Des étudiantes obtiennent le premier diplôme d’enseignement inuit au Canada atlantique

Dix étudiantes inuit du Nunatsiavut, une région autonome du Canada atlantique, ont reçu le 31 mai le premier diplôme d’enseignement inuit offert dans une université de Terre-Neuve-et-Labrador. (Victoria Collins/Université Mémorial de Terre-Neuve-et-Labrador)
Dix étudiantes du Nunatsiavut, une région inuit autonome du Canada atlantique, sont récemment passées à l’histoire en devenant les premières diplômées du baccalauréat d’enseignement inuit d’une université de la province de Terre-Neuve-et-Labrador.

Pour Doris Boase, qui est originaire de Hopedale, une communauté d’un peu plus de 500 habitants, c’est un rêve d’enfance qui devient réalité. « Lorsque j’étais enfant, je rêvais de devenir une professeure d’inuktitut, explique l’enseignante, au bout du fil. C’était mon objectif de vie. »

Diplômée depuis peu, Doris Boase fait partie de la seule et première cohorte du programme d’enseignement inuit qui a vu le jour en 2014 à la suite d’un partenariat entre le gouvernement du Nunatsiavut, l’Université Mémorial de Terre-Neuve-et-Labrador, le Collège de l’Atlantique Nord et le Conseil scolaire anglophone de Terre-Neuve-et-Labrador.

Les cours étaient offerts à l’Institut du Labrador de l’Université Mémorial, à Happy Valley-Goose Bay.

Calqué sur le même modèle que le baccalauréat régulier d’enseignement, le programme était exclusivement destiné aux bénéficiaires inuit du Nunatsiavut, l’une des quatre régions inuit du Canada.

« Décoloniser » le système d’éducation
Doris Boase est l’une des dix diplômées du programme d’enseignement inuit de l’Université Mémorial de Terre-Neuve-et-Labrador (Courtoisie de Doris Boase)

Durant leurs quatre années d’études, la cohorte d’étudiantes a suivi sur une base quotidienne des cours d’inuktitut enseignés par le gouvernement autonome de la région. « Aucune d’entre nous ne parlait couramment l’inuktitut, mais [ces cours] nous ont permis de renforcer notre identité inuit », affirme Doris Boase.

Environ 21 % des Inuit du Nunatsiavut parlent une langue inuit, selon le Recensement de 2016.

« Avec l’impact qu’ont eu les pensionnats autochtones, les gens se réapproprient de plus en plus leur identité et ils ressentent plus de fierté à l’égard de leur langue. »

Doris Boase, enseignante d’inuktitut et diplômée du baccalauréat d’enseignement inuit de l’Université Mémorial de Terre-Neuve-et-Labrador

Pour la directrice du programme, Sylvia Moore, le programme se voulait avant tout une manière de « décoloniser et ‘autochtoniser’ le système d’éducation ». « Il fallait se demander : comment pouvons-nous rendre le système d’éducation culturellement approprié et représentatif du Labrador, spécifiquement de la région du Nunatsiavut? », poursuit-elle.

Prendre en compte le savoir inuit

Depuis la création du gouvernement autonome en 2005, les écoles du Nunatsiavut suivent le programme provincial d’enseignement. Le baccalauréat visait donc aussi à donner aux futurs enseignants des outils pour intégrer des éléments de la culture et des traditions inuit à des matières scolaires, comme les mathématiques ou les sciences, pour rendre le programme « culturellement approprié » au contexte du Nunatsiavut.

Durant leur formation universitaire, les étudiantes ont suivi des ateliers près de Happy Valley-Goose Bay pour trouver différentes manières d’inclure des éléments du savoir inuk au programme provincial d’enseignement. (Michelle Baikie/Courtoisie de Sylvia Moore)

« L’an dernier, je suis sortie avec mes élèves pour construire un inukshuk et à travers cette activité où j’ai incorporé quelques notions de mathématiques, ils ont appris des mots en inuktitut », mentionne Doris Boase. Il suffit, ajoute-t-elle, d’user d’une bonne dose de créativité. Apprendre aux élèves des notions de géométrie en construisant un igloo est une bonne manière de joindre l’utile à l’agréable, croit l’enseignante.

« Le savoir de ceux qui résident sur ce territoire depuis des milliers d’années ne figure pas dans les livres classiques de science. »

Sylvia Moore, professeure adjointe à l'Institut du Labrador de l'Université Mémorial de Terre-Neuve-et-Labrador

En fin de compte, Doris Boase constate que les élèves se sentent davantage interpellés par la matière qui leur est enseignée. « Les élèves sont plus enthousiastes parce qu’ils peuvent associer ce qu’ils apprennent à des éléments de leur culture auxquels ils sont exposés depuis leur plus jeune âge », estime-t-elle.

Le programme ne sera pas reconduit l’automne prochain, mais l’Université Mémorial de Terre-Neuve-et-Labrador a récemment été sélectionnée parmi un appel de propositions pancanadien pour s’associer avec le Collège de l’Arctique, au Nunavut, pour les dix prochaines années. Le partenariat permettra d’accueillir dès le mois de septembre des étudiants du programme d’enseignement qui étudiaient auparavant à Regina, en Saskatchewan.

« Nous étudierons différentes manières d’intégrer des éléments de la culture et du savoir inuit au programme d’enseignement », prévoit Sylvia Moore.

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