Un atelier de fabrication collaboratif dans le Nord canadien

Le Centre d’art, d’artisanat et de microfabrication d’Inuvik, aux Territoires du Nord-Ouest, dans le Nord canadien, a emménagé dans un nouvel espace.
Le 20 juin dernier à Inuvik, Gailann Raddi a produit 400 t-shirts pour commémorer le projet Des antennes pour toiles, grâce à l’aide du Centre d’art, d’artisanat et de microfabrication d’Inuvik (CAAMI).
Le CAAMI fait partie de ce réseau d’ateliers de fabrication collaboratifs mis de l’avant dans le cadre de la stratégie manufacturière du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Il a ouvert ses portes en avril 2019 et compte sur l’Institut de recherche Aurora pour l’assistance technique et la formation spécialisée ainsi que pour les projets de recherche appliquée ou de développement.
« C’est très important pour les gens ici », considère Gailann Raddi, une artisane de 32 ans, faisant remar-quer que le CAAMI rend accessibles des technologies autrement trop dispendieuses. « On paye juste 150 $ par mois pour venir ici faire ce qu’on veut comme contrat. J’espère voir plus d’étudiants qui ont suivi des cours ici revenir. Il y a tellement de choses qu’on peut faire. »
Lars Ekelund occupe le poste de coordonnateur au CAAMI. Il est responsable de l’accès aux ordinateurs et sert d’intermédiaire entre les clients et les utilisateurs.
« Si quelqu’un vient ici et qu’il a besoin de 400 t-shirts, illustre-t-il, je le guide à travers les technologies disponibles, je l’aide à en choisir une et à se connecter avec un artiste. J’aide ce dernier à honorer le contrat. »
L’objectif, explique M. Ekelund, est que les utilisateurs du Centre puissent produire de l’art traditionnel d’une manière plus lucrative en multipliant la production.
Le marché visé est d’abord celui des touristes, plus nombreux grâce à la route Inuvik-Tuktoyaktuk.
L’atelier de fabrication collaboratif est équipé de diverses imprimantes, 3D entre autres, d’une machine à graver laser, d’un atelier de menuiserie complet comprenant notamment des outils numérisés, du matériel de sérigraphie et des outils pour le cuir.
D’autres outils arriveront bientôt, comme une imprimante permettant d’imprimer sur du verre ou du textile, et une machine à former sous vide pour l’empaquetage.
« Nous faisons aussi de la recherche sur de nouvelles méthodes avec des matériaux traditionnels, de dire M. Ekelund, nous cherchons à travailler avec différents groupes, universités et centres de technologies pour tester différents matériaux […] comme la sculpture sur pierre à savon avec des toupies. »
Nouvel espace, nouveau budget
Le CAAMI a ouvert son nouvel espace, au 65, Veteran’s Way, le 24 juin. Il était précédemment situé dans un ancien garage militaire. « C’était une place très chouette, l’architecture était très bien, de dire Lars Ekelund, mais le nouvel espace est mieux par rapport à nos besoins. » Le cloisonnement de l’atelier de menuiserie, explique-t-il, empêchera la poussière de se répandre dans les autres espaces.
Le 13 juin, le Collège Aurora annonçait qu’il recevrait 1,75 M$ sur cinq ans pour embaucher un gestionnaire, un administrateur et pour couvrir les frais d’exploitation de base. Le poste de coordonnateur devrait être fusionné avec celui de gestionnaire.
Il faudra néanmoins trouver d’autres sources de revenus pour assurer la viabilité du Centre, qui reçoit quotidiennement moins d’une dizaine d’utilisateurs.
Le plus gros contrat
Le contrat octroyé à Gailann Raddi servait à commémorer le projet Des antennes pour toiles. Les cinq récepteurs de signaux satellites situés à la station-relais pour satellites d’Inuvik ont chacun été illustrés par des artistes de la région : Ronnie Simon, Sheree McLeod, Ron English, Anick Jenks et le club des arts de l’école secondaire East Three.
C’est ce que Gailann Raddi a reproduit sur des t-shirts fournis par le client grâce à une imprimante à haute définition. Elle souligne l’aide de Tracy Blyth et de Lars Ekelund, qui lui a enseigné l’utilisation de la technologie.
C’est de loin le plus gros contrat pour Mme Raddi, qui avait tout de même produit auparavant des gilets pour une équipe de baseball locale, et qui fait aussi de la couture traditionnelle.
Mme Raddi élève son enfant et travaille à la maison des jeunes. Elle a dû refuser des contrats au CAAMI pour vaquer à ses occupations. Elle fait actuellement les démarches pour s’incorporer, mais doit décider si elle gardera son autre emploi.