Les avis d’urgence toujours traduits en français avec un retard au Yukon, dans le nord-ouest du Canada

Sylvie Léonard croit que les avis publics ou d’urgence du gouvernement du Yukon devraient être traduits de façon simultanée. (Claudiane Samson/Radio-Canada)
Les internautes francophones au Yukon s’étonnent que, avec un début actif de la saison des feux de forêt, les avis d’urgence continuent d’être publiés en français sur les médias sociaux avec un retard pouvant dépasser 24 heures.

La situation est extrêmement frustrante pour Sylvie Léonard, qui soulevait la même problématique il y a à peine huit mois.

« Quand il est question d’évacuation en raison d’un feu de forêt, d’un glissement de terrain ou de routes fermées, c’est important d’avoir ces informations-là à la minute près, non pas 24 heures, 48 heures ou 72 heures plus tard! »

Sylvie Léonard, Franco-Yukonnaise

La Direction des services en français (DSF), chargée de traduire toute communication écrite du gouvernement du Yukon, affirme que son service de traduction traite les avis d’urgence en priorité, du lundi au vendredi, entre 9 h et 17 h, après que ceux-ci ont été publiés en anglais.

Isabelle Salesse est directrice générale de l’Association franco-yukonnaise. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

La directrice générale de l’Association franco-yukonnaise (AFY), Isabelle Salesse, ne s’étonne pas de la situation, puisque d’après elle, les mêmes doléances sont répétées par l’organisme depuis des décennies, mais que cet état de fait n’est pas pour autant acceptable.

« En 2019, on ne devrait plus avoir à se poser la question : c’est correct que ça sorte plus tard? Non, ce n’est pas correct que ça sorte plus tard. »

Isabelle Salesse, dg, Association franco-yukonnaise

Selon Mme Salesse, la problématique ne vient toutefois pas de la DSF, mais d’une culture au gouvernement du Yukon qui ne priorise pas les services équivalents en français. « Avec les médias sociaux, l’avis en anglais sort, mais la DSF s’en aperçoit après, c’est-à-dire qu’on ne les a pas mis dans la boucle. »

Une question de ressources

Au bureau de la Direction des services en français, on assure que tout est fait pour traduire le plus rapidement possible les avis d’urgence.

« C’est une question de capacité opérationnelle. On n’a pas de traducteurs disponibles 24 heures, 7 jours par semaine. C’est le problème », concède toutefois le directeur, Patrice Tremblay.

Le bureau de la traduction à la Direction des Services en français compte 12 traducteurs et coordonnateurs qui font appel aux services de traducteurs à la pige. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

Le directeur ajoute que les traducteurs sont difficiles à recruter et à retenir en raison de la demande du marché. Le bureau toutefois affiche présentement complet.

Sylvie Léonard croit qu’il serait possible de trouver des moyens novateurs. « Il y a moyen d’utiliser la technologie pour améliorer l’information, un avis c’est quand même assez simple […] Ils pourraient créer des gabarits bilingues que les gens peuvent remplir de façon quand même assez facile et l’on n’a pas besoin d’avoir plein d’explications du premier moment que l’avis est émis. »

Le compte Twitter du gouvernement du Yukon indique qu’il n’est actif que pendant les heures de bureau.
Cadre réglementaire à venir

La gestionnaire des Communications et politiques à la Direction des services en français, Nancy Power, assure que la politique à venir pour les services en français du gouvernement apportera une solution, une fois adoptée, à l’automne.

« On est en train de revoir tout le cadre réglementaire pour les services et les communications en français où, oui, ça inclut une politique, mais aussi des lignes directrices […] L’objectif est de mieux se positionner pour pouvoir appuyer encore plus les ministères, leur permettre justement d’améliorer leurs services et leurs communications en français. »

Nancy Power, gestionnaire, Communications et politiques
Le cadre stratégique 2014-2018 prévoyait la révision de la politique et du cadre réglementaire des services en français du gouvernement du Yukon. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

Isabelle Salesse, de l’AFY, est aussi d’avis qu’une telle politique est le seul moyen d’obliger les ministères à remplir leurs obligations en matière de services en français. Elle remarque toutefois que cette politique devait être en place avant la fin du dernier cadre stratégique 2014-2018.

« Selon moi, ça prend un cadre coordonnateur solide et qu’on exige que ce soit mis en application pour que les gens à la DSF ne soient pas toujours en train de courir après leurs collègues pour avoir l’information pertinente à traduire à temps. »

Claudiane Samson, Radio-Canada

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