Saimaniq, un concert en hommage aux chants de gorge inuit
Chants de gorge inuit, musique électronique, flûtes japonaises, bulgares et indonésiennes… Le concert Saimaniq, une création musicale métissée qui vise à faire briller la culture inuit, s’apprête à reprendre vie ce mois-ci à Montréal.
« C’est un spectacle qui rend hommage aux chants de gorge inuit, mais ma démarche, à l’origine, est vraiment la rencontre entre différentes cultures », explique la compositrice Katia Makdissi-Warren, aussi directrice artistique de l’ensemble musical Oktoécho, qui se spécialise dans le métissage de musiques moyen-orientales, occidentales et autochtones.
Depuis les dernières années, la formation a notamment joué en France, en Argentine, en Espagne et aux Émirats arabes unis.
En inuktitut, « saimaniq » signifie « paix ». L’idée, explique la compositrice, était de susciter un sentiment de liberté chez l’auditeur en juxtaposant des sonorités qui ne sont habituellement pas perçues comme complémentaires. « C’était d’essayer de trouver quelque chose de nouveau dans le son », résume-t-elle.
En tendant l’oreille, l’auditeur peut percevoir les sons de percussions, de flûtes et d’un violoncelle, sur lesquels s’harmonisent les voix des chanteuses de gorge et de la musique électronique. « Avec [la musique] électronique, on voulait aller chercher des sonorités graves qui laissent de la place aux chanteuses de gorge », décrit-elle.
Espace de rencontre
Katia Makdissi-Warren caressait l’idée de créer un concert autour de chants de gorge inuit depuis plusieurs années, lorsqu’elle a senti que son ensemble musical était prêt à se lancer dans le projet, en 2011.
« Le premier CD que j’ai acheté quand j’étais adolescente était un album sur les chants de gorge inuit, se souvient-elle. Je l’avais entendu à Radio-Canada et j’avais tellement adoré que j’étais ensuite allée m’acheter l’album avec mon argent de poche. »
Le projet a commencé sous la forme d’ateliers exploratoires au fil desquels la compositrice a tenté d’approfondir ses connaissances sur les chants de gorge. Elle a rapidement fait appel aux chanteuses de gorge inuit Nina Segalowitz et Lydia Etok; une collaboration qui a abouti au concert Saimaniq, puis à l’album du même titre, sorti en 2018. « C’était important pour moi que chaque culture soit respectée », explique-t-elle.
Elle ajoute que le processus de création a surtout été l’occasion pour l’ensemble musical d’échanger, d’apprendre et de gagner en complicité. « Même encore aujourd’hui, pendant les répétitions, on parle et on continue d’apprendre », mentionne-t-elle.
Éveiller la curiosité des jeunes
L’ensemble musical a aussi jugé nécessaire d’accompagner ses concerts d’ateliers, offerts dans des écoles, pour mieux faire connaître la culture inuit. « Je trouve qu’il y a encore beaucoup de méconnaissance de la culture inuit et autochtone en général », croit Katia Makdissi-Warren.
Le 12 novembre, deux chanteuses inuit de l’ensemble Oktoécho, Lydia Etok et Nancy Saunders, visiteront d’ailleurs deux classes de deuxième année du primaire, à l’école Sainte-Bernadette-Soubirous, à Montréal.
« Quand on regarde le curriculum offert dans les écoles, il y a peu d’éléments qui portent sur les Autochtones, affirme Lydia Etok, qui est originaire de Kangiqsualujjuaq, au Nunavik, dans le nord du Québec. Nous voulons éveiller l’intérêt et la curiosité des jeunes. »
L’ensemble Oktoécho espère aussi se rendre dans des écoles du Nunavik à partir du mois de mai 2020 pour y offrir des ateliers et des performances extraites du concert Saimaniq.
Saimaniq sera présenté les 7, 14 et 20 novembre dans les maisons de la culture du Plateau Mont-Royal, de Rosemont-La Petite-Patrie et Janine-Sutto (Frontenac).