La passion d’un pagayeur belgo-canadien pour l’eau vive au Yukon

La saison de pagaie en eau vive est bel et bien lancée au Yukon. Tous les lundis, depuis des décennies, des jeunes enfilent leurs combinaisons isothermiques et s’élancent dans les rapides du fleuve Yukon sous le regard bienveillant de leurs instructeurs. Un gage bien réel de l’impact du légendaire Bob Daffe.
Du haut de ses deux mètres, le Belge d’origine est un visage indissociable de la popularité du canoë-kayak au territoire.
Récemment intronisé au Temple de la renommée sportive du Yukon, le pagayeur demeure humble face aux honneurs, quasiment repentant. Bob Daffe l’admet d’emblée : la rivière, ça a toujours été une question de plaisir, et ça l’est encore.

L’ancien président du club de canoë-kayak, John Quinsey, affirme que personne ne peut transmettre la passion du sport comme Bob Daffe. Cet honneur lui revient sans contredit. « Il vit et respire la rivière. Je ne connais personne qui est aussi passionné et depuis aussi longtemps », dit-il.
Ancien novice sous l’aile de Bob Daffe, Olivier Roy-Jauvin renchérit. « Il est aussi extrêmement généreux, toujours là pour les gens dans sa communauté, pour aider. Il a toujours emmené les gens pagayer, peu importe qui et peu importe le niveau. »
La passion de l’eau vive
Robert, ou Bob comme on l’a toujours surnommé, a adopté le canot puis le kayak d’eau vive presque par hasard après son arrivée au territoire en 1969. Il a participé au fil des ans au développement du sport, créant entre autres une entreprise de descente en radeau sur la rivière Tatshenshini. C’est son fils Kevin qui a aujourd’hui repris les rênes.
Sa plus grande réussite, à ses yeux et ceux des autres, est d’avoir su insuffler la passion aux plus jeunes. Son ton laisse entendre de la fierté à l’idée de voir la jeune génération reprendre le flambeau.

L’un de ces grands succès, c’est Olivier Roy-Jauvin, Franco-Yukonnais de 30 ans qui a fait ses débuts dans le club de canoë-kayak, a participé à de grandes compétitions et enseigne maintenant aux plus jeunes.
« Bob, c’est quelqu’un de très aventureux dans le fond, quelqu’un d’inspirant pour beaucoup de gens. On a tous nos peurs des fois d’aller faire des expéditions, mais Bob s’est toujours poussé pour sortir et aller plus loin. »
Olivier Roy-Jauvin parle de Bob Daffe comme de son « mentor, modèle et ami ». Avec lui, le jeune pagayeur a passé sept étés sur la rivière Tatshenshini et plusieurs voyages au Colorado, au Népal et au Chili où Bob Daffe a dirigé une entreprise de descente en eau vive pendant 20 ans.
Le sport a beaucoup évolué depuis les années 1970, à commencer par l’équipement. Les histoires de l’époque transportent l’imaginaire des pagayeurs d’aujourd’hui.
« Tu écoutes ses histoires [où il raconte] qu’il fabriquait ses propres kayaks avec de la fibre de verre. Il prenait deux pagaies de canot et les joignait ensemble au milieu. C’était de l’apprentissage en faisant des erreurs et en descendant des rivières », dit Olivier Roy-Jauvin.
La notion du risque
John Quinsey affirme que Bob Daffe a une aptitude hors du commun pour encourager les adeptes comme lui à se dépasser. « Je crois que sa plus grande contribution a été de mettre les gens au défi. »

« Bob était vraiment doué pour rendre les gens excités à l’idée de monter en radeau et que c’était un peu dangereux. Il pouvait avoir l’air de ne pas se préoccuper de la sécurité, mais il était en fait toujours très conscient de tout ce qui se passait sur la rivière », dit John Quinsey.
Ce dernier souligne qu’après avoir guidé des centaines, voire des milliers de clients sur l’eau, Bob Daff a démontré à maintes reprises toute l’attention qu’il porte à la sécurité.
La retraite
Bob Daffe enseigne aujourd’hui les techniques de secours en eau vive. Il croit toutefois qu’il existe encore des mythes entourant le réel danger.
« La moitié des personnes noyées aux USA et au Canada chaque année ne portaient pas de gilet de sauvetage. Ça fait 30 ans que je regarde ces statistiques-là et ça fait 30 ans que c’est la même chose », affirme le pagayeur.
Aujourd’hui toutefois, c’est un retour au pur plaisir de l’eau pour Bob Daffe qui a l’intention de poursuivre la découverte de nouveaux cours d’eau.