Rapport sénatorial sur l’Arctique canadien : « Dans le Nord, par le Nord et pour le Nord »

Le comité sénatorial spécial sur l’Arctique a rendu mardi son rapport attendu sur la région. Son développement, disent les auteurs, passe par la prise en charge par les habitants avec l’appui financier soutenu du gouvernement canadien.
Le rapport dresse le portrait d’une région en crise aux prises avec des décennies de négligence en matière d’infrastructures et d’actions face aux changements climatiques, qui ont eu une incidence sur ses résidents.
Le comité sénatorial formule 30 recommandations dans son appel à l’action pour Ottawa et conclut que le gouvernement doit donner plus de responsabilités décisionnelles aux résidents et aux gouvernements du Nord, tout en leur offrant de l’investissement et un soutien continu.
Selon le comité sénatorial, les enjeux sont urgents et exigent une action immédiate d’Ottawa en matière de politiques, de logement, d’énergie et de protection de l’art et des langues autochtones.
Parmi les recommandations, le comité demande au fédéral :
- d’adopter une définition uniforme de l’Arctique;
- de nommer un ministre des Affaires du Nord doté de ses propres crédits parlementaires;
- d’élaborer une politique pangouvernementale de concert avec les organisations autochtones, visant entre autres la reconnaissance des droits de propriété intellectuelle des détenteurs du savoir autochtone;
- de prendre immédiatement des mesures pour régler la crise du logement dans l’Arctique en finançant un éventail complet de logements dans la région;
- d’établir immédiatement un régime de gouvernance rigoureux pour réglementer les activités dans les eaux arctiques canadiennes.
- de proposer au Conseil de l’Arctique la création d’une Banque d’infrastructure à l’échelle de l’Arctique
- d’élaborer d’ici mars 2020 un plan pour favoriser le déploiement de la fibre optique vers les régions mal desservies de l’Arctique
Les mesures sont d’autant plus urgentes, soulignent les auteurs, que les changements climatiques et l’ouverture du passage du Nord-Ouest engendrent un intérêt marqué des pays étrangers pour les ressources naturelles qui s’y trouvent.
Il est donc impératif, disent les sénateurs, d’assurer, d’une part, la souveraineté de la région, et d’autre part, la participation active des gouvernements et collectivités locales, entre autres, dans le cadre des négociations internationales.
Le comité spécial a été créé en 2017 pour examiner les changements et les besoins dans l’Arctique.

Devant un échéancier serré, le comité n’a pas été en mesure de consulter certains représentants des Premières Nations ou d’autres organismes du Nord.
Mais avec l’ampleur des problèmes et des besoins dans l’Arctique, le président du comité conclut que le comité devrait devenir permanent et avoir le mandat de surveillance.
En attente d’un Cadre stratégique pour l’Arctique
Le rapport et ses recommandations surviennent alors que les communautés et les organismes impliqués dans le Nord attendent avec impatience le Cadre stratégique pour l’Arctique.
En début mai, le ministère des Affaires du Nord avait indiqué en être aux dernières étapes de son cadre qui doit venir « orienter les priorités fédérales et les investissements à venir dans l’Arctique jusqu’à 2030 et au-delà ».

« Nous prenons le temps et les mesures nécessaires pour élaborer conjointement un cadre qui reflète et intègre les intérêts, les buts et les priorités communs de nos partenaires et qui répond aux besoins des résidents du Nord et de l’Arctique », avait indiqué une porte-parole du ministère des Affaires du Nord, en concluant que plus de détails seraient disponibles « dans les prochains mois ».
Dans son rapport, le comité spécial revient sur plusieurs points que les résidents du Nord espèrent voir dans le cadre stratégique.
Le rapport souligne que le « bien-être social, culturel et économique des résidents de l’Arctique devrait être la pierre angulaire du futur cadre stratégique pour l’Arctique et les régions du Nord ».
Selon le comité, la mise en oeuvre de ses recommandations contribuera à l’efficacité du cadre stratégique.