Un nouveau financement d’Ottawa redonne espoir à des organismes pour femmes des Territoires du Nord-Ouest

Lyda Fuller est la directrice exécutive de YWCA NWT, l’un des quatre organismes œuvrant auprès des femmes des Territoires du Nord-Ouest qui ont reçu lundi un financement du gouvernement fédéral. (Courtoisie d’Alayna Ward)
Plusieurs organismes canadiens qui œuvrent auprès de femmes des Territoires du Nord-Ouest déplorent que le manque d’investissements constant ne leur permette pas d’élaborer de stratégies à long terme, mais un nouveau financement d’Ottawa leur donne l’espoir d’atteindre enfin leurs objectifs.

Le gouvernement fédéral a octroyé une somme de 1,6 million de dollars à quatre organismes à but non lucratif du territoire pour qu’ils puissent offrir un meilleur soutien aux femmes au sein de leur famille. Le député des Territoires du Nord-Ouest en a fait l’annonce lundi au nom de la ministre canadienne des Femmes et de l’Égalité des genres, Maryam Monsef. C’est une victoire pour Fostering Open Expression among Youth (FOXY), YWCA NWT, la Yellowknife Women’s Society et le Centre Dechinta pour la recherche et l’apprentissage.

« Nous n’obtenons presque jamais de financement qui s’échelonne sur plusieurs années, mais encore moins d’investissements qui viennent du gouvernement fédéral », explique la directrice des communications de l’organisme YWCA NWT, Alayna Ward, en entrevue téléphonique avec Regard sur l’Arctique. L’organisme a reçu plus de 600 000 $ sur cinq ans, qui serviront notamment à créer un poste de coordinateur de la revendication des droits dont le mandat sera de lutter contre la pauvreté et la violence à l’égard des femmes à travers le territoire.

Des engagements difficiles à tenir à long terme

« Nous perdons habituellement énormément de temps à faire des demandes de subvention », déplore-t-elle. Ces investissements au compte-gouttes limitent la capacité des organismes d’avoir un réel impact à long terme, ajoute Alayna Ward.

Même son de cloche pour la directrice exécutive de Centre Dechinta pour la recherche et l’apprentissage, Kelsey Wrightson : « Nous fonctionnons généralement avec un cycle budgétaire d’un an, ce qui ne nous permet pas d’élaborer un plan précis et de développer des partenariats à long terme ».

L’organisme, qui s’est vu attribuer un montant de près de 400 000 $ de la part d’Ottawa, offre des cours d’éducation postsecondaire à des femmes autochtones en partenariat avec des universités canadiennes, dont l’Université de la Colombie-Britannique. « Nous travaillons avec des communautés pour développer des programmes d’études qui se concentrent sur le savoir autochtone, les aînés et le territoire », précise Kelsey Wrightson.

Le programme Fostering Open Expression among Youth (FOXY) a pour sa part reçu 371 526 $, avec lesquels l’administration compte notamment effectuer de la planification stratégique et élaborer un plan de durabilité. « Nous prévoyons aussi diversifier nos sources de revenus pour être moins dépendants des investissements gouvernementaux », explique la directrice exécutive du programme qui fait la promotion de la santé sexuelle chez les jeunes, Candice Lys, en entrevue téléphonique.

Une stratégie « conçue par et pour le Nord »

Pour la porte-parole de l’association à but non lucratif YWCA NWT, dont le mandat principal est de fournir des logements de transition, le nouvel investissement fédéral tombe à point, puisque les Territoires du Nord-Ouest ont encore du chemin à faire en matière de soutien offert aux femmes. L’une des principales lacunes du territoire est le manque de programmes adaptés aux enjeux nordiques, pense-t-elle. « [Les initiatives] qui fonctionnent à Toronto ne fonctionnent pas pour autant dans le Nord », affirme Alayna Ward.

« La plupart des communautés des Territoires du Nord-Ouest ne disposent pas de refuges pour femmes, ni de détachement de la [Gendarmerie royale du Canada]. Elles n’ont pas vraiment d’endroit où aller si elles vivent de la violence. »

Alayna Ward, porte-parole de YWCA NWT

En 2017, le taux de crimes violents visant des filles et des jeunes femmes aux Territoires du Nord-Ouest était le plus élevé au pays, selon Statistique Canada. Les Autochtones arrivent en tête des femmes les plus représentées parmi les victimes d’homicide. En 2014, elles étaient 2,7 fois plus susceptibles d’être visées par un crime de violence que des femmes non autochtones.

« Il faut développer une stratégie qui est conçue par et pour le Nord », croit Alayna Ward.

L’investissement fédéral annoncé lundi s’inscrit dans le cadre du Fonds de renforcement des capacités, qui résulte du budget de 2018. Le gouvernement canadien s’était engagé à verser 100 millions de dollars sur cinq ans à Condition féminine Canada – désormais le ministère des Femmes et de l’Égalité des genres – notamment pour renforcer les capacités des associations qui revendiquent l’égalité des sexes et offrir un meilleur financement aux organismes qui œuvrent auprès des femmes vulnérables. Vient s’ajouter à cette somme un financement de 160 millions de dollars sur cinq ans prévu dans le budget d’Ottawa de 2019.

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