Les entrepreneurs touristiques ont la mine basse dans le nord-ouest canadien
La pandémie de COVID-19 a donné un sérieux coup au tourisme yukonnais. Sylvain Turcotte de l’entreprise Boréale Explorers veut garder le regard vers l’avenir, mais il a du mal à cacher un ton morose : « on est allé de 100 miles à l’heure à zéro. »
L’entrepreneur à l’origine du mouvement de vélo de montagne en arrière-pays a passé la dernière décennie à construire son entreprise. « C’est comme un deuil qui faut faire. On a travaillé tellement fort pour en arriver là. »
Période des décisions
Pour bien des entreprises touristiques, le printemps correspond au renouvellement des polices d’assurance, des permis commerciaux et des certifications en tous genres. Une période qui peut s’avérer coûteuse et déterminante, selon Maxime Gouyou-Beauchamps de l’entreprise Terre boréale.
Du côté de Dawson, Jesse Cook de Klondike Experience – qui offre des navettes vers Whitehorse et des tours guidés en fourgonnettes – a choisi pour l’instant de stationner tous ces véhicules en attendant d’avoir des nouvelles des restrictions sanitaires à venir.
« C’est une période très dispendieuse en tourisme et on n’a pas de réservations alors c’est épeurant un peu peu. […] En majorité la saison est annulée, donc tous les tours d’une journée. Mais moi je suis là, je réponds au téléphone et au courriel et, si jamais que j’avais un groupe, je pourrais [l’offrir]. »
Aide gouvernementale
Le gouvernement du Yukon a annoncé le mois dernier l’injection d’un million de dollars supplémentaires dans le programme de subventions aux activités de commercialisation.
Les critères ont par ailleurs été élargis pour permettre aux entreprises de faire de la promotion sur le marché local et régional.
Les trois entrepreneurs questionnés sont tous en faveur de l’initiative et croient par ailleurs que l’aide des gouvernements aux entrepreneurs est bienvenue. Mais aucun ne pense pouvoir orienter son offre vers le marché local.
Pour Jesse Cook, dont le client principal était les milliers de passagers du croisiériste Holland America, pas possible de justifier les investissements pour un volume régional. « Sans eux, c’est vraiment impossible d’offrir tous nos produits. »
Maxime Gouyou-Beauchamps de son côté ne voit pas comment ses randonnées pédestres ou en canoë pourraient être adaptées à un marché local déjà avide de plein air ni même en fonction des règles de distanciation en place. « On regarde les possibilités », affirme-t-il.
L’espoir
Les fourgonnettes de Klondike Experience qui font habituellement le trajet vers Whitehorse pourraient reprendre le premier juillet si les directives sanitaires le permettent, explique Jesse Cook.
Sylvain Turcotte de Boréale Explorers étudie les possibilités pour « survivre les prochains mois et les prochaines années » en envisageant les possibilités. Il lui a toutefois fallu licencier ses trois employés à temps plein le temps de la crise.
« On va essayer de rester positifs. On n’a aucun cas présentement, souligne-t-il. Si on gère bien ça, on va [pouvoir] faire des activités dehors. »
Maxime Gouyou-Beauchamps n’a pas encore décidé si la saison de son entreprise est complètement annulée et s’il lui faudra trouver un emploi.
« On est toujours un petit peu dans le flou à savoir si la saison va se dérouler ou pas, c’est compliqué pour nous de s’engager auprès d’un employeur en disant je serai là, mais en fait je suis pas sûre que je serai là pendant plus de deux ou trois mois. »