être pas tant en farce que ça. On peut avoir une bonne paye en travaillant sur des bateaux et puis c’est un défi et j’aime les défis. »
M. Horesay prend une formation de 14 semaines pour devenir homme de pont. Dans un premier temps, il apprend le langage des signaux de navire, la lecture des cartes marines, etc. Une seconde phase commencera dans sept semaines, avec des cours sur la sécurité.
À la fin de sa formation, il aura un diplôme qui lui permettra de travailler partout dans le monde, mais ce qu’il veut, c’est rester aux TNO.
Un succès
Depuis l’ouverture du Centre en mai dernier, dans l’ancien bureau de Northern Transportation Company, 45 personnes ont reçu une formation, affirme Liz Cayen, directrice générale au Consortium de pêcheries et de formation marine du territoire du Nunavut, dans l’est-Arctique canadien. Cette dernière a reçu du fédéral le mandat de créer l’école à Hay River, plaque tournante du fret maritime aux T.N.-O.
Dans le cadre du Plan de Protection des Océans, le Consortium a reçu 12,6 M$ d’Ottawa pour ses campus d’Iqaluit (Nunavut) et de Hay River, détaille Michael McLeod, ajoutant qu’une subvention vise l’augmentation du nombre de femmes et d’autochtones dans le secteur maritime.
Pour les femmes, les résultats restent à venir, puisque quatre seulement à ce jour ont reçu une formation. La moyenne est nettement plus satisfaisante pour l’autre cible. « Environ 95 % des élèves sont autochtones à Hay River, estime le coordonnateur du Consortium, Randy Pittman, et à Inuvik, ça doit être 100 %. »
M. Pittman, qui est également capitaine de navire et qui a navigué un peu partout sur la planète, ajoute qu’au Nunavut, le taux de graduation est de 90 %. Étant donné le caractère international des formations, certifiées par Transport Canada, il n’est pas question pour l’instant qu’elles soient données en langues autochtones; le français pourrait être utilisé s’il y avait une demande en ce sens.
Selon M. Pittman, le Centre est un succès et les salles de classe sont pleines. Une des salles de simulation est équipée de trois gigantesques écrans et de différentes manettes. L’opérateur peut simuler la conduite de différents types de navires dans différents lieux et différentes conditions, vent, vagues, trafic, etc.Le matériel de cette salle de simulation vaut 500 000 $ dit Randy Pittman, et il n’y en a que six au Canada, ajoutant que la simulation offre une expérience plus complète qu’un stage.
Une carte 3D du fleuve Mackenzie conçue pour ces écrans de simulation est en cours de réalisation.
Diverses formations
Le Centre de formation marine offre des formations de longueurs variables. Il y a une formation de base en sécurité, une formation en opérateur de petits navires également, qui a aussi été donnée à Tuktoyaktuk (nord des T.N.-O.) et sera bientôt donnée à Inuvik (nord des T.N.-O.) et Yellowknife (centre). Dans le contexte où le G.T.N.-O. veut revitaliser la pêche, ajoute Randy Pittman, le Centre a fait beaucoup de formation avec les pêcheurs locaux et anticipe de former des travailleurs pour une éventuelle usine de transformation de poisson, ce qu’il fait déjà au Nunavut.
« Des classes de maître pour capitaine de bateaux de pêche commencent le 27 octobre, explique M. Pittman, il y a 10 personnes inscrites. »
On donne aussi des cours de navigation GPS et de fabrication de filet. Le personnel du Centre de formation a les qualifications pour accompagner ceux et celles qui veulent avancer dans le monde maritime, jusqu’à devenir capitaine de navire, pour former des gens au travail sur les chantiers maritimes.
« Avant, il fallait aller dans le Sud pour de tels cours, souligne Randy Pittman. Ici, on fait des formations dans le Nord pour des gens du Nord. »
Demande croissante
La demande de travailleurs dans le secteur marine a augmenté, affirme Michael McLeod. Il est vrai que le Plan de Protection des Océans, qui n’est pas si environnementaliste que ce que son nom laisse présumer, favorise l’emploi dans ce secteur, dans la garde côtière, le transport et la sécurité. Son budget est de 1,5 milliard de dollars. Selon un article du Journal de Montréal, le taux de placement à l’Institut maritime du Québec est actuellement de 100 % et les besoins de l’industrie ne sont pas encore comblés.
« Quand la marine a commencé aux T.N.-O., a rappelé Roy Fabian, c’était notre peuple qui conduisait les remorqueurs. Les personnes n’avaient pas été à l’université, mais elles connaissaient la nature et faisaient un bon travail. Mais ce Centre va nous servir à tous, jusqu’à l’océan Arctique. C’est bon pour Hay River, mais aussi pour les gens dans la vallée. »