Les Inuit surreprésentés dans les cas de COVID-19 au sein des prisons fédérales canadiennes

L’Établissement Joliette, une prison fédérale pour femmes, est l’un des cinq centres identifiés par l’enquêteur correctionnel du Canada où l’éclosion de COVID-19 est « contenue ». (Ryan Remiorz/La Presse Canadienne)
L’enquêteur correctionnel du Canada rapporte que les détenus inuit sont surreprésentés dans les données des cas de COVID-19 recensés au sein des pénitenciers fédéraux depuis le début de la pandémie.

Dans son plus récent rapport, publié le 19 juin, Ivan Zinger note qu’« un nombre important de détenus inuit ont contracté le virus, comparativement à leur représentation dans la population carcérale ».

Ils constituent ainsi près de 5 % des cas de COVID-19 recensés dans les établissements correctionnels fédéraux*, alors qu’ils représentent en réalité moins de 1 % de la population carcérale.

La majorité des Inuit ayant été déclarés positifs au nouveau coronavirus se trouvent dans un pénitencier du Québec en particulier, indique l’enquêteur correctionnel du Canada, mais le nom de cet établissement n’est pas précisé dans le rapport.

Les raisons pouvant expliquer cette surreprésentation des cas chez les détenus inuit ne figurent pas non plus dans le rapport de M. Zinger.

Plus largement, 21,5 % des détenus ayant attrapé la COVID-19 dans les prisons fédérales sont soit issus des Premières Nations, soit Inuit ou Métis, selon les données du bureau de l’enquêteur correctionnel du Canada.

Dans son rapport « Le point sur la COVID-19 pour les services correctionnels fédéraux », l’enquêteur correctionnel du Canada, Ivan Zinger, note qu’environ 2,7 % de tous les détenus des établissements canadiens ont contracté le virus. (Bureau de l’enquêteur correctionnel du Canada)

C’est par ailleurs au Québec que le plus grand nombre de cas de COVID-19 chez les détenus a été dénombré, soit 64,2 %. Des cinq établissements où l’on juge que l’éclosion est encore à ce jour contenue, trois se trouvent dans la province : l’Établissement pour femmes de Joliette, l’Établissement de Port-Cartier et le Centre fédéral de formation, situé à Laval.

Les deux autres pénitenciers identifiés par M. Zinger sont l’Établissement de Mission, en Colombie-Britannique, et l’Établissement pour femmes Grand Valley, en Ontario.

Pour l’heure, un seul détenu est toujours infecté à la COVID-19. Au total, ce sont 360 personnes qui ont été déclarées positives, soit environ 2,7 % de la population carcérale dans les établissements fédéraux, qui est évaluée à 13 245 détenus. Les autorités ont procédé à 1300 tests de dépistage.

Les cas d’infection auprès du personnel travaillant dans les centres correctionnels du Canada ne sont pas divulgués.

À ce jour, deux détenus sont morts des suites de la maladie; l’un purgeait sa peine à l’établissement à sécurité moyenne de Mission; l’autre se trouvait au Centre fédéral de formation de Laval.

Comme la situation s’est stabilisée depuis la fin avril, l’heure est venue d’assouplir certaines mesures de confinement mises en place dans les établissements carcéraux, ajoute M. Zinger.

En vue d’une deuxième vague, l’enquêteur correctionnel recommande toutefois aux établissements les plus touchés par la crise de la COVID-19 de mener d’ici septembre une étude épidémiologique afin de comprendre pourquoi des éclosions sont survenues.

M. Zinger va lui-même se déplacer, lorsqu’il « sera sécuritaire de le faire », afin de « procéder à des inspections courtes, mais ciblées, des établissements dans les régions de l’Ontario et du Québec ».

* L’enquêteur correctionnel du Canada se base sur 344 des 360 cas recensés par Service correctionnel du Canada pour dresser le profil démographique des détenus qui ont attrapé la COVID-19, peut-on lire dans le rapport. Il ne précise toutefois pas pourquoi son analyse ne comprend pas la totalité des détenus contaminés.

Valérie Boisclair, Radio-Canada

Journaliste à Radio-Canada Info

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