Vers une alternative au diesel dans les Territoires du Nord-Ouest canadien
Cinq ans pour réduire de 50 % les gaz à effets de serre. Le 22 avril dernier, l’organisation Alternatives North, basée à Yellowknife, publie un rapport intitulé « Urgence climatique : sortir les Territoires du Nord-Ouest du diésel ».
En 42 pages, les auteurs exposent les divers moyens permettant de réussir à réduire peu à peu les émissions de CO2 aux Territoires.
Ces solutions pour l’avenir germent depuis décembre 2019 dans la tête d’Andrew Robinson et de Lachlan Maclean. Tous deux œuvrent pour Alternatives North en tant que consultants en énergies renouvelables.
Selon la courte présentation visible sur la seconde page du rapport, si l’on combine leurs carrières respectives, « ils ont 25 ans d’expérience en gestion d’actifs et en analyse de solutions d’énergie renouvelable pour les collectivités et les mines du Nord-Ouest canadien ».
Constat et solutions
Par rapport à l’ensemble du Canada, les émissions de gaz à effet de serre aux
ne sont pas les plus élevées.« Comparés aux grandes villes, notre consommation générale est moindre, cependant, au prorata de la population, on bat des records, détaille Andrew Robinson. On se rapproche de l’Arabie Saoudite, qui est l’un des pays les plus polluants au monde. »
Dans un graphique datant de 2017, on peut observer que la plus grande part des émissions est causée par le transport par véhicules lourds (36,4 %). Les conditions extrêmes dues aux températures sont également une des causes majeures de la forte consommation (21 %). La troisième est liée aux mines (17,5 %).
Pour le consultant, il existe un grand nombre de solutions qui pourraient être décidées par le GTNO afin de diminuer drastiquement les émissions.
On retrouve le recours au diésel « vert », fait à partir d’huile végétale, le chauffage par biomasse ou encore, l’investissement dans les crédits carbone (ou crédits compensatoires).
Selon le site Planetair, qui permet de répondre aux questions sur la consommation des particuliers et entreprises, la définition est « une unité de mesure correspondant à une tonne d’équivalent CO2, […] utilisée pour faciliter les transactions visant à réduire l’impact des activités humaines sur le climat ».
Ainsi, investir dans les énergies renouvelables en dehors de sa région permettrait d’avoir un impact sur son environnement.
La jeunesse en première ligne
Un des principaux moteurs des deux rédacteurs est la motivation des jeunes pour alerter et sensibiliser aux changements climatiques. « Aux TNO, nombreux étaient les adolescents qui ont répondu à l’appel de Greta Thunberg en faisant la grève les vendredis (Fridays For Future en anglais) », tient à rappeler Andrew Robinson.
D’après lui, le problème principal est que le changement climatique n’arrive qu’en « numéro 12 » des préoccupations des gouvernements.
« Cela devrait être le numéro un, parce que si l’on tente de le résoudre, les autres problèmes suivront », assure-t-il. Il prend spécifiquement le sujet de la fonte des glaces : « Comment avoir des mines, la principale économie des TNO, si la neige fond ? »
Problème économique
Le consultant pointe également du doigt la construction des logements récents à Yellowknife.
« Le GTNO a décidé d’annuler, il y a quelques années, la construction de maisons et appartements plus écologiques, la population n’était pas contente, mais rien a changé pour l’instant », atteste-t-il.
Le chercheur insiste sur le fait que le cout de la vie devrait être réduit afin que tout le monde puisse en profiter.
« Quand on voit des pays d’Afrique qui eux n’ont absolument pas les moyens d’avoir par exemple des panneaux solaires, aux TNO, on a assez de budget à consacrer à la transition », maintient-il avant d’ajouter : « Le gouvernement a réussi à imposer des mesures à une rapidité sans égale pour contrer la propagation de la COVID-19, pourquoi ne pourrait-il pas faire de même pour sauver le climat ? »
Une rencontre avec le GTNO et Alternative North avait été programmée selon Andrew Robinson, mais le rendez-vous a été annulé, sans proposition de nouvelle date.
« Si nous ne réagissons pas plus vite, le montant à impulser dans la transition écologique va devenir de plus en plus important, affirme M. Robinson. Il faut réagir maintenant, il n’est pas trop tard. »