Le territoire canadien du Yukon dénombre 33 espèces de moustiques… pour l’instant
Les Yukonnais ont l’habitude : d’année en année, au printemps, des moustiques à la taille impressionnante font leur apparition, suivis d’une vague de tout petits qui prennent leur place. Si ce phénomène laisse croire que les uns sont les enfants des autres, il n’en est rien, explique un expert en insectes.
Le Yukon dénombre 33 espèces de moustiques différentes, ce qui donne l’embarras du choix à ceux qui aiment les détester.
Expert des moustiques du territoire, le postdoctorant Daniel Peach, de l’Université de Colombie-Britannique, et directeur de la société d’entomologie de la même province, a découvert ces dernières années quatre nouvelles espèces de moustiques et cinq nouveaux genres.
Selon lui, ces bestioles sont fascinantes et offrent de nombreuses raisons de s’y intéresser.
Si l’insecte est dangereux dans bien des parties du monde, Daniel Peach admet qu’au Yukon il n’y a pas de quoi s’alarmer. Au-delà du dessein vampirique du moustique, il y a, souligne-t-il, toute une vie secrète encore mal connue tant des chercheurs que du public.
Le cycle de vie des moustiques :
- Oeuf
- Larve aquatique
- Nymphe
- Adulte
- Reproduction (repas sanguin)
- Ponte d’oeufs
Différentes espèces, différentes moeurs
Ce sont les femelles qui cherchent une source de sang pour nourrir leurs oeufs avant de les pondre, mais la principale source de nourriture demeure pour toutes les espèces, et certainement tous les mâles, le nectar de fleurs, souligne Daniel Peach.
En fait, certaines espèces se nourrissent exclusivement de nectar floral, et d’autres ne s’approcheront jamais du sang humain, préférant plutôt celui des reptiles ou des oiseaux.
« On vient de trouver en Floride une espèce qui se nourrit exclusivement de sang d’amphibien », affirme l’expert, le regard pétillant.
Comment survivre à l’hiver?
Avec du gras, évidemment. Les spécialistes l’appellent « le moustique impatient » ou « le moustique des temps frais » ou « des étangs d’hiver » ou tout simplement « l’Alaskien ».
Daniel Peach souligne ainsi que ces moustiques du printemps ont réussi à survivre à l’hiver yukonnais dans leur forme adulte en hibernant dans des piles de roches ou des endroits secs comme une remise de jardin. « Ils sont âgés de plusieurs mois au printemps », lance le chercheur.
« Il y existe une espèce connue pour hiberner dans les huttes de castors, s’ils arrivent à en trouver. L’endroit est chaud et offre une bonne source de sang. »
À quoi servent-ils?
En plus de faire partie intégrante de la chaîne alimentaire, le moustique pourrait bien jouer un rôle important dans la pollinisation, si l’hypothèse de Daniel Peach se confirme.
La réponse pourrait permettre de déterminer si le maringouin est un pollinisateur ou pas. « Dans un monde où la population des pollinisateurs est en déclin, il est probablement important de regarder [les moustiques] de plus près et de tenter de comprendre ce qui se passe avec eux. »