Conclusions d’une étude controversée sur les risques liés à l’alcool dans l’Arctique canadien

Des autocollants soulignant les der la consommation d’alcool. (Gouvernment du Yukon)
Une étude scientifique financée par Santé Canada sur la consommation d’alcool qui avait semé la controverse en 2017 auprès des producteurs de bière démontre que les gouvernements ont le devoir d’étiqueter les boissons alcoolisées.

L’étude, menée en partie par le Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies à l’Université de Victoria, a voulu mesurer l’impact d’autocollants de prévention sur la consommation d’alcool des habitants de Whitehorse par rapport à ceux de Yellowknife où aucun étiquetage n’a été utilisé.

Deux autocollants apposés sur environ 300 000 bouteilles étaient à l’étude : un premier montrait le nombre de verres maximum recommandé pour les hommes et les femmes alors que l’autre indiquait le lien entre l’alcool et le risque d’avoir un cancer.

L’industrie démentie par les chercheurs

L’industrie des fabricants d’alcool avait vite présenté des réticences devant l’étude en remettant en question par exemple la validité d’un lien possible entre la consommation d’alcool et les risques de cancer que reconnaît l’Organisation mondiale de la santé.

À l’époque, l’association Beer Canada remettait également en cause l’autorité du Yukon d’apposer un étiquetage sur ses produits sans en avoir l’autorisation préalable, évoquant une possible diffamation.

Le gouvernement avait alors interrompu l’étude pendant trois mois, puis trouvé un terrain d’entente en acceptant de retirer l’autocollant sur les risques de cancer, mais en poursuivant tout de même l’étude.

Les chercheurs ont ainsi ajouté une recherche spécifique sur la légalité de l’argument de l’industrie, ainsi qu’une analyse de la couverture médiatique.

Kate Vallance, chercheuse adjointe du Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies de l’Université de Victoria, a elle-même apposé les avertissements sur les bouteilles. (Photo : Kate Vallance)

Conclusion, selon la chercheuse adjointe Kate Vallance, du Centre canadien de lutte contre l’alcoolisme et les toxicomanies : les gouvernements ont non seulement l’autorité pour prévenir les consommateurs, mais aussi la responsabilité légale de le faire.

« La recherche légale démontre que l’industrie a soulevé accidentellement une question critique pour les provinces et les territoires [à savoir si] les gouvernements ont le devoir d’informer le public des risques associés à la consommation de leurs produits. Le fait qu’il n’y a pas d’autocollants est en soi un risque pour les gouvernements de faire l’objet de poursuites. »

Kate Vallance affirme que toute la saga entourant la tenue de l’étude et « l’ingérence » de l’industrie a permis d’élargir le spectre de l’étude.

« Normalement, nous aurions simplement présenté nos résultats, mais l’histoire est devenue beaucoup plus importante quand l’industrie s’est déclarée mécontente. Les autocollants sur le cancer ont en fait attiré beaucoup plus l’attention, ce qui, en soi, était de l’ingérence. » Kate Vallance, chercheure adjointe, Centre canadien de lutte contre l'alcoolisme et les toxicomanies

La chercheuse affirme que ces conclusions obtenues en raison de la tournure des événements n’étaient pas celles que l’équipe scientifique avait prévues.

Des résultats concluants

L’étude considérée comme unique en son genre contient 10 documents de recherche allant de l’impact des autocollants à la connaissance du public des risques de cancer en passant par la validité des arguments juridiques de l’industrie ainsi qu’une analyse de la couverture médiatique.

La chercheuse Kate Vallance affirme sans équivoque que les résultats de l’hypothèse de base sur l’impact des autocollants sont concluants : « Ça marche! »

« Les participants à qui nous avons parlé au Yukon avaient une connaissance accrue des risques de cancer, une meilleure habileté à estimer ce qu’est un verre standard, un bon souvenir des lignes directrices de consommation [comparativement] aux Territoires du Nord-Ouest, où ces connaissances sont demeurées les mêmes. »

Les quelque 300 000 autocollants colorés que portaient les bouteilles de la succursale de Whitehorse de la Société des alcools pendant quelques mois entre 2017 et 2018. (Photo : Kate Vallance)

Kate Vallance a même constaté que 10 % de répondants de plus étaient susceptibles de se souvenir du lien entre la consommation d’alcool et le cancer, et que 50 % étaient plus susceptibles de se souvenir des limites de consommation.

La recherche relative aux ventes a quant à elle démontré qu’une réduction de 6,6 % des ventes par habitant a été enregistrée sur les produits étiquetés par rapport à ceux qui ne l’étaient pas.

Les porte-parole du gouvernement yukonnais affirment que la Société des alcools et le Cabinet prennent connaissance des résultats de l‘étude et entendent y répondre cette semaine.

Beer Canada n’a pas encore indiqué si elle allait réagir à cette information.

Avec les informations de Chris Windeyer

Mathiew Leiser, Regard sur l'Arctique

Né dans le sud de la France d'une mère anglaise et d'un père français, Mathiew Leiser a parcouru le monde dès son plus jeune âge. Après des études de journalisme international à Londres, il a rapidement acquis différentes compétences journalistiques en travaillant comme journaliste indépendant dans divers médias. De la BBC à l'Agence France Presse en passant par l'agence d'UGC Newsflare, Mathiew a acquis de l'expérience dans différents domaines du journalisme. En 2019, il décide de s'installer à Montréal pour affronter les hivers rigoureux et profiter des beaux étés mais surtout développer son journalisme. Il a rapidement intégré Radio Canada International où il s'efforce de donner le meilleur de lui-même au sein des différentes équipes.

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