Un livre sur l’histoire d’un survivant des pensionnats autochtones du Labrador fait fureur en Pologne

Toby Obed n’a jamais rencontré en personne l’auteure du livre sur sa vie. Ils ont communiqué exclusivement par Skype. (Courtoisie)
L’un des livres « les plus populaires » de la Pologne actuellement raconte l’histoire de l’Inuk Toby Obed, un survivant des pensionnats de Terre-Neuve-et-Labrador. Publié il y a un peu plus d’un mois, 27 śmierci Toby’ego Obeda (Les 27 morts de Tony Obed), s’épuise rapidement dans les librairies.

« [Le livre] est sorti depuis six semaines maintenant et il est déjà salué comme le meilleur et le plus important livre en Pologne cette année, parce qu’il raconte une histoire totalement inconnue dans cette partie du monde », affirme l’auteure des 27 morts de Toby Obed, Joanna Gierak-Onoszko, jointe à Varsovie.

« Elle ne ment pas », assure le critique littéraire polonais, Michał Nogaś.

« C’est vraiment l’un des livres les plus mémorables de 2019, ajoute-t-il. C’est très touchant, et c’est l’un des meilleurs livres écrits et publiés en Pologne. »

Un peu par hasard

Joanna Gierak-Onoszko travaillait comme journaliste pour un journal polonais à Toronto lorsqu’elle est tombée sur une photographie de Toby Obed avec le premier ministre Trudeau.

C’était en novembre 2017, le premier ministre présentait des excuses officielles aux anciens élèves des pensionnats autochtones de Terre-Neuve-et-Labrador. Toby Obed, le demandeur principal dans l’affaire qui a conduit à un règlement pour les survivants du Labrador, acceptait les excuses de Justin Trudeau.

Le premier ministre Justin Trudeau accueille Toby Obed, après avoir présenté des excuses au nom du gouvernement du Canada à d’anciens élèves des pensionnats de Terre-Neuve-et-Labrador. (Andrew Vaughan/La Presse canadienne)

Mme Gierak-Onoszko n’avait jamais écrit de livre auparavant, mais lorsqu’elle a vu la photo, elle savait qu’elle voulait raconter l’histoire de Toby Obed aux gens de son pays.

« Il est un superhéros dont le Canada peut être fier. »

Joanna Gierak-Onoszko

« Lorsqu’elle m’a écrit, je ne savais pas qui elle était et je n’étais pas certain de ce qu’elle voulait exactement », confie le sujet principal du livre.

Joanna Gierak-Onoszko a contacté Toby Obed sur Facebook, mais il n’a pas répondu tout de suite. Elle a finalement pu lui parler après avoir appelé des résidents de Hopedale, au nord de Terre-Neuve-et-Labrador, où il habite.

Ils ont par la suite passé de nombreuses heures à discuter sur Skype.

Toby Obed a raconté comment il avait été enlevé à ses parents et envoyé dans un pensionnat à des centaines de kilomètres de chez lui alors qu’il n’avait que quatre ans.

« Le titre de mon livre, Les 27 morts de Toby Obed, fait référence aux 27 obstacles qu’il a dû surmonter dans sa vie », explique l’auteure.

Joanna Gierak-Onoszko a interviewé d’autres survivants des pensionnats ailleurs au Canada, mais Toby Obed est l’épicentre du livre.

« Pour moi, Toby est invincible, dit-elle. Il est comme un phénix, il renaît toujours de ses cendres. »

Une « popularité silencieuse »

Le critique Michał Nogaś croit que le livre a eu une « popularité silencieuse » en Pologne.

« Le livre n’a pas fait grand bruit au début, puisque c’est le premier livre de Joanna Gierak-Onoszko, dit-il. Mais les gens ont commencé à le recommander à leurs amis et à le partager sur les réseaux sociaux. »

Selon M. Nogaś, Les 27 morts de Toby Obed a attiré parce qu’il choque un peu. « Les Polonais perçoivent le Canada comme un pays libéral et intelligent avec à sa tête un charmant premier ministre, croit le critique. Les gens ne connaissaient pas le passé sombre du Canada. »

Une histoire qui fait écho

Joanna Gierak-Onoszko estime que son livre peut rejoindre ses compatriotes, puisque la Pologne est un pays à majorité catholique, où des histoires d’abus de la part de membres du clergé ont récemment refait surface.

« Nous avons nous aussi nos histoires d’enfants emprisonnés dans des écoles où ils ont été victimes de prêtres et de religieuses, dit Mme Gierak-Onoszko. Donc, l’histoire de Toby et des autres survivants fait écho à ce que vivent des gens en Pologne. »

L’auteure Joanna Gierak-Onoszko (assise) dit que 4000 exemplaires de son livre ont d’abord été imprimés, mais qu’ils sont déjà épuisés. (Edyta Wojciechowska)

« Je pense que c’est une histoire locale, une histoire très canadienne, mais c’est un bon ouvrage pour la Pologne et les autres pays européens aussi », ajoute-t-elle.

Lorsqu’il pense aux gens qui se reconnaissent dans son histoire, Toby Obed croit que des excuses des chefs religieux et étatiques pourraient les aider à passer à autre chose.

« J’espère qu’ils recevront l’aide qu’ils méritent. J’espère qu’ils obtiendront les réponses qu’ils espèrent obtenir », dit-il.

Joanna Gierak-Onoszko parle souvent de Toby Obed à ses fils. « Il est un modèle que mes enfants peuvent suivre, dit-elle. Il peut leur apprendre à être courageux et résilients. »

Joanna Gierak-Onoszko a envoyé un exemplaire de son livre à Toby Obed; mais comme il n’a pas encore été traduit en anglais, M. Obed n’est pas en mesure de le lire. Il s’agit de quelque chose de surréel pour lui.

« Quand je l’ai reçu, je n’en revenais pas. Je le tenais dans mes mains et ç’a été écrit par une femme à l’autre bout du monde que je n’ai jamais rencontrée », se souvient-il.

« On ne se connaît pas, mais qu’elle ait écrit ce livre, c’est très excitant. »

L’éditeur du livre évalue cependant la possibilité de le traduire en anglais.

Si cela arrive, Toby Obed ne pourra s’empêcher de le lire en entier. Plusieurs articles ont été écrits sur son expérience, mais il s’agit du premier livre sur sa vie. « C’est certain que j’ai très envie de le lire », affirme-t-il.

D’après un texte de CBC

Radio-Canada

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