La passion d’un pagayeur belgo-canadien pour l’eau vive au Yukon

Photo d’archives des jeunes membres du club de canot-kayak en eau vive du Yukon. Le sport se développe depuis des décennies au territoire. (Club de canoë-kayak du Yukon)
La saison de pagaie en eau vive est bel et bien lancée au Yukon. Tous les lundis, depuis des décennies, des jeunes enfilent leurs combinaisons isothermiques et s’élancent dans les rapides du fleuve Yukon sous le regard bienveillant de leurs instructeurs. Un gage bien réel de l’impact du légendaire Bob Daffe.

Du haut de ses deux mètres, le Belge d’origine est un visage indissociable de la popularité du canoë-kayak au territoire.

Récemment intronisé au Temple de la renommée sportive du Yukon, le pagayeur demeure humble face aux honneurs, quasiment repentant. Bob Daffe l’admet d’emblée : la rivière, ça a toujours été une question de plaisir, et ça l’est encore.

Robert Daffe a été intronisé au Temple de la renommée sportive du Yukon au début du mois de juin pour sa grande contribution au sport de canoë-kayak en eau vive. (Tatsenshini Expediting)
« Quand j’ai commencé le canot, c’était le grand amour et je suis passé au kayak. […] J’ai voulu avoir du plaisir pour la grande partie de ma vie et être sur l’eau était amusant et le club de canoë-kayak était vraiment un bon endroit pour avoir du bon temps et rencontrer des gens. »Bob Daffe, pagayeur

L’ancien président du club de canoë-kayak, John Quinsey, affirme que personne ne peut transmettre la passion du sport comme Bob Daffe. Cet honneur lui revient sans contredit. « Il vit et respire la rivière. Je ne connais personne qui est aussi passionné et depuis aussi longtemps », dit-il.

Ancien novice sous l’aile de Bob Daffe, Olivier Roy-Jauvin renchérit. « Il est aussi extrêmement généreux, toujours là pour les gens dans sa communauté, pour aider. Il a toujours emmené les gens pagayer, peu importe qui et peu importe le niveau. »

La passion de l’eau vive

Robert, ou Bob comme on l’a toujours surnommé, a adopté le canot puis le kayak d’eau vive presque par hasard après son arrivée au territoire en 1969. Il a participé au fil des ans au développement du sport, créant entre autres une entreprise de descente en radeau sur la rivière Tatshenshini. C’est son fils Kevin qui a aujourd’hui repris les rênes.

Sa plus grande réussite, à ses yeux et ceux des autres, est d’avoir su insuffler la passion aux plus jeunes. Son ton laisse entendre de la fierté à l’idée de voir la jeune génération reprendre le flambeau.

De très nombreux jeunes ont profité des ateliers du club de canoë-kayak du Yukon au fil des ans. (Club de canoë-kayak du Yukon)
« C’est probablement le plus grand plaisir de ma vie de voir tous ces jeunes à qui on a enseigné quand ils étaient petits. Ils étaient si petits et là ils ont grandi. […] Les voir sur la rivière en train d’enseigner aux enfants, c’est notre [héritage] on a passé l’esprit du sport. C’est parfait. »Bob Daffe

L’un de ces grands succès, c’est Olivier Roy-Jauvin, Franco-Yukonnais de 30 ans qui a fait ses débuts dans le club de canoë-kayak, a participé à de grandes compétitions et enseigne maintenant aux plus jeunes.

« Bob, c’est quelqu’un de très aventureux dans le fond, quelqu’un d’inspirant pour beaucoup de gens. On a tous nos peurs des fois d’aller faire des expéditions, mais Bob s’est toujours poussé pour sortir et aller plus loin. »

Olivier Roy-Jauvin parle de Bob Daffe comme de son « mentor, modèle et ami ». Avec lui, le jeune pagayeur a passé sept étés sur la rivière Tatshenshini et plusieurs voyages au Colorado, au Népal et au Chili où Bob Daffe a dirigé une entreprise de descente en eau vive pendant 20 ans.

Le sport a beaucoup évolué depuis les années 1970, à commencer par l’équipement. Les histoires de l’époque transportent l’imaginaire des pagayeurs d’aujourd’hui.

« Tu écoutes ses histoires [où il raconte] qu’il fabriquait ses propres kayaks avec de la fibre de verre. Il prenait deux pagaies de canot et les joignait ensemble au milieu. C’était de l’apprentissage en faisant des erreurs et en descendant des rivières  », dit Olivier Roy-Jauvin.

La notion du risque

John Quinsey affirme que Bob Daffe a une aptitude hors du commun pour encourager les adeptes comme lui à se dépasser. « Je crois que sa plus grande contribution a été de mettre les gens au défi. »

Des ateliers de sécurité en eau froide sont offerts au printemps à Whitehorse. (Claudiane Samson/Radio-Canada)

« Bob était vraiment doué pour rendre les gens excités à l’idée de monter en radeau et que c’était un peu dangereux. Il pouvait avoir l’air de ne pas se préoccuper de la sécurité, mais il était en fait toujours très conscient de tout ce qui se passait sur la rivière », dit John Quinsey.

Ce dernier souligne qu’après avoir guidé des centaines, voire des milliers de clients sur l’eau, Bob Daff a démontré à maintes reprises toute l’attention qu’il porte à la sécurité.

La retraite

« Je vais sur les rivières quand je veux, j’ai pris ma retraite, mais j’enseigne toujours et je continue de vivre ma vie que je vivais avant dans un sens sans avoir besoin de faire de la paperasse. »Bob Daffe

Bob Daffe enseigne aujourd’hui les techniques de secours en eau vive. Il croit toutefois qu’il existe encore des mythes entourant le réel danger.

« La moitié des personnes noyées aux USA et au Canada chaque année ne portaient pas de gilet de sauvetage. Ça fait 30 ans que je regarde ces statistiques-là et ça fait 30 ans que c’est la même chose », affirme le pagayeur.

Aujourd’hui toutefois, c’est un retour au pur plaisir de l’eau pour Bob Daffe qui a l’intention de poursuivre la découverte de nouveaux cours d’eau.

Claudiane Samson, Radio-Canada

Pour d’autres nouvelles sur le Canada, visitez le site de Radio-Canada.

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *