Arctique canadien : lutter contre l’insécurité alimentaire des jeunes d’Iqaluit, un déjeuner à la fois
Malgré la fermeture des écoles du Nunavut, un programme de repas scolaires maintenu par des habitants d’Iqaluit offre chaque matin des déjeuners à plusieurs centaines d’enfants dans le besoin.
Ce qui devait servir à nourrir quelques élèves d’Iqaluit s’est transformé en véritable usine de distribution de déjeuners.
Du lundi au vendredi, entre 8 h 30 et 11 h 00, une poignée de bénévoles s’attellent à la tâche pour distribuer des petits déjeuners aux enfants de la communauté.
« Notre objectif initial était de nourrir 200 enfants par jour, puis s’est passé à 240 […] et maintenant on a atteint les 500 enfants », se réjouit Jason Rochon, un adjoint d’aide aux élèves à l’école primaire Joamie, où il dirige, durant l’année, un programme de petits déjeuners.
Insécurité alimentaire
Les quelque 20 bénévoles disposent chaque matin les sacs de provisions sur des tables extérieures installées à 3 emplacements d’Iqaluit. « On essaye de faire venir seulement une personne par famille pour respecter la distanciation sociale, dit-il. On ne veut pas provoquer trop d’achalandage. »
Des fruits frais, du yogourt, des céréales, du lait, du fromage : les aliments distribués sont achetés à bas prix à l’épicerie DJ Specialities d’Iqaluit, puis emballés à même son entrepôt.
« Ils nous vendent les sacs de déjeuners à un prix unitaire de 5 $, explique Jason Rochon. Dans le Nord, une pomme peut coûter jusqu’à 2 $, alors je suis vraiment satisfait du prix qu’ils nous font. »
La fermeture des écoles, le 17 mars, menaçait non seulement la survie du programme, mais aussi la sécurité alimentaire de nombreuses familles dans le besoin.
Le Nunavut arrive en tête des provinces et territoires du pays les plus touchés par l’insécurité alimentaire. En 2018, 57 % des ménages en souffraient, selon Statistique Canada.
Jennie Dawson Smith, une enseignante à l’école primaire Aqsarniit d’Iqaluit, raconte avoir, elle aussi, senti l’urgence de mettre la main à la pâte. « Les enfants à Iqaluit ont besoin de ce programme […] Donc c’était pour moi la meilleure manière d’offrir mon aide, explique-t-elle. N’étant pas à l’école, je n’avais pas le choix. »
« La réponse est plus que positive »
Après avoir fait appel à quelques amis, puis entamé des demandes de financement, Jason Rochon constate que l’engouement de la communauté pour l’initiative a été fulgurant. Des habitants d’autres communautés du territoire ont aussi communiqué avec lui sur Facebook pour savoir quelles avaient été ses démarches.
La distribution de déjeuners requiert un budget hebdomadaire d’environ 12 500 $, explique Jason Rochon.
Des dons citoyens et un financement de 25 000 $ alloué par l’association inuit Nunavut Tunngavik suffiront, selon lui, à maintenir le programme en vie jusqu’à la fin du mois d’avril.
Il espère aussi recevoir l’appui du Club des petits déjeuners, qui offre des repas à des enfants démunis et à leurs familles.
Avec la prolongation de la fermeture des écoles du territoire, Jason Rochon assure qu’il poursuivra la distribution des déjeuners tant que les dons le lui permettront.