Le Conseil des arts du Canada à la rencontre des artistes du Nord

Le Conseil des arts du Canada a entamé une tournée nordique durant laquelle des artistes feront part des défis auxquels ils font face dans le Nord. Sur cette image, le sculpteur inuit Jomie Aipeelee définit les courbes du boeuf musqué qu’il sculpte dans la pierre de serpentine, à Iqaluit, au Nunavut. (Marc Godbout/Radio-Canada)
Le Conseil des arts du Canada a mis le cap vers l’Arctique canadien pour rencontrer des artistes locaux et mieux comprendre quels sont les défis auxquels ils sont confrontés.

« L’objectif est de comprendre quel est le contexte dans lequel travaillent les artistes et les organismes artistiques et comment [en] tenir compte pour mieux les soutenir dans l’atteinte de leurs objectifs », explique le directeur général du Conseil des arts du Canada, Simon Brault, qui a entamé mardi sa tournée nordique à Whitehorse, la capitale du Yukon. L’organisme public de soutien aux arts a pour mandat de promouvoir l’étude et la diffusion des arts ainsi que la production d’œuvres d’art au pays.

D’ici au 22 août, le directeur général de l’organisme doit se rendre à Dawson City (Yukon), à Yellowknife (Territoires du Nord-Ouest) et à Iqaluit (Nunavut).

Des représentants des gouvernements territoriaux, des associations francophones et des organismes artistiques doivent aussi prendre part aux discussions.

« Le monde entier a besoin d’entendre, de voir et d’être touché par le travail qui est créé dans le Nord, donc nous avons le devoir de décoder ce contexte », soutient-il.

« La clé du succès, c’est de s’adapter et ce n’est pas aux artistes de le faire », croit Simon Brault, qui a entamé cette année son deuxième mandat à la tête du Conseil des arts du Canada. (Vanessa Costa/Radio-Canada)

Après sa tournée nordique, le directeur général croit que l’organisme sera mieux outillé pour adapter ses exigences et qu’il fera preuve de plus de souplesse. « Nous devons comprendre que, dans le Nord, le temps est très élastique, souligne-t-il. Si la glace n’a pas encore fondu dans la baie d’Iqaluit et que des artistes qui y sont attendent des matériaux, alors leur projet risque d’être décalé de plusieurs mois. »

Percer dans le Nord

Coût élevé des déplacements, isolement, manque d’espaces de création et de représentations… Les défis auxquels se heurtent les artistes émergents dans le nord du pays sont multiples. À cela vient s’ajouter l’accès inégal à une connectivité Internet, une couche supplémentaire de complexité pour les artistes qui comptent sur les réseaux sociaux et les plateformes de distribution audio pour gagner de la visibilité.

De nombreux compositeurs comptent sur les réseaux sociaux et les plateformes de distribution audio pour se faire connaître à l’extérieur de leur communauté. C’est le cas de Joey Nowyuk, un chanteur inuk de 23 ans originaire de Pangnirtung, au Nunavut. (Courtoisie de Joey Nowyuk)

« Le Conseil des arts n’est pas nécessairement connu par beaucoup de jeunes artistes dans le Nord », ajoute Simon Brault. D’autres encore baissent les bras devant la forte concurrence entre les artistes, explique-t-il.

« Maintenant, quand on regarde un projet, on s’intéresse beaucoup plus à ce qu’est le projet et non pas à qui est la personne. »

Simon Brault, directeur général du Conseil des arts du Canada

En 2015, l’organisme a mis sur pied un premier programme destiné aux artistes et aux organisations autochtones en prévision des recommandations du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, qui visait à recueillir les témoignages d’Autochtones placés de force dans des pensionnats à travers le pays.

Renforcer le soutien aux arts à toutes les échelles

Malgré les défis auxquels ils se mesurent en amorçant leur carrière, les artistes sont de plus en plus nombreux à se regrouper au sein de collectifs ou à user de créativité pour faire valoir leur art à l’extérieur de leur communauté. Simon Brault cite l’exemple de la Qaggiavuut Arts Society, un organisme de création, de formation et de diffusion basé à Iqaluit.

Il salue aussi l’engouement de la jeune génération pour des enjeux environnementaux et sociaux, desquels ils puisent leur inspiration et qu’ils transposent dans leur art. « Il y a vraiment une rencontre entre une sagesse ancestrale et des enjeux contemporains », pense-t-il.

Selon lui, les centres d’arts situés dans les communautés isolées des trois territoires sont essentiels à la valorisation des arts. « Si on les regarde selon nos définitions habituelles des centres d’exposition, ils n’y correspondent pas vraiment, mais ils jouent un rôle extrêmement important parce qu’ils sont au centre de la vie culturelle et artistique de ces communautés. »

Le Centre culturel Kwanlin Dün offre une vitrine à des artistes de Whitehorse, au Yukon. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

Ce n’est pas la première fois que le Conseil des arts du Canada se rend dans le nord du pays pour prendre le pouls d’artistes et d’organismes culturels. Un exercice similaire a eu lieu en 2015, mais la tournée était restée cantonnée au Nunavut. Simon Brault croit que la prochaine étape sera de se rendre au Nunavik, dans le Nord québécois, pour y rencontrer des artistes inuit.

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