Des juristes bénévoles viennent en aide aux communautés du Nunavik, dans le Nord québécois

En 2020, un total de 14 juristes (avocats et notaires) bénévoles ont déjà donné conseils, informations et services juridiques à environ 500 citoyens cris et inuit dans quatre communautés du Nunavik. Photo des avocates et des notaires bénévoles de Justice Pro Bono en compagnie de leurs interprètes en inuktitut et en cri, et du secrétaire-trésorier du village de Kuujjuarapik. (Courtoisie : Justice Pro Bono)
Depuis trois ans maintenant, un groupe d’avocats et de notaires viennent en aide aux habitants de communautés du Nunavik, dans le Nord-du-Québec, en leur offrant des services de façon bénévole.

L’idée de ces « cliniques juridiques bénévoles » provient de l’organisme à but non lucratif Justice Pro Bono, dont les membres se sont rendu compte à quel point l’accès aux services judiciaires pouvait être difficile pour les communautés du Nord.

« Notre force, c’est d’être entourés d’avocats, avocates et notaires qui veulent donner de leur temps bénévolement, de façon complètement désintéressée, pour des citoyens ou des communautés vulnérables, explique Nancy Leggett-Bachand, directrice de Justice Pro Bono. Alors évidemment, quand on a entendu parler des difficultés d’accès à la justice dans ces communautés du Nunavik, on s’est dit que c’était un beau projet auquel on pourrait contribuer. »

Afin de répondre le mieux possible aux besoins des populations du Nord, l’organisation a retenu des avocats spécialisés en droit de la famille, en droit civil et petites créances, en protection de la jeunesse et en droit criminel, ainsi que des notaires pour ce qui est des droits de succession.

La première clinique composée de cinq personnes s’est d’abord rendue dans la communauté de Kuujjuaq, la capitale administrative du Nunavik.

Aujourd’hui, c’est un total de 14 juristes (avocats et notaires) bénévoles qui ont donné conseils, informations et services juridiques à environ 500 citoyens cris et inuit. Ces cliniques juridiques se sont déjà rendues dans quatre communautés du Grand Nord, soit Kuujjuaq, Puvirnituq, Kuujjuarapik et Salluit.

Depuis leur lancement en 2017, les cliniques juridiques se sont rendues dans quatre communautés (Kuujjuaq, Puvirnituq, Kuujjuarapik et Salluit) où elles ont aidé environ 500 personnes. (Wikipedia Commons)
L’importance de revenir

Lorsqu’une clinique se rend dans une communauté, elle y reste de trois à cinq jours afin que la population locale ait le temps de comprendre le concept et de rencontrer les juristes.

« Au début, les premières journées sont moins occupées, parce que c’est du bouche à oreille, explique Leggett-Bachand lors d’une entrevue avec Regard sur l’Arctique. Les gens viennent nous voir, retournent dans leur famille, à leur travail où ils vont parler des avocats et notaires bénévoles qu’ils ont rencontrés. Ce qui fait qu’à la dernière journée, on est toujours plus occupés. »

Les cliniques s’engagent aussi à visiter les communautés au moins deux fois, à six mois d’intervalle, afin de maintenir le lien de confiance tissé à la première rencontre et de suivre les dossiers en cours.

Cet engagement répond aussi à une demande des populations locales qui sont habituées à voir des « gens du Sud » leur rendre visite, faire des études et rédiger des rapports pour ne jamais revenir par la suite, souligne la directrice de Justice Pro Bono qui a pris part aux diverses cliniques. 

« C’est vraiment le défi que nous avons quand nous entrons dans les communautés : établir le lien de confiance et faire connaître notre rôle. » Nancy Leggett-Bachand, directrice de Justice Pro Bono

Les bénévoles se rendent aussi dans les écoles afin d’éduquer les jeunes au travail d’avocat et leur expliquer toutes les possibilités qui s’offrent à eux face à la justice.

Afin de faire la promotion de la clinique juridique, les juristes communiquent à l’aide des radios locales des communautés, des groupes Facebook et d’affiches. Mme Maggie Tooktoo, interprète inuktitut, et Me Geneviève Parent, notaire bénévole, diffusent un message à la radio locale de la communauté de Kuujjuarapik. (Courtoisie : Justice Pro Bono)
Tributaire de financements

Ces « cliniques juridiques bénévoles » existent grâce aux financements d’entreprises et d’acteurs privés. Ces fonds permettent de payer le transport des juristes, mais aussi le logement et la nourriture.

Pour les obtenir, Justice Pro Bono organise des soirées de collecte de fonds semblable à celle qui se tiendra le mercredi 19 février.

Environ 340 personnes du monde juridique, mais aussi d’entreprises privées actives dans la région, prendront part à cet événement, dont le thème est la nordicité.

L’art inuit sera notamment à l’honneur avec la présence sur chaque table de diverses sculptures prêtées par la Fédération des coopératives du Nouveau-Québec. Une vidéo de la conservatrice du Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) pour l’art inuit, Lisa Qiluqqi Koperqualuk, elle-même d’origine inuit, sera aussi présentée. Le but de la soirée est de faire connaître la région du Nunavik et les communautés qui y habitent, autant inuit que cries.

« On veut que les gens partent de là en connaissant un peu plus la culture inuit. »Nancy Leggett-Bachand, directrice de Justice Pro Bono

À long terme, l’objectif de Justice Pro Bono est de rendre visite aux 14 communautés du Nunavik. L’organisation prévoit de retourner à Salluit, la seconde communauté la plus au nord du Québec, afin d’honorer sa promesse et de continuer le travail entrepris, puis de se rendre dans la communauté de Kangiqsujuaq, au nord-est du Nunavik.

Pour l’année 2020, la « clinique juridique bénévole » de Justice Pro Bono compte se rendre une seconde fois dans la communauté de Salluit et, pour la première fois, dans la communauté de Kangiqsujuaq. Photo montrant Me Nancy Leggett-Bachand, directrice générale de Justice Pro Bono, et Me Geneviève Parent, notaire bénévole, dans la communauté de Salluit. (courtoisie de Justice Pro Bono)

Les cliniques ont du mal à se rendre dans les communautés plus de deux fois par an en raison des conditions météorologiques, mais aussi des périodes de chasse, par exemple.

Justice Pro Bono a d’autres activités, dont un partenariat médico-juridique à l’hôpital pour enfants de Montréal afin d’aider juridiquement les familles dont les enfants sont hospitalisés. L’organisation a aussi une activité de clinique juridique sur les droits de la famille, intitulée Porte 33, qui aide les personnes qui veulent mettre fin à leur union.

Mais c’est la clinique juridique au Nunavik dont Nancy Leggett-Bachand est la plus fière. Les résultats concrets observés après chaque visite sont ce qui l’anime.

« Quand on quitte les communautés le soir, on voit les petites lumières, au loin, des maisons, raconte Nancy Leggett-Bachand. On a réussi à allumer des petites lumières dans les foyers, que ce soit auprès des enfants qu’on a rencontrés à l’école secondaire, auprès des mamans, des parents. On peut voir de visu l’effet positif qu’on apporte dans les communautés, et ça, c’est très riche pour nous. »

Mathiew Leiser, Regard sur l'Arctique

Né dans le sud de la France d'une mère anglaise et d'un père français, Mathiew Leiser a parcouru le monde dès son plus jeune âge. Après des études de journalisme international à Londres, il a rapidement acquis différentes compétences journalistiques en travaillant comme journaliste indépendant dans divers médias. De la BBC à l'Agence France Presse en passant par l'agence d'UGC Newsflare, Mathiew a acquis de l'expérience dans différents domaines du journalisme. En 2019, il décide de s'installer à Montréal pour affronter les hivers rigoureux et profiter des beaux étés mais surtout développer son journalisme. Il a rapidement intégré Radio Canada International où il s'efforce de donner le meilleur de lui-même au sein des différentes équipes.

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