Un village inuit du Nunavik, dans le Nord québécois, tiendra une conférence sur le suicide

Le Nunavik, dans le Grand Nord canadien, arrive en tête de liste parmi les régions du Québec qui dénombrent le plus de cas de suicides. (Sophie Langlois/Radio-Canada)
Le village nordique de Kangiqsujuaq, dans le Grand Nord canadien, prépare une conférence sur la prévention du suicide. L’événement Puttautiit, qui se tient chaque année dans une des quatorze communautés inuites du Nunavik, organise du 21 au 26 octobre une série d’ateliers pilotés par des aînés de la communauté et des intervenants sociaux.

« Trois aînés de notre communauté seront là pour offrir du soutien aux personnes [présentes] », indique l’une des organisatrices de la conférence, Qiallak Qumaaluk, lors d’une entrevue téléphonique avec Regard sur l’Arctique, depuis le village de Kangiqsujuaq.

Qiallak Qumaaluk croit qu’il faut rappeler aux communautés l’importance de se soutenir. C’est d’ailleurs pour cette raison que le comité local d’organisation, dont elle fait partie, a choisi cette année le thème « Générations en solidarité ». « Nos ancêtres avaient l’habitude de se soutenir les uns les autres lorsqu’ils éprouvaient des difficultés », relève-t-elle.

En 2010, le Comité régional sur la prévention du suicide (CRPS) a été mis en place pour formuler des recommandations liées à la prévention du suicide dans la région. Parmi ces propositions, le comité a suggéré la tenue d’une conférence annuelle régionale sur la prévention du suicide et sur la guérison – par et pour les Inuits – inspirée de la conférence « Dialogue pour la vie », qui a lieu chaque année à Montréal.

Le suicide, un fléau nordique

Le taux de suicide au Nunavik, la région la plus septentrionale de la province, est le plus élevé au Québec et cette vaste région située au nord du 55e parallèle a recensé de nouveaux cas depuis les dernières semaines. Selon la Commission scolaire Kativik, deux étudiants se sont enlevé la vie depuis la rentrée scolaire qui avait lieu le 15 août.

« Nous traversons des moments difficiles. »

Qiallak Qumaaluk, membre du comité d’organisation de la conférence Puttautiit à Kangiqsujuaq

« À la Commission scolaire [Kativik], nous avons demandé d’avoir trois équipes de sept [personnes] qui travailleraient dans les baies d’Hudson et d’Ungava et qui seraient composées […] de psychoéducateurs, d’orthophonistes, de psychologues et d’autres professionnels prêts à nous offrir du soutien dans nos 17 écoles », mentionne la directrice générale de la Commission scolaire Kativik, Harriet Keleutak.

Les bureaux de la Commission scolaire Kativik, Kativik Ilisarniliriniq, à Kuujjuaq, au Nunavik. (Eilís Quinn/Regard sur l’Arctique)

Depuis le début de l’année, dix décès ont été pris en charge par un coroner dans le village inuit de Puvirnituq. Joint par Regard l’Arctique, le Bureau du coroner du Québec n’a toutefois pas été mesure de confirmer le nombre précis de suicides survenus en 2018, puisque les cas de décès sont toujours en cours d’investigation.

« On parle d’une dizaine de présumés suicides actuellement [à Puvirnituq] alors c’est une situation extrêmement préoccupante, s’inquiète l’adjoint à la directrice générale de la Régie régionale de la Santé et des Services sociaux du Nunavik (RRSSSN), Fabien Pernet. On craint notamment un effet d’entraînement chez les jeunes […] mais également une augmentation à venir des comportements suicidaires en général. »

La semaine dernière, le chef du Conseil des commissaires du Nunavik, Robert Watt, a tiré la sonnette d’alarme en déclarant dans une lettre adressée à différents dirigeants inuits, fonctionnaires et représentants élus du gouvernement que la situation requérait une « action collective urgente au niveau régional».

« Les événements tragiques survenus le mois dernier témoignent de l’importance et de l’urgence de remédier aux causes sous-jacentes à la dépression, à l’anxiété et aux traumatismes chez les jeunes du Nunavik. »

Robert Watt, chef du Conseil des commissaires du Nunavik

Entre 2000 et 2013, le Bureau du coroner du Québec a relevé 172 cas de suicides, parmi lesquels la majorité était des hommes. Ce sont les villages de Puvirnituq, d’Inukjuak et de Salluit qui figuraient parmi les villages les plus endeuillés.

Un manque de ressources
« Nous manquons encore de ressources; pas seulement dans nos écoles, mais aussi dans le secteur de la santé. »

Harriet Keleutak, directrice générale de la Commission scolaire Kativik

Fabien Pernet a confirmé que la Régie régionale de la Santé et des services sociaux avait envoyé des ressources supplémentaires à Puvirnituq, à savoir deux intervenants sociaux, deux professionnels spécialisés en traumatismes et en suicides et une équipe d’aidants naturels composée d‘intervenants psychosociaux inuits.

La directrice de la Commission scolaire Kativik croit que cette situation est en grande partie alimentée par la pénurie de logements qui sévit au Nunavik depuis les dernières années.

Le directrice générale de la Commission scolaire Kativik, Harriet Keleutak, souhaiterait que les communautés inuites disposent de professionnels en santé mentale. (CBC)

« Si un enfant vit dans une maison où il est victime d’abus, sa mère n’a nulle part où aller, explique-t-elle. Alors ils [y] sont pris au piège et ça leur cause énormément de stress. »

« On aimerait avoir la possibilité de déployer des ressources inuites plus facilement [et] que les obstacles qui nous empêchent de recruter des Inuits soient levés, souhaite Fabien Pernet. Et pour être très honnête, on ne va pas attendre l’approbation des gouvernements provincial et fédéral pour créer les postes dont on a besoin pour répondre à la crise; on va les créer et on s’arrangera avec ça après. »

Le village de Kuujjuaq tiendra les 30 et 31 octobre une rencontre d’urgence avec 27 représentants d’organisations, dont des maires ainsi que plusieurs représentants du Corps de police régional Kativik, de l’Administration régionale Kativik et de la Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik.

« Cette rencontre permettra de vérifier si des services sont en place et s’ils sont systématiques dans les communautés, rapporte Harriet Keleutak. Nous voulons nous assurer qu’il y a suffisamment d’aide dans les communautés. »

Selon Statistique Canada, il y a environ 11 800 Inuits répartis au Québec dans 14 communautés situées au nord du 55e parallèle. La population totale du Nunavik est d’un peu plus de 12 000 habitants.

2 réflexions sur “Un village inuit du Nunavik, dans le Nord québécois, tiendra une conférence sur le suicide

  • samedi 20 octobre 2018 à 20:02
    Permalien

    Si tu as le goût de parle.Je suis là pour toi je suis une indienne de la côte nord.

    Répondre
    • dimanche 8 décembre 2019 à 22:21
      Permalien

      Au sujet du suicide, on dit que même certains millionnaires se sont déjà suicidés !? Dans leurs situations on pourrait peut-être penser que ce n’ était à cause du manque d’ argent !? Mais si ce n’ était pas à cause du manque d’ argent, alors c’ était à cause de quoi …!?
      Sans être un Psy officiellement diplômé en rien,… Dieu merci, …..!?….. Je pense que nous savons tous que l’ un des plus grands problèmes sur terre C’ EST LE MANQUE D’ AMOUR !? ATTENTION ICI JE NE PARLE PAS SEULEMENT DES VIES DE COUPLES MAIS des gens en général de 1 an à 99 ans !?
      Je dois aussi mentionner que certains groupes ( mafieux vendeurs de drogues etc ) ne doivent surtout pas être inconnus ou rester hors des caméras ou de la connaissances du grand publique, même s’ ils essaient de faire de menaces et tuer des gens comme le faisait les NAZYS pour implanter leur doctrines, bien sur détruire les gens et leur voler leur argent !?
      Il y a aussi le facteur temps au NUNAVUT avec autant de journées plus courtes et donc vivre plus souvent dans la noirceur qui doit jouer un grand rôle !?
      Il y a plusieurs années on disait qu’ à Vancouver ( BC ) il y avait plus de suicide en hiver à cause de plusieurs journées de pluie sans arrêt, ce qui déprimait plusieurs personnes !??
      Au Nunavut essayer de créer des activités pour tous les âges et même pour les garçons et d’ autres que pour les filles entre elles comme vous le verrez dans le lien suivant là où il fait peut-être encore plus froid qu’ au NUNAVUT c’ est à dire en SIBÉRIE où les gens se prennent en main pour se créer de belles activités amusantes, presque unique, et vont même se faire rire aux larmes en se mettant eux mêmes en vedette dans leurs activités !? PARFOIS JUSTE LES FILLES, OU SEULEMENT LES GARÇONS, OU TOUS ENSEMBLES , OU ENCORE POURQUOI NE PAS CRÉER DES SÉANCES INSTRUCTIVES À PARTIR D’INTERNET VUE SUR ÉCRAN PLUS GRANDS POUR PLUSIEURS PERSONNES RÉUNIS ET BIEN SUR ACCESSIBLE POUR TOUT LE MONDE DU NUNAVUT ETC. ETC
      JUSTE À TITRE DE RÉFÉRENCE ALLEZ VISIONNER LE LIEN SUIVANT SUR LA VIE EN SIBÉRIE LÀ OU IL FAIT ENCORE PLUS FROID QU’ AU NUNAVUT
      Bonne chance à vous !?
      Bonne vie et bonne santéà chacun de vous !
      de Rolland Proteau

      Répondre
Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *