Les défis des familles d’accueil en temps d’isolement dans le nord-ouest canadien

Pour la mère d’accueil Claire, le fait que ses enfants sont heureux et en bonne santé demeure la priorité en ces temps de pandémie. (Chantal Dubuc/Radio-Canada/CBC)
Une mère d’accueil des Territoires du Nord-Ouest admet qu’il n’est pas facile de conserver le contact avec les familles biologiques des enfants alors que la pandémie impose l’isolement.

Tandis qu’elle essaie d’instaurer une routine pour que les enfants dont elle a la garde s’épanouissent, Claire (nom fictif pour protéger l’anonymat des enfants) doit veiller aussi à ce que ces derniers ne perdent pas le lien avec leurs parents. C’est d’autant plus important qu’elle s’occupe de cinq enfants ayant des besoins spéciaux et qu’ils ont tous moins de 11 ans.

« Beaucoup de mes enfants ont un traumatisme grave. Ils se portent vraiment bien parce qu’ils sont nourris tous les jours, ils sont dans un endroit sûr et ils ne subissent pas les pressions de l’école. »Claire

Cependant, la mère d’accueil ne peut pas en dire autant de leur famille biologique. Par mesure de précaution pendant la pandémie, les visites en personne entre les enfants et leurs parents ont été suspendues. Les contacts sont réduits au téléphone ou à l’appel vidéo.

« J’ai remarqué qu’il y a plus de familles qui souffrent de toxicomanie. »Claire

Ce qui est le plus décourageant, ce sont les changements qu’elle a constatés chez certains des parents qu’elle connaissait et qui se battaient pour avoir la garde de leurs enfants, explique-t-elle. « J’ai l’impression que beaucoup de familles qui ont travaillé très dur pour retrouver leurs enfants réfléchissent probablement à ce qui est important parce qu’elles ne savent pas quand ce sera la fin. »

« Elles sont seules et beaucoup d’endroits où elles pouvaient aller et se retrouver ne sont plus ouverts. C’est donc difficile, je pense, pour beaucoup de ces familles [biologiques]. »Claire

Tammy Roberts, directrice de la Coalition des familles d’accueil des Territoires du Nord-Ouest, affirme que la pandémie de la COVID-19, avec son lot de stress, aura très probablement une autre conséquence inquiétante, qui est l’augmentation du nombre d’enfants placés.

« Ce que je prédis, c’est la même chose qui se produit généralement lorsque les enfants ne sont pas à l’école, ils ne sont pas accompagnés par un adulte qui évalue comment ils se portent. Habituellement, après l’été ou les vacances de Noël, il semble y avoir une hausse des enfants qui sont pris en charge par le système », observe Mme Roberts.

Tammy Roberts est la directrice générale de la Coalition des familles d’accueil des T.N.-O. (Kate Kyle/Radio-Canada)
La relève pour du répit

Comme de nombreux parents, Claire trouve difficile le sentiment de culpabilité qui surgit lorsqu’elle a besoin d’une pause et de s’isoler. Tammy Roberts affirme que sa coalition et le ministère de la Santé et des Services sociaux du territoire s’efforcent de répondre à cette situation en mettant en place des services de relève.

Les travailleurs de répit qui se rendent dans des foyers d’accueil pour accorder une pause aux parents sont toujours en nombre insuffisant, mais ils sont plus nécessaires que jamais.

« Beaucoup de nos foyers d’accueil ont plus d’un enfant ou peut-être un enfant qui a un comportement difficile. Donc, tout soulagement que nous pouvons offrir aux gens est bénéfique. »Tammy Roberts, directrice, Coalition des familles d’accueil des T.N.-O.

La directrice de la Coalition des familles d’accueil des T.N.-O. sait à quel point leur présence est essentielle : « Je pense que tous les gardiens recherchent actuellement de petites pauses alors qu’ils doivent rester à l’intérieur 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 avec leur famille. »

C’est pourquoi la Coalition essaie de trouver deux travailleurs de répit pour aider la mère d’accueil de cinq enfants pendant la journée. Cependant, Claire souhaite avant tout que ces enfants s’épanouissent. « C’est une période où mes enfants sont sérieusement traumatisés et ont tellement de soucis à l’esprit. (…) Notre principale préoccupation est qu’ils soient heureux tous les jours, qu’ils ne soient pas anxieux, puis nous nous inquiéterons des autres choses », conclut-elle.

D’après les informations de Hilary Bird

Noémie Moukanda, Radio-Canada

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