Des outils pour mieux se préparer à la hausse du trafic maritime dans l’Arctique

De nombreux experts prédisent une hausse importante du trafic maritime dans les eaux de l’Arctique au cours des prochaines années. Cette image montre le brise-glace Amundsen de la Garde côtière canadienne, en septembre 2015. (Clément Sabourin/AFP/Getty Images)
Le Conseil national de recherches Canada présente ses outils de navigation arctique dans un congrès américain.

Quels sont les outils et la technologie pour naviguer de manière sécuritaire dans l’Arctique ? Voilà une des thématiques abordées par la chercheuse canadienne Anne Barker lors du 8e Symposium sur l’impact de la diminution des glaces dans l’Arctique sur les opérations navales et maritimes (Impacts of an Ice-Diminishing Arctic on Naval and Maritime Operations), qui se tenait du 17 au 18 juillet à Washington.

Un grand nombre d’experts prédisent une « explosion » du trafic maritime dans l’Arctique pendant les prochaines années, nourrie notamment par le transport de marchandises.

Selon un expert russe cité par l’Agence France-Presse, il est prévu que le poids des marchandises transitant par le Nord annuellement passe de 7,5 millions de tonnes à 40 millions. Au Canada, le trafic maritime arctique aurait déjà triplé entre 1990 et 2015, selon une étude de Jackie Dawson citée par Arctic Today.

Commerce, géopolitique, environnement

Le Symposium est organisé par la US Arctic Research Commission, le Wilson Center’s Polar Institute et le US National Ice Center. Il réunit des militaires, des scientifiques, des politiciens et fonctionnaires de haut niveau de plusieurs pays, qui échangent sur des aspects commerciaux, règlementaires, politiques et environnementaux.

Une discussion entre les sénateurs de l’Alaska (Lisa Murkowski) et du Maine (Angus King) sur leur vision du Nord, animée par le directeur du Polar Institute, Michael Sfraga, tenait lieu d’évènement d’ouverture.

Perspective opérationnelle

L’ingénieure Anne Barker est la responsable du programme arctique du Conseil national de recherches Canada (CNRC). La table ronde l’a réunie avec un transporteur, un assureur, un certificateur et un consultant membre d’un groupe de travail du Conseil de l’Arctique.

« La table ronde examinait la navigation arctique dans une perspective opérationnelle, explique Mme Barker, sur ce que les opérateurs doivent savoir ou ce dont ils ont besoin dans leur boite d’outils pour opérer de manière sécuritaire dans les conditions de l’Arctique. »

Comme lors de sa visite à la 6e édition du Symposium, en 2017, Mme Barker a abordé la problématique sous l’angle de la recherche.

Au fil des ans, la chercheuse et le CNRC ont mis au point plusieurs outils pour aider à la navigation. Le Modèle de dérive des banquises est déjà utilisé par la Garde côtière canadienne, un transporteur de marchandises et des exploitations gazières et pétrolières extracôtières, comme à Terre-Neuve.

À Washington, Mme Barker a eu des discussions informelles avec la Garde côtière américaine, que le Modèle intéresse.

« Le Modèle fournit des prévisions de 48 heures sur le mouvement des glaces, explique Mme Barker, où elle s’en va, comment elle s’accumule, où il y a de l’eau libre. […] Les marins peuvent mettre les cartes à jour avec des données de télédétections pour voir à quoi ils peuvent s’attendre sur leur trajet. »

Mme Barker souligne que plusieurs années ont été nécessaires pour mettre au point cet outil, qui a entre autres été testé dans la baie de Baffin, le fleuve Saint-Laurent et la côte atlantique.

Prévoir le trajet des icebergs

Le CNRC a aussi développé le Modèle de dérive des icebergs en collaboration avec Environnement et Changement climatique Canada et des organismes de prévisions sur les icebergs des États-Unis, de Norvège, du Danemark et d’Argentine.

Ces deux outils sont utilisés, mais toujours en voie de perfectionnement. Un troisième, le système canadien d’évaluation des risques associés au transport (CASRAS) est une base de données développée pour répondre au Code polaire, émit par l’Organisation maritime internationale. Il fournit des données sur les ports, les aires protégées, la planification de l’occupation des sols par les Inuits, etc.

Présence canadienne

Plusieurs autres représentants du gouvernement et d’institutions canadiennes ont également participé au Symposium, dont Robert Huebert, du département de sciences politiques de l’Université de Calgary, et Heather Exner-Pirot, de l’Observatoire de la politique et de la sécurité de l’Arctique.

L’ambassadrice adjointe du Canada aux États-Unis, Kirsten Hillman, a participé à une table ronde sur la diplomatie arctique avec des homologues de l’Union européenne, des États-Unis, de la Norvège et de la Finlande.

Mme Hillman n’était pas disponible pour une entrevue. Sur Twitter, elle remercie le Wilson Centre d’avoir accueilli l’évènement et écrit : « qu’il est essentiel que les gouvernements à tous les échelons collaborent avec les communautés autochtones, les scientifiques, le secteur privé et les experts en techniques et politiques. »

Elle ajoute que les connaissances et les actions des Premières Nations, des Inuits et des Métis dans le Nord offrent des leçons sur la manière d’approcher la région et inspirent la façon dont le Canada collabore avec ses partenaires internationaux.

« La stabilité dans l’Arctique, poursuit-elle sur le site de microblogage, peut s’expliquer par la solide coopération entre les États arctiques et au sein du Conseil de l’Arctique où nous avons travaillé ensemble avec succès aux enjeux et opportunités depuis plus de 20 ans. »

Denis Lord, L'Aquilon

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